DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

Titre original :  Photograph Napoleon Legendre, Montreal, QC, 1891 Wm. Notman & Son 1891, 19th century Silver salts on paper mounted on paper 13.6 x 9.8 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. II-95311.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

Provenance : Lien

LEGENDRE, NAPOLÉON (baptisé Gabriel-Narcisse-Napoléon), avocat, journaliste, écrivain et fonctionnaire, né le 13 février 1841 à Nicolet, Bas-Canada, fils de François-Félix Legendre, cultivateur, et de Marie-Reine Turcotte ; le 7 octobre 1867, il épousa à Québec Marie-Louise St-George Dupré, et ils eurent un fils et trois filles ; décédé le 16 décembre 1907 à Québec.

Après des études primaires chez les Frères de la doctrine chrétienne à Lévis, au Bas-Canada, Napoléon Legendre entreprend, en 1856, des études classiques au collège Sainte-Marie à Montréal. Admis au barreau le 5 janvier 1865, il pratique pendant quelque temps sa profession à Lévis. Mais, écrit Camille Roy*, « [le] caractère plutôt pacifique de l’homme, et [le] goût de la vie intérieure expliquent bien pourquoi M. Legendre n’a fait que passer au barreau. La chicane ne lui disait rien et les clients le laissaient tranquille. » À l’exercice de sa profession, il a préféré volontiers la pratique du journalisme et les joies de la littérature.

En 1867, en effet, après son mariage, Legendre collabore à l’Événement de Québec, collaboration qu’il poursuit sporadiquement jusqu’à la fin du siècle au moment où la maladie le contraint à mettre un terme à ses activités. On trouve d’autres textes dans le Pays de Montréal, en 1864, et dans le Courrier du Canada de Québec, en 1870–1871, où est reproduite, le 24 mars 1871, l’une de ses premières conférences, « la Mission du journaliste en Canada », prononcée devant les membres de la Société littéraire et historique de Québec ; cette conférence paraît à nouveau dans Échos de Québec, en 1877, avec d’autres textes publiés dans l’Opinion publique de Montréal, en 1875–1876, le plus souvent sous la rubrique « Chronique de Québec ». Legendre publie dans Album de la Minerve de Montréal trois longues nouvelles et un premier roman, demeuré inédit, « Sabre et Scalpel », œuvre qui s’inscrit dans la lignée des romans gothiques popularisés par Eugène Sue et Pierre-Alexis Ponson du Terrail, en France, et par François-Réal Angers*, Joseph Doutre* et Eugène L’Écuyer, au Canada. Ce roman, qui se déroule en partie dans un repaire de brigands à Cap-Rouge, n’a pas été bien accueilli si l’on en juge par la critique sévère de Narcisse-Henri-Édouard Faucher* de Saint-Maurice, qui lui reproche, dans Choses et Autres, son exotisme et ses nombreuses invraisemblances, même si certaines descriptions lui semblent fort réussies.

En 1873, Legendre succède à André-Napoléon Montpetit à la rédaction du Journal de l’Instruction publique, de Québec et Montréal, où il fait paraître entre autres textes une série de nouvelles moralisatrices qu’il réunira en 1875, à Québec, dans son recueil À mes enfants. Il quitte son poste en 1875 et devient l’année suivante greffier des journaux français du Conseil législatif à Québec. Cette fonction ne l’empêche toutefois pas de poursuivre sa collaboration à l’Opinion publique et à divers autres périodiques, parmi lesquels il convient de mentionner : le Foyer domestique (1877) et l’Album des familles (1880–1882), publiés à Ottawa ; la Nouvelle-France (1881), les Nouvelles Soirées canadiennes (1882–1887), le Canada français, de 1888 à 1890 (ancêtre du Bulletin du parler français au Canada, organe de la Société du parler français au Canada, dont il fut un pionnier), le Soleil (1897–1898), de Québec ; la Presse (1885–1890), la Revue des deux Frances (1897–1898), le Monde illustré (1897–1898), de Montréal ; et enfin le Moniteur de Lévis (1893–1895). La plupart des textes écrits avant 1877 sont réunis dans les deux tomes d’Échos de Québec, recueils composites qui regroupent des faits divers (« l’Encan » et autres), des croquis et portraits (notamment « À travers les rues »), des chroniques (dont « les Travers de la société »), voire des causeries et des conférences ; celles-ci constituent les textes les plus substantiels, où il retrace l’histoire de la presse au Canada français. Il reviendra d’ailleurs sur le mouvement des lettres canadiennes-françaises dans ses études parues dans Mémoires de la Société royale du Canada, dont il a été l’un des membres fondateurs, en 1882. Pour lui, la littérature canadienne-française existe, distincte de la grande littérature française, et il multiplie ses encouragements pour qu’elle se développe. N’est-ce pas, selon lui, par les lettres et les arts qu’« on juge de la civilisation et de la grandeur d’un peuple » ? S’il se prononce ouvertement pour le réalisme en littérature, s’il est prêt à reconnaître l’importance du commerce et de l’industrie « dans la production de la richesse et du bien-être d’une nation », il ne craint pas de conclure : « Mais est-ce qu’un seul livre ne fait pas plus pour signaler un peuple au dehors que toutes les opérations les plus savantes du commerce et de l’industrie ? »

Legendre fournit à l’Électeur et à la Justice une cinquantaine d’articles et de chroniques, publiés en même temps dans les deux journaux de Québec, entre 1888 et 1890, et qui portent sur des sujets les plus variés sous la rubrique « Entre nous » : Nicolet, la misère, la vanité et autres. Il livre aussi ses commentaires sur quelques écrivains et sur leurs œuvres, sur des points d’histoire, sur les chansons et la musique, art qui a toujours fasciné Legendre, qui était d’ailleurs un bon musicien doté d’une voix juste. Il a été commentateur, à l’occasion, de plusieurs concerts à Québec, dans quelques périodiques, et même secrétaire (1863) puis vice-président (1864) de la Société philharmonique de Montréal. Il a aussi souligné dans son texte sur « l’Art et les Artistes au Canada », paru dans Revue de Montréal en 1878, le rôle important de la presse à l’égard des arts en général, en insistant pour que soit consacrée à la musique au moins une colonne par jour ou par semaine. Selon lui, ce n’est pas le talent artistique qui manque au Canada, mais l’encouragement du public et des autorités. Il réclame l’intervention de l’État pour soutenir les arts et les artistes.

La passion de Legendre pour la musique se traduit encore par la publication, en 1874, d’une biographie solidement documentée de la déjà célèbre cantatrice canadienne-française Louise-Cécile-Emma Lajeunesse*, connue sur les grandes scènes du monde sous le nom d’Emma Albani et à qui il voue une admiration certaine. Il a aussi fait paraître quelques textes sur le chant dans les écoles et sur l’enseignement du solfège.

En 1886, Legendre publie à Québec les Perce-neige ; premières poésies, 48 poèmes, dont plusieurs ont déjà paru dans les périodiques. Il a popularisé, avec d’autres poètes, la coutume, fort répandue au xixe siècle, de publier un poème, appelé « Étrennes du Jour de l’An », pour souligner l’arrivée du nouvel an.

L’année 1890 est une période faste pour Legendre. D’abord, en février, l’université Laval lui décerne un doctorat ès lettres honoris causa. Puis, il publie, dans le Canada français, un deuxième roman, « Annibal », qui connaît plus de succès que le premier et qui le rapproche des écrivains agriculturistes. Dans Nos écoles, brochure sortie à Québec en 1890 et où il passe en revue les divers ordres d’enseignement, depuis le primaire et le secondaire jusqu’aux études supérieures, sans oublier les cours destinés aux adultes et les écoles normales, il réclame « la proscription des méthodes routinières et l’établissement des méthodes nouvelles et pratiques ». En effet, pour Legendre, « le progrès d’un peuple dépend en grande partie de la qualité de ses écoles ». À cette fin, il convient, selon lui, « d’améliorer la position de l’instituteur, [...] afin qu’il s’attache à sa profession et qu’il y consacre son temps et tous ses soins ». Hygiène, politesse, bienséance, tenue vestimentaire sont également des points sur lequels on doit insister dans l’éducation des enfants.

Legendre s’est aussi intéressé à la langue française et à son statut dans la société et dans l’enseignement. Ses textes, publiés en grande partie dans Mémoires de la Société royale du Canada, l’Électeur, la Justice et les Nouvelles Soirées canadiennes, il les a regroupés, en 1890, dans un volume, la Langue française au Canada. Il y souligne avec orgueil la contribution des Canadiens français à l’enrichissement de la langue française dans le monde et il fournit, pour illustrer son propos, une liste d’expressions et de termes pour lesquels il revendique ce qu’il appelle « un droit de nationalité ». Il laisse voir, dans ces textes, de bonnes connaissances en philologie et en étymologie, et il se révèle un ardent défenseur de la langue française, telle qu’elle est parlée au Canada, cette langue qui n’est, selon lui, ni un jargon, ni un patois, mais le véritable français que l’on parlait en France au xviiie siècle.

C’est encore en 1890, à Québec, que Legendre publie une autre brochure, Nos asiles d’aliénés, consacrée aux maisons de santé. Après avoir montré ce qui est fait dans d’autres pays, en France surtout, il se penche particulièrement sur le sort réservé aux malades et sur le rôle du personnel de ces établissements.

En 1891, Legendre publie à Québec Mélanges ; prose et vers, dans lequel on retrouve, outre « Annibal », qui paraîtra en volume séparé en 1898, cinq poèmes d’inspiration romantique et deux contes, tous sortis auparavant dans des périodiques. Il avait publié à Montréal, en 1878, une brochure intitulée Notre constitution et nos institutions, dans laquelle il explique aux non initiés le rôle de l’Assemblée et du Conseil exécutif, celui du lieutenant-gouverneur et du Conseil législatif ainsi que les pouvoirs des Institutions proprement dites, les municipalités, les tribunaux et les diverses cours de justice, sans oublier les recorders, les coroners et les commissaires des incendies.

À la mort de Napoléon Legendre, le 16 décembre 1907, les chroniqueurs sont unanimes pour souligner la disparition d’un des littérateurs canadiens les plus estimés et les plus connus, qui a fait sa marque « dans l’article court et vivant d’actualité, dans les récits légers et dans les nouvelles », articles qui lui ont d’ailleurs valu d’être appelé au Cercle des Dix de Québec, dont il a fait partie en même temps que d’autres journalistes et littérateurs célèbres, tels Paul de Cazes, Nazaire Levasseur* et Faucher de Saint-Maurice.

Aurélien Boivin

On trouve une liste des œuvres de Napoléon Legendre dans DOLQ, 1 : 831s.

AC, Québec, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Québec, 19 déc. 1907.— ANQ-MBF, CE1-13, 13 févr. 1841.— ANQ-Q, CE1-97, 7 oct. 1867.— AUL, U-503/31/1, procès-verbaux du conseil, 3 févr. 1890.— Charles Ameau, « Napoléon Legendre », le Monde illustré (Montréal), 10 août 1889 : 117.— Le Canada, 17 déc. 1907 : 8.— Le Devoir, 28 févr. 1910 : 8.— L’Événement, 17, 19, 26 déc. 1907.— Le Journal de Françoise (Montréal), 4 janv. 1908 : 296.— Camille Roy, « Napoléon Legendre », l’Action sociale catholique (Québec), 23 déc. 1907 : 4.— Le Soleil, 17 déc. 1907 : 10.— Aurélien Boivin, le Conte littéraire québécois au xixe siècle ; essai de bibliographie critique et analytique (Montréal, 1975), 236241.— « Les Disparus », BRH, 35 (1929) : 537.— DOLQ, 1 : 13s., 33s., 433, 477.— N.-H.-É. Faucher de Saint-Maurice, Choses et Autres ; études et conférences (Montréal, 1874).— D. M. Hayne et Marcel Tirol, Bibliographie critique du roman canadien-français, 1837–1900 ([Québec et Toronto], 1968), 98s. [L.-A. Huguet-Latour], Annuaire de Ville-Marie, origine, utilité et progrès des institutions catholiques de Montréal [...] (2 vol., Montréal, 1863–1882).— Gabrielle Patry, « Napoléon Legendre, 1841–1907 », Vie française (Québec), 15 (1960–1961) : 237–241.— Adjutor Rivard, « Legendre », SRC Mémoires, 3e sér., 3 (1909), sect. : 73–86.— Camille Roy, À l’ombre des érables ; hommes et livres (Québec, 1924), 107–120.— Régis Roy, « Réponses : les ouvrages de Napoléon Legendre », BRH, 14 (1908) : 254s.— SRC Mémoires, 3e sér., 2 (1908), proc. : xviiis. (notice nécrologique et portrait en regard de la p. xviii).

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Aurélien Boivin, « LEGENDRE, NAPOLÉON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/legendre_napoleon_13F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/legendre_napoleon_13F.html
Auteur de l'article:    Aurélien Boivin
Titre de l'article:    LEGENDRE, NAPOLÉON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024