McLEOD (MacLeod), NORMAN, ministre presbytérien, né le 17 septembre 1780, à Point of Stoer, dans la paroisse d’Assynt, Sutherlandshire, Écosse ; il épousa, en 1812, Mary MacLeod dont il eut dix enfants ; décédé le 14 mars 1866 à Waipu, Nouvelle-Zélande.

Norman McLeod fit ses premières études à Assynt, à l’école paroissiale de l’Église d’Écosse, puis travailla comme pêcheur et cultivateur pendant quelques années. Durant cette période, il fut assailli de doutes quant à savoir quelle dénomination religieuse assurerait son salut et, finalement, prit la décision de suivre la doctrine de Calvin. À l’âge de 27 ans, il entreprit des études au King’s College de l’University of Aberdeen en vue de devenir ministre. Il reçut son diplôme en 1812, remportant la médaille d’or en morale. Il s’inscrivit ensuite à l’University of Edinburgh pour compléter ses études mais quitta l’établissement avant la fin du second semestre, ayant rompu brusquement avec l’Église établie d’Écosse, en partie parce qu’il s’opposait vivement à sa politique de patronage, c’est-à-dire le droit qu’elle se réservait de présenter quelqu’un à un bénéfice, et au manque de discipline dans les rangs de son clergé.

De 1814 à 1817, McLeod fut instituteur à Ullapool, Écosse. Durant les fréquentes absences du ministre de l’endroit, il lisait les Saintes Écritures et les commentait. McLeod, qui n’avait aucune autorisation de l’Église d’Écosse, entra vite en conflit avec le ministre, car il le critiquait vivement et ouvertement, et ses propres offices attiraient des foules nombreuses. L’école était administrée par l’Église et, après un peu plus de deux ans, McLeod perdit son poste d’instituteur. À ce moment-là, il avait déjà attiré bon nombre de sympathisants qui l’appuyaient dans sa critique de l’Église établie. Afin de subvenir aux besoins de sa famille, il reprit son métier de pêcheur et envisagea la possibilité d’émigrer. S’étant acquitté de ses dettes en juillet 1817, il s’embarqua à Loch Broom, Écosse, à destination de Pictou, Nouvelle-Écosse. Sa famille le rejoignit peu après.

Il s’établit non loin de Loch Broom, dans le comté de Pictou, où les problèmes de la vie de pionnier l’absorbèrent au début. Il continua néanmoins de prêcher avec un zèle messianique, attirant bientôt un grand nombre de disciples dont beaucoup étaient originaires de la même région d’Écosse. Incapable de se procurer suffisamment de terres pour que lui-même et ses « Normanites » – c’est ainsi qu’on désignait ses ouailles – puissent vivre tous ensemble et rebuté par le dur environnement d’une région à demi sauvage, McLeod décida d’accepter l’invitation à devenir ministre que lui avait adressée une colonie écossaise en Ohio. On construisit un bateau, qu’on baptisa « l’arche », et un petit groupe partit explorer le nouvel emplacement. Les voyageurs s’arrêtèrent en route à St Ann’s Harbour, Nouvelle-Écosse, qui leur plut au point qu’ils décidèrent de s’y établir. De retour à Pictou à l’automne de 1819, ils entreprirent des préparatifs en vue d’y amener leurs familles ; dès avril 1820, sept petits bateaux avaient été construits à Middle River. Le premier groupe arriva le 20 mai, sain et sauf en dépit des tempêtes, et, finalement, quelque 700 personnes s’affairèrent au défrichement des terres et à la construction de maisons. Ainsi naquit la colonie la plus théocratique de l’histoire de la province.

À St Ann’s, McLeod fut en mesure de mettre en valeur ses immenses talents. En plus de fonder la première église calviniste de la région, il obtint un poste de magistrat en 1823 et un poste d’instituteur autorisé en 1827, quoiqu’il eût ouvert une école dès 1822. En 1827, il fut ordonné ministre de l’Église presbytérienne par le consistoire de Geneva, dans l’état de New York. Dûment ordonné et indépendant de tout organisme presbytérien au Canada, McLeod, qui ne pouvait tolérer de contrainte de la part d’autres membres du clergé, était seul maître à St Ann’s. En plus de son traitement de maître d’école, il pouvait compter sur l’aide de chacune de ses ouailles pour le défrichage de sa terre, pour ses semences et ses récoltes, ainsi que pour la construction des maisons, bâtiments de ferme et bateaux.

La communauté grandit et prospéra graduellement semble-t-il : « sa congrégation de St Ann’s était la plus sobre, la plus morale et la plus ordonnée qui existât jamais au Cap-Breton ». McLeod dirigeait ses disciples de façon autocratique, les exhortant à la perfection morale. En sa qualité de ministre, il pouvait, le dimanche, réprimander une personne pour ivresse du haut de la chaire et, en sa qualité de magistrat, lui imposer une amende le lundi. Il alla même jusqu’à critiquer le chapeau de sa femme un dimanche, au cours d’un sermon, et il ne tardait pas à admonester quiconque lui paraissait suspect de relâchement des mœurs. Dans l’exercice de ses fonctions judiciaires, il ordonna une fois, en guise de punition, qu’on coupe le lobe de l’oreille d’un jeune garçon soupçonné de délit. Certains membres finirent par quitter sa congrégation à cause de ses manières autocratiques. Ses critiques et ses blâmes eurent même pour cible le clergé presbytérien des autres régions du Cap-Breton. Sa prédication a été décrite comme étant « un torrent d’injures n’épargnant aucun individu ou corps religieux ». Il publia, en 1843, un tract violent intitulé The present Church of Scotland, and a tint of Normanism, contending in a dialogue.

En partie par suite de la mauvaise récolte de pommes de terre et de la menace de famine qui en résulta à la fin des années 40, il envisagea d’émigrer de nouveau dans l’intérêt de ses enfants, cette fois-ci en Australie, où vivait déjà son fils aîné. Il avait tant d’emprise sur sa congrégation qu’il convainquit plus de 800 membres à le suivre. Le premier des six navires partit en octobre 1851 et le dernier en décembre 1859. Après un bref séjour en Australie, la grande majorité finit par s’établir à Waipu, en Nouvelle-Zélande, où, encore une fois, McLeod fut la personnalité religieuse dominante.

McLeod était sincère, courageux et totalement voué à sa cause, mais on ne peut pas dire qu’il avait les idées larges en matière de religion. Il mourut comme il avait vécu, en déplorant la folie de ce monde.

R. MacLean

En plus d’être déposée aux PANS, MG 1, 570C, la correspondance de Norman McLeod couvrant les années 1835 à 1851 a été publiée : [Norman McLeod], Letters of Rev. Norman McLeod, 1835–51, D. C. Harvey, édit. (Halifax, 1939) ; et il serait aussi l’auteur de The present Church of Scotland, and a tint of Normanism, contending in a dialogue ([Halifax, 1843]).

Maritime Conference Archives of the United Church of Can., Pine Hill Divinity Hall (Halifax), L. D. Currie, An epic of Cape Breton, or the story of Reverend Norman McLeod (copie dactylographiée).— PANS, MG 1, 745 (Judge George G. Patterson papers), n° 58 ; G. G. Patterson, History of Victoria County (copie dactylographiée, 1885) ; RG 1, 237, n° 117 ; RG 5, P, 84, poor relief, 10 mars 1848 ; RG 14, 5–6 (Cape Breton Island, 1803–1895).— T. C. Haliburton, An historical and statistical account of Nova-Scotia (2 vol., Halifax, 1829 ; réimpr., Belleville, Ont., 1973).— Presbyterian Witness, 11, 25 août 1866.

C. W. Dunn, Highland settler ; a portrait of the Scottish Gael in Nova Scotia ([Toronto], 1953).— Gordon Macdonald, The highlanders of Waipu, or echoes of 1745 ; a Scottish odyssey (Dunedin, N.-Z., 1928).— N. R. McKenzie, The Gael fares forth : the romantic story of Waipu and her sister settlements (Londres, 1935).— F. [McG.] McPherson, Watchman against the world : the story of Norman McLeod and his people (Londres, 1962).— John Murray, The history of the Presbyterian Church in Cape Breton (Truro, N.-É., 1921).— George Patterson, A history of the county of Pictou, Nova Scotia (Montréal, 1877) ; Memoir of the Reverend James McGregor (Édimbourg et Philadelphie, 1859).-G. G. Patterson, More studies in Nova Scotian history (Halifax, 1941).— N. C. Robinson, Lion of Scotland, being an account of Norman McLeod’s forty years’ search for a land where lie and his followers could live as they wished [...] (Londres, [1952]).— Mrs Charles Archibald, Early Scottish settlers in Cape Breton, N.S. Hist. Soc., Coll., XVIII (1914) : 69–100.— A. J. Clark, The Scottish Canadian pilgrims of the fifties, OH, XXVI (1930) : 5–15.— D. C. Harvey, Educational experiments, 1825–32, Journal of Education (Halifax), 4e sér., VI (1932) : 22–29.— M. D. Morrison, Migrations of Scotch settlers from St. Ann’s, Nova Scotia, to New Zealand, 1851–1860, N.S. Hist. Soc., Coll., XXII (1933) : 73–95.-L. M. Toward, The influence of Scottish clergy on early education in Cape Breton, N.S. Hist. Soc., Coll., XXIX (1951) : 153–177.

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R. MacLean, « McLEOD (MacLeod), NORMAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcleod_norman_9F.html.

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Titre de l'article:    McLEOD (MacLeod), NORMAN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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