MARTIN, JOHN WILLS, marchand, juge de paix, fonctionnaire et homme politique, né en Angleterre, probablement dans le Dorset ; le 1er avril 1827, il épousa Phoebe Couper puis, le 24 janvier 1839, Martha Taylor ; décédé après 1843.

Né vraisemblablement au début des années 1790, John Wills Martin arriva à St John’s en provenance de Poule, dans le Dorset, en 1816. On sait peu de chose sur ses premières années à Terre-Neuve, mais en 1821 il travaillait à Trinity à titre de commis de la George Garland and Company de Poule [V. George Garland*], et six ans plus tard on le muta à Twillingate. En 1828, il était le représentant du principal établissement commercial de St Mary’s, la Slade, Elson and Company, une autre société de Poule. Dans la biographie de Philip Henry Gosse*, commis de la compagnie, écrite par son propre fils, ce dernier notait qu’il n’y avait « rien de sympathique » chez Martin ; « d’un naturel suffisant et présomptueux, il aimait imposer son autorité ».

En 1830, on nomma Martin juge de paix du district sud. Peu après, il devint membre du bureau d’éducation et, en 1834, commissaire de la voirie du district. En septembre 1830, les autorités des petits villages de pêcheurs avaient reçu instructions du comité central réformiste, à St John’s, de consulter les habitants sur la création d’un Parlement terre-neuvien, but que visaient depuis longtemps des réformistes comme William Carson et Patrick Morris. C’est Martin qui présida la réunion publique tenue à St Mary’s ; il prononça le discours principal, où il annonçait fièrement sa conversion totale à l’idée du gouvernement représentatif, et compila les résolutions qu’on allait soumettre au comité central.

En 1832, Martin remporta l’un des deux sièges de la circonscription de Placentia-St Mary’s à la première chambre d’Assemblée. Le processus législatif se déroula sous le signe de la discorde, surtout entre l’Assemblée, élue, et le Conseil de Terre-Neuve, qui était nommé [V. sir Thomas John Cochrane*] ; il provoqua aussi un éveil des animosités religieuses, qui annonçait une période agitée pour la colonie. Les discours de Martin en chambre, quoique ostentatoires et verbeux, montrent qu’il avait l’étoffe d’un législateur pragmatique. Pour des raisons qui tenaient peut-être à son tempérament arbitraire et calculateur, il se révéla en outre un véhément adversaire des réformistes, et surtout de Carson, qu’il considérait comme « son ennemi le plus mortel ».

Martin présenta des projets de loi qui visaient à organiser la force policière de l’île, à construire des phares le long de ses côtes traîtresses et à créer des tribunaux des sessions générales de la paix. Il s’opposa à la rémunération des membres de l’Assemblée et, avec Charles Cozens, député de Conception Bay, à l’idée qu’une faillite devait rendre un député inapte à siéger. Il survécut d’ailleurs à une dure altercation sur sa propre éligibilité car, à titre de représentant de commerce, il n’était pas légalement le propriétaire des locaux qu’il occupait. Il soutenait avec acharnement que les députés devaient être pleinement indépendants de leurs électeurs. En outre, il appuya un projet de loi dont le but était d’augmenter le nombre de sièges à l’Assemblée. Avec Patrick Kough*, il fut l’un de ceux qui contrèrent le plus résolument les efforts que déployait Carson pour doter St John’s d’une administration municipale. En 1834, en qualité de député, il devint administrateur de la Savings Bank, fondée peu de temps auparavant à St John’s.

L’outrecuidance de Martin apparaît dans une série d’incidents notoires survenus à St Mary’s en 1834 et 1835. Lui-même, ses deux commis et un domestique étaient les seuls protestants de ce village catholique d’environ 500 habitants. Selon la déposition que Martin fit par la suite, le prêtre de l’endroit, James W. Duffy*, lui demanda tel terrain pour ériger une église. Après le refus de Martin, le prêtre et ses paroissiens prirent possession des lieux de force et commencèrent les travaux. Le marchand, sur le point d’aller siéger à l’Assemblée, à St John’s, ordonna à ses commis de ne faire aucune transaction avec Duffy. Le prêtre, s’étant vu refuser un gallon de brandy, se rendit avec ses fidèles, en janvier 1835, allégua Martin, brûler une claie à poissons que ce dernier avait construite sur une propriété naguère commune qui donnait accès à la nouvelle église. Martin intenta alors des poursuites contre Duffy et neuf autres personnes. En mai 1837, on leva toutes les accusations après que l’on eut découvert que le plaignant avait exagéré et même déformé les faits. En 1835, donc pendant cette querelle, Martin avait arbitrairement démis de ses fonctions le constable local de confession catholique, William Burke. Cinq ans plus tôt, il avait renvoyé un autre constable, Thomas Christopher, mais avait reçu l’ordre, par suite d’une requête, de le réintégrer et d’expliquer ses agissements.

Une fois son mandat terminé, en 1836, Martin ne se porta pas de nouveau candidat à l’Assemblée. On le muta alors à Carbonear, à la tête d’une succursale plus importante de la Slade, Elson and Company. La même année, il devint juge de paix du district nord. Le 30 avril 1838, les succursales terre-neuviennes de la compagnie firent l’objet d’un jugement de faillite du tribunal itinérant du district nord et Martin en devint l’un des trois syndics provisoires. Dans les mois suivants, les syndics réguliers le prirent comme représentant pour liquider l’affaire. L’annonce de la mise en vente, le 1er mai 1839, décrivait l’entreprise comme « l’un des établissements commerciaux les plus complets de Terre-Neuve ». Les créanciers reçurent des dividendes de 1839 à 1847, mais Martin quitta Carbonear au début des années 1840.

En 1843, John Wills Martin devint juge de paix à Fogo. Comme il s’agissait d’un poste subalterne dans le district terre-neuvien le plus respectueux des lois, il est probable que Martin recevait un traitement fixe et avait abandonné le commerce. Son nom ne figure pas dans les listes de nominations publiées pour l’année 1849 par le bureau du gouverneur. Il avait dû rentrer en Angleterre, car on n’a pu trouver aucune mention de son décès à Terre-Neuve.

Calvin D. Evans

MHA, Martin name file.— PRO, CO 194/94.— Dr William Carson, the great Newfoundland reformer : his life, letters and speeches ; raw material for a biography, J. R. Smallwood, compil. (St John’s, 1978), 81.— T.-N., House of Assembly, Journal, 1833–1836.— Newfoundlander, 26 janv. 1832, 7 mars 1833, 8, 27 févr., 17 mars, 10 juill., 16 oct. 1834.— Public Ledger, 26 juin 1827, 17 sept. 1830, 13 janv. 1832, 11, 15 janv. 1833, 7–14 févr., 4, 18 avril 1834, 3 mars 1835, 1er janv., 12 avril, 17, 27 mai, 13, 16 déc. 1836.— Royal Gazette and Newfoundland Advertiser, 29 oct. 1816, 11, 29 janv., 27 nov. 1832, 4–25 févr., 18, 25 mars, 1er–22 avril, 17 juin, 8, 29 juill., 21 oct. 1834, 2 juin 1835, 13, 27 déc. 1836, 8 mai, 18 sept., 13 nov., 4 déc. 1838, 7 mai, 24 sept., 17 déc. 1839, 14 juill. 1840, 29 août 1843, 14 déc. 1847.— Times and General Commercial Gazette (St John’s), 6, 20 janv. 1836, 13 févr. 1839.— E. [W.] Gosse, The life of Philip Henry Gosse, F.R.S. (Londres, 1890), 62.— Gunn, Political hist. of Nfld.— Joseph Hatton et Moses Harvey, Newfoundland, the oldest British colony ; its history, its present condition, and its prospects in the future (Londres, 1883), 101–109.— M. F. Howley, Ecclesiastical history of Newfoundland (Boston, 1888 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1979), 325–338.— Prowse, Hist. of Nfld. (1895), 427–439, 664.

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Calvin D. Evans, « MARTIN, JOHN WILLS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/martin_john_wills_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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