LA FRANCE, JOSEPH, trafiquant de fourrures, né vers 1707 à Michillimakinac, fils d’un trafiquant de fourrures français et d’une Indienne de la tribu des Sauteux, décédé à une date inconnue se situant entre 1742 et 1749.
Alors que Joseph La France était âgé d’environ cinq ans, son père l’emmena passer l’hiver à Québec dans le but de lui faire apprendre le français. La France quitta une seconde fois les pays d’en haut lorsqu’il conduisit une cargaison de fourrures à Montréal aux environs de 1723. Après avoir fait la chasse et la traite des fourrures dans la région de Michillimakinac pendant près de neuf ans, il descendit le Mississippi jusqu’à l’embouchure de la rivière Missouri. L’année suivante, il quitta Michillimakinac avec une charge de fourrures et se rendit à proximité du poste anglais de Chouaguen (Oswego), où quelques Iroquois s’occupèrent de vendre sa marchandise. Vers 1736, il gagna Montréal pour s’y procurer un permis de traite qui lui fut refusé sous le prétexte qu’il avait vendu de l’eau-de-vie aux Indiens.
Risquant d’être arrêté comme trafiquant non autorisé, La France décida plutôt de commercer avec les Anglais de la baie d’Hudson. Parti en 1739, il suivit la route du lac La Pluie, du lac des Bois, et de la rivière Winnipeg menant au lac Ouinipigon (lac Winnipeg). (On ignore s’il avait pris connaissance des explorations de Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye dans cette région durant les années 1730.) La France passa l’hiver de 1740–1741 avec les Cris de la région du lac Ouinipigon et celui de 1741–1742 dans la région du lac des Prairies (lacs Manitoba et Winnipegosis) et du bas de la rivière Paskoya (Saskatchewan). Voyageant sur la rivière Hayes, il atteignit York Factory (Man.) sur la baie d’Hudson, en juin 1742, avec une bande considérable d’Indiens et une cargaison de fourrures.
Comme on défendait aux postes de la Hudson’s Bay Company d’héberger les trafiquants français et, que La France refusait de retourner à Michillimakinac, il fut envoyé en Angleterre, probablement par l’agent Thomas White. On le maintint là-bas, apparemment aux frais de l’amirauté, « en vue d’utiliser ses services pour la découverte du passage du nord-ouest ». Vers 1742, il rencontra à Londres Arthur Dobbs, un des principaux adversaires de la compagnie, dont le livre An account of the countries adjoining to Hudson’s Bay [...], recueil de récits concernant l’exploration de la baie d’Hudson et la traite dans les territoires de la compagnie, constitue l’unique source de références pour la biographie de La France. Dobbs tentait de prouver que la compagnie n’avait pas rempli les obligations contenues dans sa charte et que le commerce des fourrures devait être ouvert à tous les marchands. Utilisant le témoignage de La France, il accusa la compagnie d’empêcher le développement d’une région immensément riche au sud et à l’ouest de la baie d’Hudson. En 1749, au moment où un comité parlementaire enquêtait sur les accusations de Dobbs, La France était déjà mort.
Bien qu’on en fît peu de cas à l’époque, étant donné la suspicion qu’on entretenait à l’égard du témoignage de Dobbs, le voyage de La France est aujourd’hui considéré comme une étape importante dans l’exploration du Nord-Ouest. Quoique rudimentaire, la carte que Dobbs élabora en se basant sur les dires de La France indiquait une voie navigable entre le lac Supérieur et la baie d’Hudson, quelques années seulement après que les La Vérendrye eurent atteint le bassin du lac Winnipeg. La description de son voyage nous renseigne sur le climat, le gibier, la végétation, la nature du commerce entre l’intérieur des terres et York Factory et la répartition géographique des peuplades indiennes au moment où les explorateurs de race blanche s’approchaient de la région pour la première fois.
La France avait avisé la compagnie qu’elle pourrait faire face à une compétition grandissante des Français dans l’Ouest si elle établissait des postes à l’intérieur des terres et si elle abaissait le prix de ses marchandises ; mais la compagnie ignora alors ses conseils. Cependant, dans les années 1750, elle commença à envoyer des hommes comme Anthony Henday afin d’encourager les Indiens à apporter leurs fourrures à la baie d’Hudson, et, en 1774, érigea Cumberland House (Sask.), le premier d’une série de postes situés loin à l’intérieur des terres de l’Ouest.
Arthur Dobbs, An account of the countries adjoining to Hudson’s Bay in the north-west part of America (Londres, 1744 ; réimpr. New York, 1967).— Report from the committee on Hudson’s Bay.
Hartwell Bowsfield, « LA FRANCE, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/la_france_joseph_3F.html.
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Auteur de l'article: | Hartwell Bowsfield |
Titre de l'article: | LA FRANCE, JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 17 déc. 2024 |