LOTTRIDGE (Loteridge), JOHN, agent auprès des Indiens, frère de Thomas Lottridge d’Albany, New York ; il est possible qu’il soit le fils de Richard Lottridge de cette même ville ; décédé dans la région du lac Champlain en 1763.

Il est question de John Lottridge pour la première fois en septembre 1755, alors qu’il se trouve au lac Saint-Sacrement (lac George) servant comme sous-lieutenant dans la compagnie commandée par Edmond Mathews et faisant partie de la milice de New York, au moment où des troupes françaises sous les ordres de Dieskau mirent fin à l’avance des troupes anglaises qui se dirigeaient vers le fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.). En 1757 Lottridge avait le commandement d’une compagnie de milice mais au début de 1758 il proposa de travailler au service des affaires indiennes. Selon sir William Johnson*, surintendant des affaires des Indiens du nord, c’était « une jeune homme qui avait fait preuve de détermination, un homme des bois que bon nombre d’Indiens connaissaient et estimaient ».

À titre d’agent auprès des Indiens, avec le grade de lieutenant, il prit part à l’expédition dirigée par le lieutenant-colonel John Bradstreet*, au cours de laquelle, en août 1758, les troupes s’emparèrent du fort Frontenac (Kingston, Ont.) et le rasèrent ; par la suite, Bradstreet et Johnson le recommandèrent pour une promotion au grade de capitaine, promotion qui fut confirmée en octobre. Il accompagna des éclaireurs indiens au cours d’expéditions de reconnaissance à la frontière nord de la colonie de New York jusqu’au printemps de 1759. II participa, semble-t-il, au siège du fort Niagara (près de Youngstown, N.Y.) en juillet 1759. Après que ce dernier eut capitulé, il retourna à Oswego (Chouaguen), où il eut la responsabilité des affaires indiennes au cours de l’hiver et du printemps de 1759–1760.

Pendant qu’il séjournait là, il entra en conflit avec le commandant, le colonel Frederick Haldimand*, au sujet des problèmes que suscitait la présence d’Iroquois venus d’Oswegatchie (La Présentation, maintenant Ogdensburg, N.Y.) pour y faire la traite. Haldimand, qui les tenait pour des espions, voulut les renvoyer. Lottridge intervint en leur faveur car il acceptait leur parole lorsqu’ils affirmaient être les alliés des Anglais et il était d’avis que si on les éconduisait, ce serait là faire affront aux Six-Nations. Cette querelle illustre bien la précarité des relations avec les Indiens au cours de la guerre et donne une idée de l’agacement avec lequel bon nombre de chefs militaires anglais considéraient le service des affaires indiennes. Il leur semblait qu’on accordait une attention démesurée aux sentiments des Indiens et ils voyaient d’un assez mauvais œil l’indépendance dont jouissaient les agents de ce service qui étaient sous la coupe de Johnson.

Vers 1760 les Iroquois s’étaient ralliés aux Anglais en grand nombre et, à la fin de l’été, une bonne partie d’entre eux accompagnèrent le major général Jeffery Amherst* lorsqu’il descendit le Saint-Laurent avec son armée pour aller attaquer Montréal. Lottridge faisait partie de l’expédition avec des détachements d’éclaireurs indiens qui précédaient le gros des troupes. Après la capitulation de Montréal, en septembre, Lottridge y demeura sous l’autorité de Daniel Claus*, délégué de Johnson. Il passa les deux hivers qui suivirent avec les Indiens de la région, qu’il accompagna dans leur chasse annuelle dans le voisinage du lac Champlain.

Pendant l’été de 1762, Claus fit savoir que Lottridge était « soucieux au sujet de sa situation advenant mon départ du pays car il ne veut prétendre assumer seul le soin des Indiens », mais, à l’automne, Lottridge en avait accepté la responsabilité à titre temporaire et apparemment s’en tira fort honorablement. Néanmoins, malgré les succès qu’il connaissait au service des affaires indiennes, il s’inquiétait de son avenir puisque les autorités étaient d’avis qu’avec le retour de la paix on pouvait en toute sécurité diminuer considérablement l’importance de ce service. Il envisagea la possibilité d’entrer dans l’armée régulière, mais lorsqu’on le retint au service des affaires indiennes il s’en montra fort heureux, car c’était là son champ d’action de prédilection.

À la fin de 1762, Lottridge se rendit dans les pays d’en haut et y passa l’hiver « à la manière des traiteurs » en compagnie des « Indiens de Millacky », c’est-à-dire du sud-est du Wisconsin. Soit qu’il ait personnellement rendu visite aux Sioux, soit que les contacts qu’il eut avec leurs voisins l’en aient persuadé, il acquit la conviction que les Sioux, dont les Anglais ignoraient à peu près tout, formaient une nation très forte ; il se procura des peaux de bison et des articles fabriqués par ces Indiens et les fit parvenir à Johnson. Lottridge était de retour à Montréal à l’été de 1763. Le 9 août, il assista à la conférence que tinrent le général Thomas Gage*, administrateur militaire de l’endroit, et les Outaouais de L’Arbre Croche (Cross Village, Mich.) qui avaient ramené à Montréal James Gorrell et les soldats de la région de Michillimakinac échappés aux actes de violence que l’exemple de Pondiac avait suscités dans les pays d’en haut.

Lottridge repartit pour la région du lac Champlain à l’automne de 1763. La nouvelle parvint à Montréal, en octobre, que « le capitaine Lutteridge était disparu à la baie de Mischisque [Missisquoi] en allant explorer la région ».

Jane E. Graham

APC, MG 19, F1, 1, pp.16, 20, 58, 74, 89 ; 14, p. 37.— BM, Add. mss, 21 661, ff.36, 107 ; 21 670, f.14.— Johnson papers (Sullivan et al.).

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Jane E. Graham, « LOTTRIDGE (Loteridge), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lottridge_john_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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