LOGGIE, ANDREW, homme d’affaires, né le 14 juillet 1848 à Black Brook (Loggieville, Nouveau-Brunswick), fils d’Alexander Loggie et de Georgina Gray Jardine ; décédé célibataire le 23 juillet 1928 à Dalhousie, Nouveau-Brunswick.

Andrew Loggie était l’arrière-petit-fils de Robert Logie (Loggie). Ce pêcheur de la rivière Spey, dans le Morayshire, en Écosse, avait immigré avec sa femme et plusieurs enfants vers 1780 et s’était installé du côté sud de la baie de Miramichi, au Nouveau-Brunswick. Au fil des générations, divers de ses descendants firent de la pêche commerciale dans cette baie et dans le golfe du Saint-Laurent. Parmi les entreprises qui perpétuèrent leur patronyme, il y eut notamment la Loggie and Anderson, la A. and D. Loggie Company, la W. S. Loggie Company de même que la A. and R. Loggie Company. La pêche était l’une des principales industries de la région de Miramichi depuis que William Davidson* et John Cort avaient reçu en 1765 une concession de 100 000 acres sur la rivière, avec des droits de pêche. Pendant les 100 premières années, on sala le poisson ou on le mit en conserve avant de l’expédier, mais grâce au réseau ferroviaire mis en place dans la seconde moitié du xixe siècle, les marchands purent livrer du poisson frais dans les ports de plus grande importance pour qu’il soit envoyé outre-mer ou en expédier directement aux marchés des États-Unis. De 1870 à 1900, il y eut une augmentation rapide du volume de poisson exporté à partir du Nouveau-Brunswick – dont une bonne partie frais ou congelé frais.

Vers 1875, Andrew Loggie et son frère Robert, qui avaient un petit magasin général à Black Brook, se lancèrent en grand dans l’emballage et l’expédition du poisson. Bien que la Miramichi ait été réputée pour le saumon de l’Atlantique, exporter aux États-Unis des éperlans congelés frais était leur spécialité. Dès 1879, ils figuraient parmi les principaux fournisseurs de ce produit dans la région et se classaient parmi les cinq plus gros expéditeurs de poisson de Chatham et Newcastle. En 1881, ils constituèrent juridiquement la A. and R. Loggie Company ; Andrew en était président et Robert, vice-président. Par la suite, leur jeune frère Francis Peabody s’associa à eux et exerça la fonction de secrétaire-trésorier.

Dès avant la fin des années 1880, la compagnie était l’un des plus gros emballeurs et exportateurs de poisson des provinces de l’Atlantique. Sur le plan commercial, elle connut aussi une croissance rapide : elle ouvrit des magasins généraux à Black Brook, à Dalhousie, à Richibucto et ailleurs. Dans les années suivantes, elle continua non seulement à prendre de l’expansion mais aussi à se diversifier. Bien que son siège ait toujours été à Black Brook, ou Loggieville – nom donné à la localité en 1895 –, elle faisait affaire dans tout le nord-est du Nouveau-Brunswick ainsi que dans la province de Québec, en Nouvelle-Écosse, dans le Maine et au Vermont.

À partir du nord du Nouveau-Brunswick, l’entreprise exportait chaque année 4 millions de livres de saumon frais et congelé ; une bonne partie allait en Grande-Bretagne et en Allemagne. Des quantités plus petites de maquereau et d’autres espèces de poisson frais et congelé frais étaient expédiées en Europe et en Amérique du Nord à partir de ports néo-brunswickois et néo-écossais du golfe du Saint-Laurent. Chaque année, une usine située à Inkerman, au Nouveau-Brunswick, mettait en conserve environ 300 000 livres de palourdes destinées à l’exportation. La A. and R. Loggie Company affichait aussi, parmi ses expéditions annuelles de produits de la mer, un million de boîtes de conserve d’éperlan, 60 000 livres de homard en conserve et 80 000 livres de gades fumés emballés dans des caisses. La plupart des conserves et autres emballages portaient la marque Eagle Brand, déposée par la compagnie. Les frères Loggie étaient des acheteurs plutôt que des pêcheurs, mais ils possédaient une flotte de soutien composée de 25 bateaux de pêche ainsi que diverses autres embarcations commerciales.

Étant donné ces faits, on s’étonne de lire, dans un article paru en 1904 dans le Miramichi Advance, que le poisson ne constituait plus le principal produit vendu par la compagnie. Les Loggie avaient alors 13 immenses entrepôts frigorifiques en divers lieux du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de la province de Québec. Outre du poisson, ils y gardaient de grandes quantités de bœuf, de porc, de volaille et de gibier à plumes. Grands producteurs de bleuets sauvages, ils exploitaient trois conserveries au Nouveau-Brunswick, six au Québec et une au Vermont. Ils mettaient en conserve d’autres fruits et des légumes. En tout, ils possédaient 17 conserveries dans deux provinces et deux États. À Loggieville, ils exploitaient une fabrique de boîtes de conserve et de caisses ainsi qu’une centrale électrique dont ils vendaient les surplus énergétiques à des clients du village. Ils avaient aussi des intérêts dans d’autres secteurs, par exemple l’élevage du renard et le dragage des cours d’eau et des ports.

Le travail d’Andrew Loggie ne se limita pas à la direction de l’entreprise familiale. Il fut maître de poste à Loggieville durant 33 ans, à compter de 1877. Il quitta cette fonction en 1910, quand il s’installa à Dalhousie pour affaires, mais il resta président de la A. and R. Loggie Company jusqu’à son décès, survenu en 1928 (il avait alors 80 ans). La presse rapporta que sa succession devait valoir plus de 750 000 $ et se composait surtout d’« argent comptant à la banque ». Son frère Robert, qui était toujours demeuré à Loggieville, lui succéda à la présidence. Il mourut en 1940, un an après son jeune frère Francis Peabody. Ces deux hommes laissèrent aussi de grosses successions.

La A. and R. Loggie Company marcha bien tant que ses fondateurs furent en vie. Elle demeura une entreprise familiale jusqu’en 1945 et fut alors vendue sans modification de sa raison sociale. Elle déclina rapidement en importance mais, en 1953, elle fut la première à offrir du poisson précuit sur le marché canadien. Elle produisait 78 000 bâtonnets de poisson par jour en 1958, l’année qui précéda son acquisition par l’Eagle Fisheries, filiale de la National Sea Products Limited.

W. D. Hamilton

AN, ArchiviaNet, Bureaux et maîtres de poste, Loggieville, N.B. (base de données sur son site Web, www.archives.ca).— APNB, MC80/743 ; RS141C5, F18932, nº 429030.— « A. & R. Loggie : the king canners and fresh fish exporters of eastern Canada », Miramichi Advance (Chatham, N.B.), 10 nov. 1904 (cet article a une valeur particulière du fait que l’éditeur du journal, David George Smith, était commissaire aux Pêcheries du Nouveau-Brunswick et s’intéressait de près à cette question [w. d. h.]).— Commercial and the World (Chatham), 17 févr. 1955, 6 févr. 1958, 2 avril 1959.— North Shore Leader (Newcastle, N.B.), 27 juill. 1928.— Union Advocate (Newcastle), 14 janv. 1880, 19 sept. 1928.— J. A. Fraser, A history of the W. S. Loggie Co. Ltd., 1873–1973 (Fredericton, 1973) ; Loggieville : child of Miramichi (Fredericton, 1973).— W. D. Hamilton, Dictionary of Miramichi biography ; biographical sketches of men and women born before 1900 who played a part in public life on the Miramichi : Northumberland County, New Brunswick, Canada (Saint-Jean, 1997).

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W. D. Hamilton, « LOGGIE, ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/loggie_andrew_15F.html.

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Auteur de l'article:    W. D. Hamilton
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2013
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