MACPHERSON, DAVID MURDOCH, fermier, manufacturier et homme politique, né le 17 novembre 1847 dans le canton de Lancaster, Haut-Canada, fils de John McPherson et de Catherine Cameron ; le 17 janvier 1871, il épousa Margaret McBean, et ils eurent cinq filles et deux fils ; décédé le 4 février 1915 à Montréal.
David Murdoch Macpherson (ou D. M., comme on l’appelait) naquit à la ferme paternelle dans le comté de Glengarry. Il fit ses études dans des écoles locales tout en donnant un coup de main à la ferme, qui se trouvait près de Bainsville. Par exemple, il gérait la production de lait et de fromage avec la deuxième femme de son père, Phoebe Marjerison, issue d’une famille qui avait de l’expérience dans ce genre de travail. En 1869, à la mort de son père, David Murdoch hérita de la ferme. Au début, il s’en tint à une production diversifiée, comme on le faisait couramment à l’époque, mais, au bout d’un an, voyant que ses dépenses excédaient ses recettes, il résolut de se spécialiser dans la fabrication du fromage. Il acheta une cuve, construisit une fabrique sur ses terres, à côté du chemin de fer du Grand Tronc, et, avec le lait de ses vaches, commença à produire du cheddar sous la marque de sa ferme, Allan Grove. Plusieurs voisins se joignirent à lui. En 1874, il exploitait 4 fromageries ; en 1881, leur nombre s’élevait à 13 ; en 1889, il dépassait 70. Ces fromageries se trouvaient dans le comté de Glengarry, dans les comtés de Huntingdon et de Châteauguay, au Québec, et dans le nord de l’État de New York. Macpherson était devenu « le plus grand fromager du continent ».
Il avait réussi ce coup de maître en appliquant dans les fromageries un nouveau mode de gestion, le regroupement. En Ontario, jusque dans les années 1870, le fromage provenait de petites fabriques saisonnières. La qualité et la production de chacune variaient énormément de semaine en semaine et même d’un lot à l’autre. Les fromageries appartenaient à des particuliers ou à des sociétés par actions à responsabilité limitée dans lesquelles les agriculteurs fournissant le lait détenaient des actions et se répartissaient les dividendes. Macpherson réunit plusieurs de ces petites compagnies sous l’autorité d’un seul administrateur. Ce système présentait de nombreux avantages. Le regroupement employait un seul vendeur ; comme ce dernier pouvait offrir une grande quantité de fromage de même qualité et de même âge, il était en mesure de remplir des commandes d’exportation ou des commandes spéciales. Tout ce qui était nécessaire à la production pouvait être acheté en vrac, au prix du gros. Avec les économies ainsi réalisées, on pouvait engager à plein temps un maître fromager qui assurait la qualité uniforme du produit. En outre, Macpherson modifia les horaires de livraison du lait : au lieu de recevoir du lait le matin et l’après-midi, ce qui nécessitait deux équipes de fromagers, les fabriques n’en recevaient que le matin et faisaient du fromage une seule fois par jour. En insistant pour que chaque fabrique adopte un horaire de production prévoyant le salage et le conditionnement du fromage à des moments précis, il contribua à faire d’un art vague une science. Le rapport de la commission agricole de l’Ontario sur l’année 1881 [V. John McMillan*] contenait un exposé détaillé de sa méthode. Les commissaires incitèrent tous les producteurs de lait et exploitants de fromagerie à « lire très attentivement » son témoignage.
Le regroupement de Macpherson, Allan Grove, fut le plus important au Canada à compter de 1874 ; à un moment donné, un huitième de toute la production fromagère du pays en provenait. Le fromage, du cheddar surtout, était de loin le principal produit agricole exporté par le Canada. De 1874 à 1894, les exportations de fromage augmentèrent de presque six fois et demie ; en 1900, elles totalisaient près de 20 millions de dollars. Macpherson avait à Montréal un bureau qui s’occupait des exportations vers la Grande-Bretagne. Apparemment, il montrait autant de flair pour la mise en marché du fromage que pour la production. De 1886 à 1895, l’Allan Grove produisit plus de 100 fromages géants pour des vitrines de magasins britanniques. Pesant chacun plus d’une demi-tonne, ils constituaient une forme de publicité très frappante. Le regroupement de Macpherson fut le dernier à faire faillite, en 1903. On attribue généralement l’échec de ce type d’organisation au manque de communication avec les fermiers et au fait que le système encourageait la prolifération des petites fromageries.
Pendant que le regroupement Allan Grove était en exploitation, Macpherson mit à profit son esprit créateur dans d’autres occupations connexes. Il inventa un certain nombre d’appareils pour l’industrie du fromage, dont un refroidisseur à lait, un mélangeur de caillé et un râteau à caillé. C’est ce râteau qui se révéla le plus utile : on en utilisait encore dans les années 1930. Par ailleurs, Macpherson tenta de procéder à une intégration verticale de ses opérations, ce qui témoigne aussi de sa perspicacité. Ayant fait l’acquisition d’une scierie à Alexandria avec un certain Merill, il ouvrit à côté, en 1882, une manufacture de boîtes à fromage. En 1883, Jacob Thomas Schell acheta la part de Merill. Dès lors, durant 22 ans, Schell et Macpherson exploitèrent une florissante entreprise de bois d’œuvre. Ils produisaient des boîtes à fromage toutes prêtes et d’autres que l’on assemblait dans les fromageries. En outre, ils vendaient des boîtes à beurre, des châssis, du bois de placage et du bois d’œuvre, et ils offraient de construire et d’équiper des scieries et des crémeries. Malgré le travail que lui imposaient ses fromageries et sa scierie, Macpherson ne négligeait pas ses propres intérêts agricoles. En 1889, après avoir loué sa ferme durant plus de dix ans, il en reprit possession et la transforma en ferme modèle. Selon le Freeholder de Cornwall, c’était une « Mecque pour les agriculteurs de tout le Québec et de tout l’Ontario ». En mettant l’accent sur la fertilité des sols, l’assolement et l’élevage, il démontrait comment rentabiliser l’exploitation agricole.
La renommée de Macpherson parmi les agriculteurs contribua sans doute à sa victoire électorale de 1894. Candidat des Patrons of Industry [V. George Weston Wrigley*], salué comme un « fermier représentatif », il fut élu député de Glengarry à l’Assemblée législative. Il se présenta en 1898 comme indépendant et en 1902 comme libéral, mais il fut défait.
Macpherson promut énergiquement la production de fromage en Ontario et dans la province de Québec. En 1882, il aida à former la Société d’industrie laitière de la province de Québec. Dans les années 1880, il dirigea les rubriques sur la production laitière au Canadian Live-Stock Journal. En 1887, il fut président de la Dairymen’s Association of Eastern Ontario, à laquelle il appartint durant de nombreuses années. En 1890–1891, il fut le premier président de la Dairymen’s Association of the Dominion of Canada, dont il avait été l’un des membres fondateurs. À l’occasion de la Colonial and Indian Exhibition de Londres en 1886, il supervisa le stand du gouvernement de l’Ontario qui faisait de la publicité pour le fromage canadien. En 1895, il fut président de la Dominion Cold Storage Company.
De confession presbytérienne, David Murdoch Macpherson était membre et conseiller presbytéral de l’église Knox du village de Lancaster, où il résida toute sa vie. Surnommé le « roi du fromage » du Canada, il mourut au Montreal General Hospital en 1915. Il fut inhumé au cimetière de l’église presbytérienne St Andrew à South Lancaster.
Le périodique agricole dans lequel D. M. Macpherson a tenu une rubrique sur la production laitière, de juillet 1884 jusqu’à un certain moment en 1887, a commencé à paraître en 1883 sous le titre Canadian Stock-Raisers’ Journal (Hamilton, Ontario), et a été publié par la suite sous le titre Canadian Live-Stock Journal de 1885 à novembre 1886, et Canadian Live-Stock and Farm Journal, à partir de décembre 1886.
AN, RG 31, CI, 1851, 1861, 1871, 1881, 1891, Lancaster Township, Ontario.— AO, F 977, St Andrew’s Presbyterian Church (South Lancaster, Ontario), n° 194 (mfm).— Canada Farmers’ Sun (London, Ontario ; Toronto), 1893–29 juill. 1896, publié par la suite sous le titre Weekly Sun (Toronto), 2 août 1896–1898.— Farmers Advocate and Home Magazine, 1875–1905.— Freeholder (Cornwall, Ontario), 4, 11 févr. 1915.— Canadian Live-Stock Journal, 2 (1885) : 127.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Canadian Stock-Raisers’ Journal, 1 (1883–1884), nos 9–10.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— The dairy industry in Canada, H. A. Innis, édit. (Toronto, 1937).— Farming (Toronto), 15 (1897–1898), n° 4.— J. G. Harkness, Stormont, Dundas and Glengarry ; a history, 1784–1945 (Oshawa, Ontario, 1946).— Royce MacGillivray et Ewan Ross, A history of Glengarry (Belleville, Ontario, 1979).— Ontario, dép. de l’Agriculture, Annual report (Toronto), 1874–1915, qui comprend le rapport annuel de la Dairymen’s Assoc. of Eastern Ontario, 1886–1915 [l’association a été créée en 1877, mais aucun rapport n’a été publié avant 1886].— Ontario agricultural commission, Report of the commissioners (4 vol., Toronto, 1881), 3, app. J.— Ewan Ross, Lancaster village and township (s.l., 1980 ; exemplaire conservé à l’Inverarden Regency Cottage Museum, Cornwall).— J. A. Ruddick, « An historical and descriptive account of the dairying industry of Canada », Canada, dép. de l’Agriculture, Dairy and cold storage commissioner’s branch, Bull., n° 28 (1911).— Souvenir of Stormont, Dundas and Glengarry commemorating old boys’ reunion at Cornwall, Ontario, August 11–15, 1906 ([Cornwall, 1906]).
S. Lynn Campbell et Susan L. Bennett, « MACPHERSON, DAVID MURDOCH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/macpherson_david_murdoch_14F.html.
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Auteur de l'article: | S. Lynn Campbell et Susan L. Bennett |
Titre de l'article: | MACPHERSON, DAVID MURDOCH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 22 déc. 2024 |