MERRICK, JOHN, artisan, marchand et architecte, né vers 1756 à Halifax, troisième fils de William Merrick et d’Ann Green ; le 25 août 1779, il épousa dans sa ville natale Sarah Boyer (Bayer), et ils eurent un fils qui mourut en bas âge ; décédé le 4 juin 1829 à Horton, Nouvelle-Écosse.

John Merrick fit probablement son apprentissage à la firme de son père, la Merrick and Son, dans les années 1770. Vers 1795, il comptait déjà parmi les trois maîtres peintres de Halifax et avait exécuté des contrats de peinture et de vernissage pour le gouvernement provincial. Il devait continuer de participer à de grands ouvrages de construction pendant les trois décennies suivantes. Il effectua aussi des travaux de peinture et de vernissage au chantier de la marine royale à Halifax au moins de 1802 à 1812, et vendit des fournitures à l’armée pour les travaux de construction qu’elle fit dans la ville durant la guerre. De plus, il offrait aux particuliers du matériel de peinture et de vernissage ainsi que des services de « peinture, dorure, émaillage, vernissage d’enseignes, de maisons, de voitures et d’ornement ». Peut-être parce que ses contrats avec le gouvernement impérial lui assuraient suffisamment de lettres de change pour payer ses fournisseurs britanniques, Merrick n’était pas obligé de vendre une vaste gamme de marchandises, contrairement à tant d’autres marchands haligoniens durant la période napoléonienne. En 1815, il s’associa à ses neveux Henry Boyer et William Parsons Merrick, un orphelin qu’il avait élevé, et fonda la John Merrick and Company. En 1821, à l’âge de 65 ans, il quitta l’entreprise et se retira à la campagne, à Horton.

Même si Merrick accéda à une notoriété exceptionnelle pour un artisan, son ascension n’est probablement pas due à son métier de peintre vernisseur. Dans les années 1780, il avait commencé à s’intéresser aux affaires municipales et était devenu un membre actif de la congrégation presbytérienne St Matthew, peut-être grâce à l’influence de John Fillis*. En 1806, il devint l’un des trois commissaires chargés par le Parlement de construire le palais de justice du comté ; cinq ans plus tard, il se voyait confier une responsabilité semblable dans la construction de Province House, édifice qui devait, dès son achèvement en 1820, abriter le Parlement et les cours de justice. D’autres indices témoignent de l’importance de Merrick : il signa plusieurs pétitions de citoyens, contribua à des fonds de charité et siégea au conseil d’administration de la Philanthropic Society for Relief of Debtors en 1812, de la Halifax Fire Insurance Company en 1819–1820 et de la Royal Acadian Society en 1821. Même s’il ne fut jamais magistrat ni officier de milice, il adopta la tradition de la gentry haligonienne en faisant peindre son portrait à l’huile par Robert Field*.

Merrick doit sa renommée à la part qu’il prit dans la conception de Province House, qu’un auteur moderne a qualifié du « plus bel exemple d’architecture Palladienne qui se puisse trouver au Canada ». Dès 1809, son nom figurait parmi les « personnes aptes [...] à dresser les plans et à établir le devis d’un édifice convenable ». Quand le Parlement approuva un plan et une élévation de l’immeuble en 1811, il accepta sans aucun doute les dessins que Merrick lui présenta et les reçut comme étant de sa main. Néanmoins, la paternité de l’édifice est difficile à déterminer. Si Merrick dessina vraiment les plans de Province House, il est curieux qu’aucun autre immeuble ne lui ait été attribué. La tradition associe son nom à l’église St George’s Round, bâtiment de style palladien également situé à Halifax [V. George Wright*] ais ne le considère pas en général comme le dessinateur. Plusieurs résidences du même style furent aussi construites à l’époque napoléonienne pour des membres de l’administration publique et de la gentry néo-écossaise, mais le nom de Merrick n’est associé à aucune d’entre elles. Enfin, des commentateurs aussi différents que Thomas Beamish Akins*, Archibald McKellar MacMechan* et Arthur W. Wallace se sont demandé si Merrick n’aurait pas plutôt obtenu que dressé les plans de Province House, ce qui n’est pas impossible, puisqu’en 1798–1799, un comité de la chambre d’Assemblée acheta à Londres des « plans, coupes, etc., pour l’édifice du Parlement et la résidence du gouverneur ». Quoi qu’il en soit, apparemment pour des raisons de dimensions, les législateurs préférèrent en 1811 les ébauches présentées par Merrick aux plans de Richard Scott. Ce constructeur d’origine écossaise et de bonne réputation fut cependant chargé de diriger le chantier de Province House. Par la suite, c’est lui qui fut identifié comme architecte sur la pierre angulaire et dans la presse du vivant de Merrick qui, semble-t-il, n’éleva jamais la moindre protestation.

John Merrick était peut-être un architecte « né » qui sut adapter de nombreux dessins d’inspiration palladienne qui étaient très répandus à son époque pour dresser les plans de Province House et peut-être aussi, mais de façon anonyme, d’autres édifices palladiens de la Nouvelle-Écosse. Il se peut aussi qu’il se soit plutôt procuré les plans de Province House par l’entremise de ses relations dans l’armée et la marine britanniques ou par l’intermédiaire du prince Edward* Augustus. Les deux hypothèses supposent chez lui des talents qui contribueraient à expliquer son ascension sociale après 1800 et l’association de son nom à des édifices de Halifax.

Susan Buggey

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Susan Buggey, « MERRICK, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/merrick_john_6F.html.

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