MILLIER, HILAIRE, prêtre catholique, né à Contrecœur, Bas-Canada, le 26 février 1823, fils de Jean-Baptiste Millier, cultivateur, et de Thérèse Labossière, décédé à Saint-Hyacinthe, Québec, le 13 août 1889.
Hilaire Millier fit ses études classiques et théologiques au séminaire de Saint-Hyacinthe, où, après son ordination sacerdotale le 9 février 1851, il enseigna la philosophie pendant plus de quatre ans. Le ministère paroissial l’occupa ensuite jusqu’à sa retraite en 1885. D’abord missionnaire à Stanstead, de septembre 1855 à septembre 1856, il fut pendant quatre ans curé de Saint-Hilaire, puis de Saint-Athanase, à Iberville, de 1860 à 1861, avant d’être nommé à Sorel le 11 septembre 1861.
À son arrivée à Sorel, l’abbé Millier s’employa à mener à terme la construction d’un hôpital général, œuvre déjà amorcée par son prédécesseur Joseph-Magloire Limoges. Les Sœurs de la Charité de l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe assumèrent la direction de cet hôpital à compter de son inauguration le 22 octobre 1862. Il dota également les Dames de la Congrégation de Notre-Dame d’un magnifique couvent. L’œuvre de sa vie fut toutefois la fondation du petit séminaire ou collège classique de Sorel. L’idée de bâtir ce collège remontait à 1853 et était, à l’origine, l’initiative d’un comité de laïques. L’évêque de Saint-Hyacinthe, Mgr Charles La Rocque*, se montra d’abord réticent devant ce projet qui, selon lui, nuirait aux collèges déjà existants dans le diocèse ; ce n’est qu’en 1868 qu’il en admit l’importance et chargea l’abbé Millier de le réaliser. Le prélat voulait tenir les citoyens à l’écart de cette réalisation : « cette œuvre, écrivait-il le 20 février 1868, doit être une œuvre censée toute ecclésiastique, et qui soit l’œuvre du Curé et non pas des citoyens de Sorel, quelque braves gens qu’il puissent être ». Outre le cours classique, le collège avait reçu pour mission d’organiser un cours industriel pour les jeunes se destinant à une carrière dans le commerce ou l’industrie. Le collège allait toutefois être dirigé par des commissaires d’écoles dès son ouverture, en septembre 1868, jusqu’en 1870, année où il passa sous l’autorité de la corporation épiscopale catholique romaine de Saint-Hyacinthe.
À l’occasion des disputes qui opposèrent Mgr La Rocque à un groupe de libéraux de Saint-Hyacinthe [V. Charles La Rocque], l’abbé Millier offrit à l’évêque l’hospitalité de sa ville ; il se déclarait adversaire résolu « des idées irréligieuses et impies » qui paraissaient dominer la petite ville épiscopale. « Vu ces circonstances, écrivait-il le 6 février 1868, permettez, Monseigneur, que je vous suggère Sorel comme étant un lieu où Votre Grandeur, du moins je l’espère, sera plus à l’aise, parce qu’elle respirera dans une atmosphère plus catholique. J’ose affirmer Monseigneur, qu’il n’y a pas ici cette science voltairienne dont semble se glorifier la ville de Saint-Hyacinthe et sur laquelle la religion et l’épiscopat pleurent. »
En 1869, le curé Millier demanda à son évêque de le mettre à la retraite pour des raisons de santé. Une requête des habitants de Sorel en sa faveur et les supplications de Mgr La Rocque l’amenèrent à réviser sa position. En 1874, de nouvelles infirmités le forcèrent à demander une charge moins lourde. La paisible cure de Saint-Mathieu, à Belœil, lui échut finalement en 1875 ; l’assistance d’un vicaire le dégagea des tâches les plus ardues. Il eut toutefois à convaincre ses ouailles de la nécessité de rénover l’église paroissiale. Après un ministère de dix ans à Saint-Mathieu, il se retira au couvent des Sœurs de Saint-Joseph à Saint-Hyacinthe où il exerça les fonctions d’aumônier. Il y mourut le 13 août 1889.
Attentif aux vues de ses supérieurs, Hilaire Millier reçut de Mgr Charles La Rocque les titres de conseiller diocésain en 1866 et de vicaire général en 1868. En 1875, le nouvel évêque du diocèse, Mgr Louis-Zéphirin Moreau*, le maintint dans ses fonctions et le fit chanoine de la cathédrale en 1877. Comme homme d’Église il n’a peut-être pas laissé de traces profondes, mais son action nous permet d’admirer, à l’instar de l’abbé Azarie Couillard-Després, « sa belle intelligence, son zèle pastoral [...] et son talent d’administrateur ».
Arch. de la chancellerie de l’évêché de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, Québec), XVII, C-54, 1884 ; C-66, 1868–1869, 1874 ; Cahier hors série, Isidore Desnoyers, « Monographie de la paroisse Saint-Pierre-de-Sorel », 177ss ; « Notice biographique sur les missionnaires et les curés de Sorel », 33s. ; Reg. des lettres des évêques, sér. I, 5 : 380.— AP, Sainte-Trinité (Contrecœur), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 1823.— Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 15 août 1889.— Le Sorelois (Sorel, Québec), 16 août 1889.— C.-P. Choquette, Histoire du séminaire de Saint-Hyacinthe depuis sa fondation jusqu’à nos jours (2 vol., Montréal, 1911–1912), I.— Azarie Couillard-Després, Histoire de Sorel de ses origines à nos jours (Montréal, 1926), 207–222.
Réal Boucher, « MILLIER, HILAIRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/millier_hilaire_11F.html.
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Auteur de l'article: | Réal Boucher |
Titre de l'article: | MILLIER, HILAIRE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |