McKEAN, GEORGE BURDON, officier et auteur, né le 4 juillet 1888 à Willington, comté de Durham, Angleterre, fils de James McKean, marchand de meubles, et de Jane Ann Henderson ; en 1915, il épousa Isabel Hall puis, en secondes noces, une prénommée Constance, avec qui il eut une fille ; décédé le 28 novembre 1926 à Potters Bar, Angleterre.

Ses parents étant décédés, George Burdon McKean immigra au Canada en 1902, à l’âge de 14 ans, afin de rejoindre son grand frère J. W. McKean, qui exploitait une ferme près de Lethbridge (Alberta). En 1912, après avoir travaillé quelques années dans l’élevage et l’agriculture, il s’inscrivit à l’école presbytérienne de théologie d’Edmonton, le Robertson College. L’été, il faisait des stages de missionnaire à Hardieville et à Athabasca Landing (Athabasca). De 1912 à 1914, il fut l’adjoint du ministre de l’église Robertson à Edmonton. En 1913, il organisa la première troupe scout de cette congrégation. Cependant, il n’était peut-être pas tout à fait sûr de sa vocation puisque, en s’enrôlant dans le Corps expéditionnaire canadien, il se déclara instituteur.

McKean s’enrôla à Edmonton le 23 janvier 1915 à titre de simple soldat dans le 51st Infantry Battalion. Sa petite taille – il mesurait cinq pieds six pouces et pesait 120 livres – pourrait expliquer pourquoi l’armée l’avait déjà refusé à trois reprises. Il se rendit en Grande-Bretagne à titre de sergent en avril 1916 et, après avoir été muté au 14th Infantry Battalion (le Royal Montreal Regiment), il fut envoyé en France en juin en qualité de simple soldat. Lorsqu’il remporta la médaille militaire à Bully-Grenay, non loin de Lens, il détenait le grade de caporal. On le recommanda alors pour une commission d’officier, et il l’obtint en avril 1917.

Peut-être à cause de sa taille, et de ses aptitudes, McKean était souvent appelé à s’aventurer dans un no man’s land en rampant et à faire rapport sur l’ennemi. « C’est purement par goût de l’aventure que j’étais attiré par les missions de reconnaissance », écrirait-il plus tard en ajoutant que l’attrait de ce genre de missions datait de ses années de scoutisme. Dans la nuit du 27 au 28 avril 1918, près de Gavrelle, les Canadiens affrontèrent une vive opposition ; faire intervenir l’artillerie était hors de question car les Allemands étaient trop proches de la ligne de front. Voyant que des grenades et des tirs de fusil empêchaient sa patrouille d’avancer, le lieutenant McKean décida de foncer. Revolver au poing, il plongea par-dessus une barricade de barbelés et tomba sur un soldat allemand qu’il tua d’un coup de feu. Comme un autre soldat se précipitait sur lui avec une baïonnette, il l’abattit aussi. Ses hommes le rejoignirent et prirent la tranchée d’assaut. Les Allemands, après avoir trouvé refuge dans un abri souterrain, furent achevés par une grenade de Mills. La citation qui accompagnait la croix de Victoria décernée à McKean pour cette action disait : « Par sa bravoure et sa fougue remarquables, cet officier a sans nul doute sauvé bien des vies […] À tout instant, il a fait preuve d’une autorité au-dessus de tout éloge. » En apprenant qu’il avait reçu cette décoration, Isabel McKean, qui avait épousé George Burdon McKean à la veille de son enrôlement, fut « enchantée ». À l’époque, elle était secrétaire particulière au bureau du major J. M. Carson, le registraire militaire à Calgary. McKean obtint la Croix militaire pour sa participation à un combat en septembre à Cagnicourt, où lui-même et ses éclaireurs menèrent l’avance du bataillon, envoyèrent des rapports précis sur la situation et capturèrent un « parti ennemi de plus de cent hommes ». La « conduite [de McKean] a été magnifique d’un bout à l’autre », disait la citation.

Gravement blessé au cours de cet engagement et envoyé en Angleterre pour y être soigné, McKean fut incapable de rejoindre son régiment avant la fin des hostilités. Au cours de sa convalescence, tandis qu’il était encore sous le choc, dit-on, Frederick Horsman Varley*, un des artistes de guerre du Canada, peignit son portrait. Au sujet de cette œuvre troublante, le fils du peintre, Peter, a écrit : « Dans cette représentation de McKean, Varley a saisi l’horreur tapie dans une âme brisée : rigide [et] fixe, un œil exprime un défi délirant, presque de la rage, tandis que l’autre, méfiant, cynique, cache une haine tumultueuse. » Toujours pendant sa convalescence, McKean composa pour le grand public un livre sur son expérience de la guerre, Scouting thrills, qui parut à New York en 1919. Par la suite, en s’inspirant de son séjour au Canada, il écrirait un ouvrage pour la jeunesse, Making good ; a story of North-West Canada. Ce livre publié à Londres en 1921 raconte les aventures de deux jeunes Anglais dans un ranch en Alberta.

En février 1919, après avoir reçu son congé de l’hôpital, George Burdon McKean, alors capitaine intérimaire, fut placé à la tête du Bureau of Information de la Khaki University of Canada à Londres. Ce programme éducatif mis sur pied par la Young Men’s Christian Association du Canada visait à préparer les soldats à réintégrer la vie civile. McKean quitta l’armée en juillet et s’établit ensuite près de Brighton. En 1926, au cours de l’explosion de la scierie qu’il exploitait à Cuffley, au nord de Londres, un morceau de lame lui fractura le crâne. Il mourut non loin des lieux du drame, au Potters Bar Cottage Hospital, et fut inhumé au cimetière Brighton Extra-Mural. Ses médailles et son portrait se trouvent au Musée canadien de la guerre à Ottawa.

James Ernest Nix

George Burdon McKean est l’auteur de Scouting thrills (Toronto et New York, 1919) et de Making good : a story of northwest Canada (Toronto et Londres, 1921).

AN, RG 150, Acc. 1992–93/166, dossier 436568.— General Register Office (Southport, Angleterre), Reg. of births, Willington, 4 juill. 1888.— Musée canadien de la guerre (Ottawa), dossier sur les décorations de G. B. McKean.— Beaver (Londres), 22 mars 1919.— Edmonton Journal, 29 juin 1918, 11 nov. 1996.— Lethbridge Herald (Lethbridge, Alberta), 1er déc. 1926.— Morning Bulletin (Edmonton), 1er juill. 1918.— Ottawa Citizen, 28 mars 1979.— Presbyterian and Westminster (Toronto), 18 juill. 1918.— Times (Londres), 29 juin 1918, 29 nov. 1926.— W. A. Bishop, Our bravest and best : the stories of Canada’s Victoria Cross winners (Toronto, 1995).— F. H. Varley : a centennial exhibition, Christopher Varley, compil. (Edmonton, 1981), 34.— The register of the Victoria Cross (éd. rév., Cheltenham, Angleterre, 1988).— The Royal Montreal Regiment : 14th Battalion, C.E.F., 1914–1925, R. C. Fetherstonhaugh, édit. (Montréal, 1927).— Peter Varley, Frederick H. Varley (Toronto, 1983).

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James Ernest Nix, « McKEAN, GEORGE BURDON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mckean_george_burdon_15F.html.

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Auteur de l'article:    James Ernest Nix
Titre de l'article:    McKEAN, GEORGE BURDON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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