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LOCKERBY, ELIZABETH NEWELL (Bacon), poète, née le 12 septembre 1831 à Cavendish, Île-du-Prince-Édouard, sixième des 12 enfants de John Lockerby et de Margaret Forbes, décédée le 6 décembre 1884 à Indianapolis, Indiana.
Les parents d’Elizabeth Newell Lockerby, tous deux Écossais, avaient immigré en 1820 dans la région de la rivière Miramichi, au Nouveau-Brunswick, avant de s’installer l’année suivante à Cavendish. Son père y devint fermier et travailla comme forgeron. En 1862, John Lockerby abandonna le travail de la terre et déménagea à Charlottetown avec sa femme et sa fille, alors âgée de 31 ans. Elizabeth, qui composait des poèmes depuis sa prime adolescence, ne tarda pas à mener sa propre vie. En 1863, elle fréquenta le Provincial Training Seminary de Truro, Nouvelle-Écosse, et, de 1864 à 1867, elle fit de fréquents voyages dans cette province et au Nouveau-Brunswick pour rendre visite à des parents et amis.
En 1866, Elizabeth Lockerby publia, probablement à compte d’auteur, un recueil de poèmes que, si l’on en juge d’après les témoignages, elle alla vendre de porte en porte à Charlottetown. Il semble qu’elle ait nourri l’espoir de poursuivre une carrière d’écrivain et c’est dans ce but qu’elle se rendit à New York en 1868. Mais son talent limité ainsi que son manque de raffinement intellectuel et de relations dans le milieu littéraire la convainquirent bientôt qu’elle n’allait pas réaliser son ambition. L’année suivante, elle s’en alla à Portland, Maine, se familiariser avec le domaine de l’assurance-vie ; cette carrière fut, elle aussi, de courte durée car on la retrouve, en 1872, à Chatham, Nouveau-Brunswick, où elle aidait son frère à exploiter son commerce.
En 1873, la vie d’Elizabeth Lockerby changea subitement d’orientation lorsqu’elle devint « la compagne d’une dame dont le mari [était] caissier [directeur général] à la National Bank of Chicago ». Un an plus tard, à Chicago, elle rencontra et épousa Hiram Bacon, avocat à la retraite et propriétaire foncier d’Indianapolis, âgé de 73 ans et deux fois veuf. Le couple, qui n’eut pas d’enfants, vécut dans cette ville jusqu’en 1881, année où Bacon mourut.
La réputation d’écrivain d’Elizabeth Lockerby repose sur deux publications : un livre de poèmes intitulé The wild brier : or, lays by an untaught minstrel paru à Charlottetown en 1866 et un recueil de poèmes et de textes en prose ayant pour titre Oak leaves publié à Halifax en 1869. Le premier ouvrage fut réimprimé à Indianapolis en 1881 et 1883, et le second le fut également au même endroit en 1882, toujours à compte d’auteur. Il se peut qu’Elizabeth Lockerby ait aussi écrit des articles pour des revues et des journaux. Ses textes en prose dans Oak leaves comprennent des tragédies sentimentales, des descriptions luxuriantes et des méditations sur les merveilles de la création humaine. Mais de tous ses ouvrages connus, ses poèmes demeurent les plus intéressants. Le ton et l’atmosphère de ses premiers vers, écrits entre 1843 et 1852, sont d’une grande sentimentalité, et l’auteur y manifeste un goût prononcé pour la description et le récit mélodramatiques. Son poème le plus connu, George and Amanda, écrit au cours de cette période, traite de la mort d’un jeune marin de la Nouvelle-Angleterre dans le terrible ouragan qui détruisit pratiquement toute une flotte de pêche américaine sur la côte nord de l’Île-du-Prince-Edouard en octobre 1851. Il contient certains passages descriptifs saisissants.
Some boldly stood to sea, and vainly hoped
To leave the dreadful storm behind, but found
That it more fiercely broke on all sides round, –
And creaking, crashing, foundered far at sea.
Some sought to gain the sheltering ports, but failed,
And on the rocks were driven, and there, with all
Their complement of men, to death went down !
Animés du vain espoir d’échapper au terrible ouragan
Qui, de tous côtés, faisait rage,
Les uns tentaient hardiment de tenir la mer
Mais, dans un grincement de mâtures fracassées,
S’enfonçaient dans les eaux du large.
D’autres cherchaient à regagner le port
Mais la mer les précipitait sur les récifs,
Où ils sombraient avec tout leur équipage.
Les poèmes de jeunesse d’Elizabeth Lockerby trahissent fréquemment le manque de maîtrise de l’artiste sur les émotions exprimées dans ses vers, mais ils révèlent un sens de la versification et du récit, ainsi qu’une grande sensibilité pour tout ce qui touche les sentiments humains. Malheureusement, le poète ne développa jamais les dons artistiques et les facultés intellectuelles qui lui auraient permis de dépasser vraiment la vision sentimentale de ses premiers vers. Plus tard, dans les poèmes qu’elle écrivit entre 1853 et 1869, elle modéra son penchant au sentimentalisme en adoptant un ton très didactique, suivant ainsi l’exemple de nombreux poètes de son temps. De façon presque inévitable, elle se tourna vers la religion et la morale dont elle fit ses principaux thèmes. Ces poèmes, quoique faisant la preuve d’une bonne connaissance de la versification, ne se distinguent pas de la pléthore des poèmes religieux publiés en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne au milieu du xixe siècle.
Elizabeth Newell Lockerby est l’auteur de Oak leaves (Halifax, 1869 ; réimpr., Indianapolis, Indiana, 1882) et de The wild brier : or, lays by an untaught minstrel (Charlottetown, 1866 ; réimpr., Indianapolis, 1881, 1883).
John Lockerby de Toronto a fourni à l’auteur des informations écrites sur Elizabeth Newell Lockerby ; des copies de cette documentation ont été déposées au DCB/DBC. [t. b. v.]
Thomas B. Vincent, « LOCKERBY, ELIZABETH NEWELL (Bacon) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lockerby_elizabeth_newell_11F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/lockerby_elizabeth_newell_11F.html |
Auteur de l'article: | Thomas B. Vincent |
Titre de l'article: | LOCKERBY, ELIZABETH NEWELL (Bacon) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |