LEVASSEUR, LOUIS, écrivain, lieutenant général de l’Amirauté à l’île Royale (île du Cap-Breton), né le 27 décembre 1671 à L’Ange-Gardien (Qué.), fils de Louis Levasseur et de Marguerite Bélanger ; il épousa le 6 janvier 1736, à Louisbourg, île Royale, Marie-Anne, fille de Jean-François Lorant et de Marie-Suzanne de La Bazanière, qui lui donna trois filles ; décédé le 3 juin 1748 à Saint-Malo, France.
Issu d’une famille de la bourgeoisie, Louis Levasseur entra, encore jeune, à Québec, au service de l’intendant Jean Bochart* de Champigny, en qualité de secrétaire. Plus tard il alla se fixer à Marseille, France, où, en 1695, il était nommé écrivain. À la requête de Pierre-Auguste de Soubras*, commissaire ordonnateur à l’île Royale, il s’y rendit en cette qualité, en 1716 ; on lui confia la fonction de la tenue quotidienne des livres et la charge des magasins et il fut nommé commis pour le commissaire ordonnateur. L’avancement dont il fut l’objet à Louisbourg résulta en grande partie de la protection que lui accordèrent Soubras et son successeur, Jacques-Ange Le Normant de Mézy ; au cours des années 20, Levasseur logeait avec ce dernier.
En 1718, Levasseur fut nommé lieutenant général de l’Amirauté à Louisbourg. À titre de premier fonctionnaire et de juge de cette cour, une gamme étendue de questions d’ordre administratif et judiciaire relatives au commerce maritime étaient de son ressort. La réglementation qu’il établit touchant certains domaines, par exemple la contrebande, manquait de rigueur, mais un de ses rapports sur ce sujet contribua au remplacement du gouverneur Saint-Ovide [Monbeton], en 1739. Bien qu’il n’eût aucune formation juridique, Levasseur semble s’être révélé un juge compétent et impartial.
Le ministre de la Marine opposa son veto à la suggestion faite en 1719 de nommer Levasseur greffier du Conseil supérieur mais, en 1720, on ajouta à ses fonctions régulières celle de contrôleur. C’est à la suite du mauvais emploi des fonds destinés aux fortifications de Louisbourg [V. Le Normant de Mézy] que le ministre décida de nommer un contrôleur des finances. Levasseur avait pour fonctions de viser les reçus du trésor, de vérifier les dépenses autorisées par le commissaire ordonnateur, de préparer des rapports trimestriels sur le sujet ; de plus, il assistait aux appels d’offres officiels. Saint-Ovide, qui au début avait la responsabilité de signer les états de comptes conjointement avec le commissaire ordonnateur et qui voyait ses charges diminuer par suite de la nomination de Levasseur, se plaignit au ministre des nombreux postes que détenait Levasseur. Il déclara : « Le public est fort indisposé contre ce Coneur [Controlleur...] il ne convient n’y aux interests du Roy, ne a ceux de la Colonie. » En conséquence, Antoine Sabatier remplaça Levasseur en 1723 ; néanmoins, ce dernier continua de remplir la fonction d’écrivain jusqu’en 1730. Mézy le désigna comme son subdélégué judiciaire pour la durée du voyage qu’il fit en France, en 1723.
À son poste de lieutenant général était attaché un traitement annuel de 4 000# auquel vint s’ajouter une pension de 300# en 1734. La vente de la morue en association avec le beau-père de sa femme, Claude-Joseph Le Roy* Desmarest, et un dénommé Morel, marchand de Louisbourg, lui fournissait un revenu d’appoint. Il loua sa maison, rue d’Orléans, à Desmarest et y construisit une annexe qu’il habita au cours des années 30.
Levasseur conserva sa charge de lieutenant général de l’Amirauté jusqu’à la prise de Louisbourg par les troupes anglo-américaines sous les ordres de William Pepperrell en 1745. Il retourna en France, vraisemblablement cette année-là, mais on ne sait rien de plus sur lui sinon qu’il mourut à Saint-Malo le 3 juin 1748.
Nous voulons remercier M. Adrien Levasseur, de Longueuil, Québec, qui nous a fourni la date et le lieu de naissance de Levasseur [t. a. c.].
AD, Charente-Maritime (La Rochelle), B, 6 110, ff.8, 13, 32, 42.— AN, Col., B, 38, f.196 ; 54, f.509 ; C11B, 1–25 (plus particulièrement 1, f.176 ; 4, f.133 ; 5, ff.224, 235, 407 ; 10, f.253 ; 14, f.368 ; 17, f.337 ; 18, f.343 ; 19, ff.276, 285 ; 20, ff.321, 330) ; C11C, 15, ff.15, 23, 177 ; C11G, 12, f.116 ; E, 238 (dossier Jean Delaborde) ; F3, 50, f.245 ; Marine, C2, 55, f.28 ; C7, 184 (dossier Louis Levasseur) ; Section Outre-Mer, G1, 407/1–2 ; G2, 192/1, f.13v. ; 208, dossier 479 ; G3, 2 041/2 (5 janv. 1736).— J.-M. Pardessus, Collection de lois maritimes antérieures au XVIIIe siècle (6 vol., Paris, 1828–1845 ; réimpr. Turin, Italie, 1968).— Tanguay, Dictionnaire, V : 390 ; Tanguay identifie la femme de Levasseur comme étant Marie-Anne Desmarest, ce qui est inexact puisque cette dernière est née du premier mariage de sa mère et non du second avec Claude-Joseph Le Roy Desmarest [t. a. c.].— Jacques de Chastenet d’Esterre, Histoire de l’amirauté en France (Paris, 1906).
T. A. Crowley, « LEVASSEUR, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/levasseur_louis_3F.html.
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Auteur de l'article: | T. A. Crowley |
Titre de l'article: | LEVASSEUR, LOUIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |