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MENTEN, MAUD LEONORA (prénommée Maud à la naissance, elle ajouta le prénom Lenora vers 1900, qu’elle épela plus tard Leonora), éducatrice, chercheuse scientifique, biochimiste et pathologiste, née le 20 mars 1879 dans le comté de Lambton, Ontario, fille de Charles William Menten et d’Emma Trusler ; décédée célibataire le 17 juillet 1960 à Leamington, Ontario, et inhumée à Chilliwack, Colombie-Britannique.

La famille de Maud Leonora Menten s’installa en 1889 dans la petite communauté de Harrison River (Harrison Mills), en Colombie-Britannique, où son père travailla comme pilote de bateaux et maître de poste. Sa mère, qui exploitait le magasin général et l’hôtel, donna probablement des leçons à Maud et à son jeune frère jusqu’à l’ouverture, en 1892, d’une école d’une seule pièce dans la lointaine région de Fairfield Island (Chilliwack). Maud, qui devait se rendre chaque jour en classe en canot et à dos de poney, grandit entourée de compagnons de jeu blancs et autochtones, et apprit à parler le pidgin chinook [V. Jean-Marie-Raphaël Le Jeune*]. Elle commença ses études secondaires à Chilliwack en septembre 1894, reçut son diplôme en 1897 et enseigna durant trois ans dans une petite école rurale de la localité voisine de Camp Slough. Elle s’inscrivit ensuite au University College de la University of Toronto, qui lui décerna, en 1904, une licence ès arts avec distinction en sciences naturelles et en anglais. Au cours de ses études de licence en médecine, elle fut pendant deux ans l’aide-préparatrice de physiologie du professeur Archibald Byron Macallum*, avec qui elle publia un article sur la distribution des chlorures dans les cellules et les fibres nerveuses dans les Proceedings de la Royal Society de Londres en 1906. Dans ce laboratoire, Mlle Menten mena ses propres recherches sur la distribution du gras, des chlorures, des phosphates, du potassium et du fer dans le muscle strié, en vue du premier article qu’elle rédigerait seule et qui paraîtrait quatre ans plus tard.

Licenciée en médecine en 1907, Mlle Menten décrocha un poste au Rockefeller Institute for Medical Research, à New York. En 1910, l’institut publia son premier ouvrage, constitué d’une série de monographies des pathologistes Simon Flexner et James W. Jobling, ainsi que d’un texte de Mlle Menten sur l’effet du bromure de radium sur une tumeur de rat greffable. Après un bref internat à la New York Infirmary for Women and Children, Mlle Menten travailla dans le laboratoire du chirurgien étatsunien George Washington Crile à la Western Reserve University de Cleveland, dans l’Ohio, puis retourna à Toronto et obtint, en 1911, un doctorat en médecine. L’année suivante, elle se rendit à Berlin pour travailler avec le biochimiste allemand Leonor Michaelis. En 1913, ils publièrent, dans la revue Biochemische Zeitschrift (Journal de biochimie), leur célèbre article sur ce qu’on appellerait l’équation de Michaelis-Menten. Cette formule, qui permet de décrire mathématiquement le rapport entre la réaction catalysée par une enzyme et la concentration du substrat sur lequel cette enzyme agit, ferait encore partie de la formation de base essentielle des biochimistes au début du xxie siècle.

Entre 1914 et 1916, Mlle Menten poursuivit ses recherches à Cleveland, mena des études sur le cancer au Barnard Free Skin and Cancer Hospital à St Louis, au Missouri, et obtint un doctorat en biochimie de la University of Chicago. Elle passerait les 34 années suivantes à Pittsburgh, en Pennsylvanie, où elle se joignit au personnel de l’Elizabeth Steel Magee Hospital et fut nommée, en 1918, préparatrice à temps plein au département de pathologie de la University of Pittsburgh School of Medicine. Elle devint professeure adjointe en 1923, professeure agrégée en 1925 et professeure titulaire en 1949. De 1926 jusqu’à sa retraite de l’université, en 1950, elle fut également pathologiste au Children’s Hospital of Pittsburgh.

Mlle Menten, qui avait la réputation de travailler 18 heures par jour, sut concilier un horaire d’enseignement chargé avec ses recherches sur la pathologie et l’histochimie de divers organes dans des conditions normales et anormales. Elle étudia les tumeurs et un large éventail de maladies infantiles comme la scarlatine, la pneumonie, la fibrose kystique et la méningite, ainsi que les toxines bactériennes et l’action thérapeutique de certains agents, dont les sulfamides. Plus de 90 publications s’ensuivirent ; elle fut membre active d’au moins huit sociétés médicales et scientifiques, dont l’American College of Physicians, le College of American Pathologists et l’American Physiological Society.

Les recherches que Mlle Menten et ses collègues effectuèrent à Pittsburgh parvinrent à plusieurs résultats remarquables. En 1925, ils découvrirent l’effet hyperglycémiant des toxines des salmonelles et, neuf ans plus tard, leurs études sur la vitamine C exposèrent en détail les changements pathologiques dans les organes de cobayes scorbutiques. En 1944, ils mirent au point une technique pour produire une réaction histochimique de couplage des colorants azoïques pour le dosage de la phosphatase alcaline. Cet exploit, décrit dans ce qui deviendrait leur travail le plus fréquemment cité, étendit le domaine de l’histochimie. Anthony Guy Everson Pearse, éminent histochimiste anglais, le qualifierait de « trait de génie ». La même année, l’équipe fut la première à utiliser l’électrophorèse pour examiner l’hémoglobine de l’adulte et du fœtus ; ces travaux novateurs obtinrent cependant assez peu de reconnaissance.

Les talents de Mlle Menten ne se limitaient pas à la science. Peintre accomplie, elle présenta ses paysages à l’huile et ses natures mortes dans des expositions artistiques. Elle jouait de la clarinette. Elle parlait allemand, français, italien et russe, en plus du pidgin appris pendant son enfance. Elle aimait les activités de plein air comme le camping et l’alpinisme, et s’intéressait à l’astronomie. En 1979, sa nièce Dorothy E. Craig dirait d’elle : « [Elle] était une merveilleuse compagne – énergique, infatigable, impatiente de tout faire et voir. Elle se faisait des amis partout où elle allait […] Elle tentait de nous transmettre son goût de l’indépendance et sa joie de vivre. Ni l’âge ni le sexe n’étaient des barrières. Le désir de réussir était une motivation suffisante. Elle était vraiment en avance sur son temps. » Les collègues de Mlle Menten à Pittsburgh la jugeaient difficile à satisfaire et exigeante, mais ils la décrivaient aussi comme « une enseignante inspirante qui incitait les étudiants en médecine, les médecins résidents et les associés de recherche à faire de leur mieux ». Modeste, elle avait des manières dignes, que son humour pince-sans-rire atténuait parfois.

Après son départ de Pittsburgh, en 1950, Maud Leonora Menten entreprit des recherches sur le cancer au British Columbia Medical Research Institute, à Vancouver, jusqu’à ce qu’une arthrite sévère la force à prendre sa retraite quatre ans plus tard. Elle demeura ensuite à Leamington, où des parents s’occupèrent d’elle jusqu’à son décès, le 17 juillet 1960. Dans sa notice nécrologique parue dans Nature, ses anciens collègues de Pittsburgh soulignèrent « ses efforts inlassables en faveur des enfants malades ». On commémora sa vie et ses réalisations de plusieurs façons. En 1979, la Fondation du patrimoine ontarien installa une plaque en son honneur en face du Medical Sciences Building de la University of Toronto et, en 2006, on dévoila une sculpture de Mlle Menten dans le hall principal du Terrence Donnelly Centre for Cellular and Biomolecular Research de l’université. Selon l’inscription, elle figure, avec sir Frederick Grant Banting* et Charles Herbert Best*, parmi les dix personnes remarquables de la science biomédicale à avoir commencé leur carrière ou établi leur réputation à l’université. Un an plus tard, le département de biochimie de la University of Western Ontario inaugura la Maud L. Menten Memorial Lecture Series, tenue annuellement. À la University of Pittsburgh, la Pathology Education and Research Foundation créa l’Annual Maud L. Menten Lecture en 1982 et, six ans après, avec l’aide de diplômés, le Maud L. Menten Professorship in Experimental Pathology. Elle fut intronisée au Temple de la renommée médicale canadienne en 1998.

Marian A. Packham

Maud Leonora Menten est l’auteure ou la coauteure de plus de 90 publications. La liste suivante présente son premier article, son dernier, ainsi que ses plus importants : « On the distribution of chlorides in nerve cells and fibres », Royal Soc., Proc. (Londres), sér. B, 77 (janvier–juin 1906) : 165–193 ; « The distribution of fat, chlorides, phosphates, potassium and iron in striated muscle », Canadian Instit., Trans. (Toronto), 8 (1910) : 403–421 ; « Experiments on the influence of radium bromide on a carcinomatous tumor of the rat », Monographs on Medical and Allied Subjects (New York), n1 (30 juin 1910) : 73–80 ; « Die Kinetik der Invertinwirkung » [la Cinétique de l’action de l’invertase], Biochemische Zeitschrift [Journal de biochimie] (Berlin), 49 (1913) : 333–369 ; « The action of adrenalin on the blood », American Journal of Physiology (Bethesda, Md), 44 (août–novembre 1917) : 176–195 ; « Relationship of enteritidis-paratyphoid B infections to hyperglycemia in rabbits », Journal of Infectious Diseases (Chicago), 37 (1925) : 400–410 ; « Pathologic changes in the organs of scorbutic guinea pigs », Soc. for Experimental Biology and Medicine, Proc. (Baltimore, Md), 31 (octobre 1933–juin 1934) : 455–460 ; « A coupling histochemical azo dye test for alkaline phosphatase in the kidney », Journal of Biological Chemistry (Bethesda), 153 (avril–mai 1944) : 471–477 ; « Sedimentation constants and electrophoretic mobilities of adult and fetal carbonylhemoglobin », Journal of Biological Chemistry, 153 : 301–305 ; et « Changes in nucleic acids of cells of mouse mammary carcinoma following exposure to X-ray of low dosage », Experimental Cell Research (New York), 7 (1954) : 83–94. La bibliographie des publications de Maud Leonora Menten se trouve dans son dossier conservé au DCB.

Arch. of Ontario (Toronto), RG 80-2-0-128, no 12775.— Arch. privées, M. A. Packham (Toronto), communication personnelle avec J. R. Barberie, petit-neveu de M. L. Menten ; communication personnelle avec Dr Lynn Weir, Dept. of Biochemistry, Western Univ.— Univ. of Toronto Arch. and Records Management Services, A1973-0026/318 (11a) ; A2003-0005/118.— Leamington Post and News (Leamington, Ontario), 21 juill. 1960.— K. A. Johnson et R. S. Goody, « The original Michaelis constant : translation of the 1913 Michaelis-Menten paper », Biochemistry (Washington), 50 (2011) : 8264–8269.— « The Menten plaque », Soc. canadienne de biochimie, Bull. ([Québec]), 16 (1979), no 2 : 27–31.— A. G. E. Pearse, Histochemistry, theoretical and applied (Londres, 1953).— Rebecca Skloot, « Some called her Miss Menten », Pittmed (Pittsburgh, Pa), 2 (2000), n4 : 18–21.— Daphne Sleigh, The people of the Harrison (Deroche, C.-B., 1990).— A. H. Stock et A.-M. Carpenter, « Prof. Maud Menten », Nature (Londres), 25 mars 1961 : 965.— Temple de la renommée médicale canadienne, « Maud L. Menten md » : www.cdnmedhall.org/fr/inductees/maudmenten (consulté le 2 mars 2020).— Torontonensis (Toronto), 1907 : 174.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Marian A. Packham, « MENTEN, MAUD LEONORA (Maud, Lenora, Leonora) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 18, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/menten_maud_leonora_18F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/menten_maud_leonora_18F.html
Auteur de l'article:    Marian A. Packham
Titre de l'article:    MENTEN, MAUD LEONORA (Maud, Lenora, Leonora)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 18
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2021
Année de la révision:    2021
Date de consultation:    28 mars 2024