NOËL (Nouel), JACQUES, neveu de Jacques Cartier et frère d’Étienne Noël, explorateur et traiteur, baptisé le 30 mai 1519 à Saint-Malo, France, fils de Jean Noël et de Jeanne Cartier (sœur de Jacques).

Deux neveux de Jacques Cartier ont participé à l’exploration du Saint-Laurent : Étienne et Jacques Noël. Étienne aurait été du voyage de 1535, si l’on peut se fier au rôle provisoire du 31 mars 1535 ; il était, en tout cas, du voyage de 1541. Arrivé le 23 août, il repart pour la France dès le 2 septembre, avec Macé Jalobert, l’un et l’autre qualifiés d’excellents pilotes par la Relation.

Jacques Noël, même si certains historiens le présentent comme un petit-neveu de Cartier et le font naître en 1551 (ce qui est beaucoup trop tard), était un neveu du célèbre Malouin, comme l’affirme son acte de baptême. Possesseur d’une carte marine de Cartier et auteur lui-même d’un tracé, Jacques Noël connaissait bien le Canada pour y être venu au moins en 1585 : il avait vu les ruines des forts de son oncle, s’était rendu jusqu’aux rapides d’Hochelaga (Montréal) et était monté sur le mont Royal pour essayer de percer le mystère de l’horizon. En ce voyage, il avait emmené en France une personne des Premières Nations qui, par la suite, retourna dans son pays.

En 1587, les deux fils de Jacques Noël, Jean et Michel, viennent dans le Saint-Laurent où ils perdent quatre pataches, au cours d’une bataille entre traiteurs concurrents.

C’est à la suite de cette expédition que Jacques Noël demande le monopole des mines et pelleteries ; il était alors associé à Étienne Chaton de La Jannaye, capitaine de la marine qui s’était distingué à La Rochelle et en Bretagne, mais n’était jamais venu au Canada. Prétextant que Cartier lui a recommandé la « continuation de son entreprinse », Noël fait valoir son expérience passée et s’engage, si on le favorise, à bâtir des forts et à peupler le pays. Henri III, en accordant le monopole le 12 janvier 1588, déclare que la commission délivrée à Cartier le 17 octobre 1540 aura le même effet que si Noël et La Jannaye y étaient nommés ; il permet qu’on leur remette chaque année 60 prisonniers pour le Canada.

Dès le mois suivant, les bourgeois de Saint-Malo, puis les États de Bretagne, se dressent contre ce privilège : pour eux, La Jannaye ne peut aucunement se réclamer de Cartier ; quant à Noël, disent-ils, il exagère son rôle antérieur ; il n’est l’héritier de Cartier qu’en « bien petite portion » et le pays n’est « aucunement fertille » ; enfin, les bourgeois préfèrent ne pas demander le monopole pour eux-mêmes, car il leur faudrait construire et entretenir des forts. Les Malouins de 1588 veulent profiter du Saint-Laurent sans les charges de la colonisation.

Henri III, toutefois, revint sur sa décision. Le 9 juillet, il ne restait plus à Noël et La Jannaye que le privilège des mines qu’ils découvriraient. Ils se désistèrent. Ce fut la dernière intervention de la famille de Cartier sur le Saint-Laurent. Cette dispute de 1588 était, par ailleurs, le premier épisode d’un conflit qui opposera longtemps partisans du commerce et partisans de la colonisation. Pour la première fois se posait le dilemme historique : colonisation soutenue par un monopole exclusif, ou liberté de commerce et point de colonie. En 1588, les partisans du commerce l’emportèrent et le projet de colonisation mis de l’avant par le neveu de Cartier n’eut pas de suite.

Marcel Trudel

Biggar, Documents relating to Cartier and Roberval, 53–56.— Jacques Cartier, documents nouveaux, éd. F. Joüon Des Longrais (Paris, 1888), 131, 145–148, 152–158, 160.— Alfred Ramé, Documents inédits sur le Canada (Paris, 1865), 24–51.— Voyages of Cartier (Biggar), 251–253 ; App. VI ; 313s.— N.-E. Dionne, La Nouvelle-France de Cartier à Champlain, 1540–1603 (Québec, 1891), 124s.

Bibliographie de la version révisée :
Arch. départementales, Ille-et-Vilaine (Rennes, France), « Reg. paroissiaux et état civil », Saint-Malo, 30 mai 1519 : archives-en-ligne.ille-et-vilaine.fr/thot_internet/FrmSommaireFrame.asp (consulté le 15 nov. 2018).

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Marcel Trudel, « NOËL (Nouel), JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/noel_jacques_1F.html.

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Auteur de l'article:    Marcel Trudel
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2019
Date de consultation:    22 nov. 2024