LE BAILLIF, GEORGES, prêtre, récollet, missionnaire au Canada (1620–1621).

Nommé aux missions du Canada, Le Baillif, issu d’une famille de la noblesse française, quitta Honfleur vers le 8 mai 1620, en compagnie de Champlain, et arriva à Québec à la mi-juillet.

Le père Le Baillif fut l’ami et le conseiller de Champlain, à qui Henri II, due de Montmorency, vice-roi de la Nouvelle-France, et les sieurs Villemenon et Dolu avaient demandé « de ne rien entreprendre sans la participation de ce bon père, l’assurant qu’ils auraient toujours pour agréable ce qu’il ferait de concert avec lui ». Le père Le Baillif, continue Le Clercq, « était homme d’une grande probité, doctrine et prudence ». Il eut maintes fois l’occasion de manifester ses talents.

Le 17 juillet 1621, Champlain l’envoya à Tadoussac, avec plein pouvoir pour régler en son nom les démêlés entre François Gravé Du Pont et Guillaume de Caën. Un accord temporaire fut conclu, et le différend renvoyé en France.

Lors de l’assemblée des notables, tenue à Québec le 18 août suivant, le père Le Baillif fut choisi pour aller présenter au roi les doléances de la colonie. L’estime que lui avait déjà témoignée Louis XIII le désignait à ce poste de confiance. Il quitta Québec le 7 septembre 1621.

Reçu à deux reprises par le roi, il lui soumit les besoins de la Nouvelle-France : protection de la colonie en cas d’attaques de la part d’une puissance étrangère ; construction d’un fort sur le cap aux Diamants ; défense aux commerçants huguenots de La Rochelle de fournir des armes aux sauvages ; fin des querelles qui divisaient les deux compagnies de marchands ; entretien et accroissement de la religion catholique ; défense aux protestants d’exercer leur culte dans la colonie ; fondation à Québec d’un séminaire pour 50 enfants sauvages ; établissement d’une justice plus forte contre les malfaiteurs ; augmentation de l’autorité et des appointements de Champlain.

Le récollet obtint gain de cause sur les principaux points : le différend entre les compagnies rivales prit fin le culte protestant fut interdit dans la colonie la construction d’un séminaire fut décidée et des lettres patentes émises à cet effet. Ainsi, par son influence, Le Baillif contribua largement au rétablissement de la paix dans la colonie.

A la requête du duc de Montmorency, le père Le Baillif resta en France, à titre d’agent général des Récollets du Canada. C’est ainsi qu’il désigna pour les missions canadiennes le frère Sagard qui en fut le premier historien ; qu’il obtint des donations de terrains pour les missions des Trois-Rivières et de Tadoussac ; qu’il plaida en faveur de l’envoi des Jésuites en Nouvelle-France, et qu’il présenta à Louis XIII, en 1625, le dictionnaire des langues huronne, algonquine et montagnaise du récollet Le Caron.

Par son action calme, prudente et efficace, le père Le Baillif fut un agent de paix et de progrès pour la colonie naissante.

G.-M. Dumas

BN, Imprimés, LK12, 774, [Georges Le Baillif], Plainte de la Nouvelle France dicte Canada, à la France, sa Germaine. Pour servir de Factum en vue d’une cause pendante au conseil (fin 1621 ou début 1622).— Champlain, Œuvres (Laverdière), 995s., 1001s., 1008–1012, 1018.— Le Clercq, First establishment of the faith (Shea), I : 152, 162–166 et passim.— Sagard, Histoire du Canada (Tross), I : passim.— Ferland, Cours d’histoire du Canada, I : 192.— Jouve, Les Franciscains et le Canada (1615–1629).— Hugolin Lemay, L’Œuvre manuscrite ou imprimée des Récollets de la mission du Canada (Province de Saint-Denis), 1615–1629, MSRC, XXX (1936), sect. i : 115–126.— Trudel, Histoire de la Nouvelle-France, II.

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G.-M. Dumas, « LE BAILLIF, GEORGES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 24 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/le_baillif_georges_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
Date de consultation:    24 nov. 2024