MILLAR, JAMES, homme d’affaires, officier de milice, juge de paix et fonctionnaire, né vers 1782 à Riccarton, Écosse ; le 27 février 1838, il épousa à Montréal Eleanor Catherine Gibb, la cadette des filles de Benaiah Gibb* ; décédé le 27 juillet 1838 au même endroit.
En 1807, James Millar était établi à Montréal à titre de marchand ; il était associé à Alexander Parlane sous la raison sociale de Millar, Parlane and Company. Comme il n’avait que 25 ans à l’époque, on peut penser qu’il appartenait à une famille prospère. Son entreprise importait et vendait en gros des tissus fins et des articles de luxe. En 1816, elle se classait parmi les plus importantes sociétés importatrices de Montréal. Sa réussite reflète la prospérité de la bourgeoisie montréalaise, puisque ses clients, des marchands-tailleurs comme la Gibb and Company (exploitée par Benaiah Gibb jusqu’en 1815), habillaient l’élite politique et économique de la ville. La Millar, Parlane and Company, comme d’autres, grandit et se diversifia en fonction de l’économie du Haut et du Bas-Canada. En 1818, elle exportait beaucoup de bois, de farine et de cendres, et ses importations étaient plus variées. En 1820, Alexander Parlane vivait à Liverpool, où il représenta la compagnie jusqu’à sa dissolution en 1824.
Millar et un autre de ses associés, William Edmonstone, formèrent sans tarder une nouvelle société, qu’ils exploitèrent d’abord sous leur ancienne raison sociale, puis rebaptisèrent la Millar, Edmonstone and Company en 1835. Hugh Allan* s’associa avec eux la même année, après s’être joint à l’entreprise à titre de commissionnaire en 1831. La compagnie était en 1837 l’un des trois principaux importateurs généraux de Montréal ; elle reçut cette année-là les cargaisons de 12 bateaux. Millar fut peut-être armateur, mais aucune de ses entreprises ne posséda de navires avant que la Millar, Edmonstone and Company n’acquière en 1836 le Thistle, un trois-mâts barque de 214 tonneaux. Par la suite, sous l’influence d’Allan, l’entreprise se transforma rapidement en compagnie de transport maritime.
Comme bien des marchands de son temps, Millar s’occupa d’opérations bancaires. De juin à novembre 1825, il fut membre du conseil d’administration de la Banque de Montréal. Il appuya George Moffatt* et les jeunes administrateurs dans leur lutte victorieuse contre le président Samuel Gerrard* au sujet de la politique de prêt. Millar et Moffatt collaborèrent également en 1831 : on les chargea alors, avec Benjamin Hart*, de gérer l’actif de la faillite de John Spragg, l’un des associés de la Spragg and Hutchinson. En 1836, on désigna Millar comme administrateur par intérim de la succursale montréalaise de la Banque de l’Amérique septentrionale britannique. Il se peut également qu’il ait été administrateur de la Banque d’épargne de Montréal et de la Montreal Insurance Company.
Personnalité du milieu montréalais des affaires, Millar se vit confier maintes charges : les unes étaient honorifiques, les autres comportaient de véritables responsabilités et dénotaient à la fois ses champs d’intérêt et les besoins des gens d’affaires. Comme beaucoup de ses pairs, il fut juge de paix (de 1821 à 1837). En 1820, il devint enseigne et, un an plus tard, lieutenant dans le 1er bataillon de milice de Montréal. Il s’acquitta de ses responsabilités de citoyen de différentes façons : membre du conseil d’administration du Montreal General Hospital, syndic de la Maison d’industrie à compter de 1827 et président des élections municipales dans le quartier Sainte-Marie en 1833. Il défendit les intérêts du monde des affaires au sein du comité formé en 1821 « pour obtenir des mesures d’aide pour l’agriculture et le commerce du pays » [V. John Richardson*], au Bureau des mesureurs de bois à partir de 1823 et au comité chargé de choisir l’emplacement de la nouvelle maison des douanes en 1834. À partir de 1831, il fut commissaire de la voirie et des ponts pour les cantons de Wickham et de Grantham, où il possédait des terres.
Membre de la seconde génération de marchands montréalais après la Conquête, James Millar ne toucha pas à la traite des fourrures ; la réussite des entreprises qu’il lança repose plutôt sur le commerce de nouveaux produits de base et sur la demande croissante de biens de consommation dans le Haut et le Bas-Canada. Jedediah Hubbell Dorwin*, qui avait connu la Millar, Parlane and Company dans sa jeunesse, la comparait vers 1866 aux maisons qui dominaient le commerce de détail à Montréal dans les années 1860, « les Benjamin et les Mussen, ou les derniers Morgan ». Bien que prospère, Millar fut cependant à son époque un marchand de second plan et n’eut pas le poids économique ni politique d’un George Moffatt ou d’un Peter McGill*.
Il ne faut pas confondre James Millar avec deux de ses concitoyens. Le premier, un homonyme, était un franc-tenancier anglais ; le second, James Morton Millar, était un marchand écossais presbytérien marié à la sœur d’Eleanor Catherine Gibb, la femme du sujet. L’auteur tient à remercier pour son aide Paulette M. Chiasson du Dictionnaire biographique du Canada. [p. d.]
APC, MG 24, D84 : 21–22, 27–48 ; MG 30, D1, 21 : 683 ; RG 68, General index, 1651–1841.— Musée McCord, J. H. Dorwin, « Antiquarian autographs », 18 ; M21411, nos 260, 489.— La Gazette de Québec, 27 nov. 1817, 24 mai, 27 août 1821, 3 mai 1824.— Montreal Gazette, 1er mars, 28 juill. 1838.— Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church.— Denison, Canada’s first bank.— Tulchinsky, River barons.
Peter Deslauriers, « MILLAR, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/millar_james_7F.html.
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Auteur de l'article: | Peter Deslauriers |
Titre de l'article: | MILLAR, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |