MARSHALL, JOSEPH, juge de paix, officier de milice, juge, homme politique et fermier, né vers 1755 à Glenkeen (Irlande du Nord), quatrième enfant de Joseph Marshall et d’une prénommée Mary (dont le nom de famille était peut-être Hagan) ; avant 1783, probablement en Géorgie, il épousa une prénommée Margaret, et ils eurent trois fils ; décédé le 3 juin 1847 à sa résidence de Guysborough, Nouvelle-Écosse.

Joseph Marshall avait 13 ans lorsque ses parents immigrèrent en Géorgie en 1769. Ils s’installèrent au bord de la rivière Ogeechee, à l’ouest de Savannah. Selon la tradition familiale, les Marshall allèrent se fixer en Floride-Occidentale, territoire britannique, lorsque la guerre d’Indépendance éclata. Avec plusieurs de ses frères, Joseph se joignit aux forces loyalistes et, en avril 1779, on le nomma lieutenant-colonel d’un régiment de milice de Géorgie. En mai 1780, il reçut sa commission de capitaine dans le Carolina King’s Rangers, troupe loyaliste formée dans les Florides mais composée principalement de Géorgiens. Les Rangers participèrent à l’âpre campagne du Sud et se replièrent finalement sur Saint Augustine (Floride), dernier retranchement méridional des Britanniques. En octobre 1783, on transporta la plupart des membres de la troupe à Halifax avec leurs familles, en même temps qu’un groupe de vétérans qui appartenaient à deux autres régiments de Caroline. Ils furent démobilisés au début de novembre et, malgré l’approche de l’hiver, on les conduisit le long de la côte est jusqu’à Country Harbour ; le printemps suivant, on y délimita le canton loyaliste de Stormont.

Quoique pittoresque, le territoire de Country Harbour s’avéra inhospitalier et réservait d’énormes difficultés aux nouveaux colons. Après quelques années, un grand nombre d’entre eux étaient partis sous d’autres cieux en quête d’une situation plus reluisante. Même s’il y avait reçu 1 100 acres de terre en concession, Marshall quitta lui aussi Country Harbour pour aller s’installer sur les rives mieux abritées de la baie Chedabucto. Il acheta des terres à l’est de Guysborough Harbour au début de 1795 et se constitua un imposant domaine qu’il nomma Glenkeen en souvenir de son lieu de naissance.

Toute sa vie, Marshall joua un rôle important dans la région de Guysborough. Nommé juge de paix en mai 1784, il siégea à titre de juge de la Cour inférieure des plaids communs de 1799 jusqu’à l’abolition de cette cour en 1841. Comme il était l’un des plus haut gradés parmi les officiers loyalistes établis à Guysborough, il reçut une commission de major de la milice du comté de Sydney en 1794, mais il ne semble pas avoir servi, par mécontentement peut-être devant la nomination de Thomas Cutler, moins expérimenté mais plus influent que lui, au titre de lieutenant-colonel. En 1808, on divisa le régiment en deux pour former le 10th (Dorchester) Battalion, dont Marshall devint le lieutenant-colonel, ainsi que le 19th (Guysborough) Battalion, qui eut comme lieutenant-colonel le fils de Cutler, Robert Molleson.

Marshall, par ailleurs, représenta la circonscription de Sydney à la chambre d’Assemblée pendant deux mandats. Il inaugurait ainsi pour sa famille une présence au Parlement qui allait durer trois générations. Élu en février 1800, trop tard pour assister à la première session, il put occuper son siège à la session du printemps de 1801. Même s’il venait d’une des régions les plus isolées de la Nouvelle-Écosse, il parvint à assister régulièrement aux débats animés de la huitième législature. Il fit partie de nombreux comités, principalement ceux qui décidaient de l’affectation des crédits de voirie, et il soutenait généralement le « parti rural » de William Cottnam Tonge*. Réélu en 1806, il continua le plus souvent de se ranger parmi les partisans de Tonge. Par exemple, il appuya ce dernier lorsqu’il voulut faire supprimer les termes élogieux que contenait l’adresse de la chambre au lieutenant-gouverneur sortant, sir John Wentworth*.

En 1811, Marshall ne participa pas aux débats de la chambre et, à l’automne, lorsqu’on annonça les élections, il songea à se retirer au profit de son fils John George*. Le jeune Marshall et John Ballaine, autre candidat nouveau venu, allaient être élus sans opposition quand au dernier moment l’un des députés sortants, John Cunningham, décida de se présenter. Joseph Marshall, Cunningham et Ballaine se réunirent alors et convinrent de laisser élire par acclamation les deux anciens députés, de manière à éviter les frais d’une campagne électorale. John George, qui n’avait pas assisté à la rencontre et s’indignait du résultat, résolut de poser quand même sa candidature. Son père consentit de bonne grâce à se retirer pour l’aider dans sa campagne, qui s’avéra finalement victorieuse.

Contrairement à bien des résidents de Guysborough, Joseph Marshall était d’abord un fermier. En 1819, il faisait partie du premier conseil d’administration de la Guysborough and Manchester Farmer Society. Il représente bien les nombreux loyalistes de classe moyenne qui s’imposèrent comme leaders locaux dans leur patrie d’adoption et, à titre de sudiste, il est encore plus représentatif des loyalistes de la Nouvelle-Écosse qu’on a bien voulu le reconnaître jusqu’ici. En effet, selon une analyse de leur origine, jusqu’à 30 % d’entre eux viendraient des colonies du Sud. Non seulement Marshall figure-t-il parmi les pionniers de l’actuel comté de Guysborough, mais il laissa toute une lignée de fermiers et de marchands prospères qui exercèrent traditionnellement des charges publiques. Le plus illustre d’entre eux est son arrière-petit-fils, sir John George Bourinot*.

Judith Tulloch

PANS, Biog., W. M. Marshall, scrapbook (mfm) ; MG 100, 186, nos 17–19 ; RG 1, 169, 171–173.— Harriet Cunningham Hart, History of the county of Guysborough (Belleville, Ontario, 1975).— A. C. Jost, Guysborough sketches and essays (Guysborough, N.-É., 1950).

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Judith Tulloch, « MARSHALL, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/marshall_joseph_7F.html.

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Auteur de l'article:    Judith Tulloch
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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