KNOTT, CAROLINE SARAH (Tate), missionnaire laïque méthodiste et institutrice, née en 1842 à Londres, fille aînée de John Knott, facteur de pianos, et d’une prénommée Caroline Sarah ; le 24 octobre 1879, elle épousa au fort Simpson (Lax Kw’alaams, Colombie-Britannique) le révérend Charles Montgomery Tate ; décédée le 7 mai 1930 à Victoria.
Venus d’Angleterre, Caroline Sarah Knott et sa famille arrivèrent dans le Haut-Canada en 1856 ou au début de 1857. Peu après leur installation à Hamilton, Mme Knott mourut. Caroline Sarah dut donc élever ses sept frères et sœurs. Une fois qu’ils furent devenus grands, elle posa sa candidature à la Wesleyan Methodist Missionary Society, qui l’envoya enseigner à de jeunes autochtones, d’abord au lac Rice puis à Sault-Sainte-Marie. En 1875, Mlle Tate offrit ses services à la mission méthodiste du fort Simpson, qui recrutait des instituteurs. Elle fut choisie même si, à 33 ans, elle était passablement plus âgée que la plupart des candidats. Au fort Simpson, la qualité de son travail lui fit gagner l’estime de l’éminent missionnaire méthodiste Thomas Crosby*. Quatre ans après son arrivée, elle rencontra et épousa Charles Montgomery Tate. Ensemble, ils exerceraient leur activité missionnaire durant 31 ans, soit plus longtemps que tout autre couple en Colombie-Britannique. Ils œuvreraient notamment à Bella Bella, à l’inlet Rivers, à l’inlet Burrard, à Clayoquot et à Chilliwack.
Caroline Sarah Knott Tate était à la fois une femme remarquable et bien de son temps. La durée de sa vie missionnaire indique une foi et une force de caractère incroyables. Selon l’historienne Rosemary Gagan, le travail dans une mission intérieure, surtout parmi les Premières Nations, était souvent plus exigeant sur les plans physique et psychologique qu’un travail semblable en Asie. La plupart de ceux qui étaient postés dans les missions intérieures tenaient le coup cinq ans tout au plus. Rares étaient ceux qui continuaient jusqu’à la retraite. Même au moment de son mariage, Caroline Sarah Knott avait à son actif plus d’années de service que beaucoup de ses contemporains affectés au fort Simpson. Au total, elle fut missionnaire parmi les Premières Nations durant plus de 35 ans et passa 15 autres années à collaborer à des organisations méthodistes à Victoria. Cependant, sous bien des aspects, son attitude envers son travail et envers les autochtones correspondait à la mentalité de l’époque.
En tant que missionnaire, Mme Tate mena une vie aventureuse à laquelle son expérience antérieure ne l’avait guère préparée. Elle fut témoin d’innombrables épidémies et décès, car la mortalité était élevée parmi les Premières Nations. Elle-même et son mari, qui comptèrent toujours sur le bon vouloir des chefs autochtones pour leur survie, logèrent dans les traditionnelles maisons longues, voyagèrent en canot sur l’océan et, en arrivant dans un nouveau lieu d’affectation, durent souvent construire la mission à partir de rien. Ainsi, lorsque le vapeur Princess Louise arriva en vue de Bella Bella en 1881, l’équipage fabriqua un radeau avec le bois que M. et Mme Tate avaient apporté pour bâtir une maison et une église, puis les fit monter dessus et les laissèrent se débrouiller seuls. Le chef heiltsuk Humcheet envoya un groupe à leur rescousse et les accueillit chez lui. Alors que d’autres missionnaires se lassaient bientôt de l’isolement et de l’humidité qui régnaient sur la côte Nord-Ouest, les Tate persistèrent.
Malgré la diversité de ses expériences sur le terrain, Caroline Sarah Knott Tate n’avait pas une vision plus positive des autochtones que bon nombre de ses contemporains missionnaires. Elle dédaignait leur culture, en particulier les festins nuptiaux et funéraires. Les guérisseurs lui inspiraient peur et dégoût. Son attitude envers les femmes était plus complexe. Elle leur trouvait si peu de qualités domestiques que, souvent, elle leur attribuait la mort de leurs enfants, mais elle estimait qu’elles vivaient dans une culture misogyne et croyait les en sauver. En 1897, au cours d’une tournée de conférences en Ontario, elle rapporta, devant des auditoires de la Woman’s Missionary Society et de l’Union chrétienne de tempérance des femmes, que seul le travail des missionnaires préservait la vie et l’honneur des femmes et des enfants autochtones. Bien que des agents des Affaires indiennes, entre autres, aient contesté ses dires - à juste titre -, elle soutenait que l’infanticide était courant, que les enfants étaient mariés pour de l’argent et que les veuves étaient souvent tuées ou mutilées. Elle approuvait l’interdiction du potlatch en faisant valoir que, à l’occasion de cette fête traditionnelle, les femmes devaient se prostituer pour générer de la richesse. Dans son journal, elle rapporte maintes fois avoir tenté d’interrompre une cérémonie funéraire par des prières et des chants. Elle parle peu d’amies qu’elle se serait faites chez les autochtones, alors que le journal de son mari mentionne fréquemment des hommes autochtones qu’il respectait et en qui il avait confiance. Sa peur de la culture autochtone resta toujours vivace et alimentait ses efforts de christianisation.
À l’instar de beaucoup d’autres missionnaires, Mme Tate était convaincue que le meilleur moyen de changer la culture des autochtones était de retirer les enfants de leur famille. À Chilliwack, elle commença à accueillir chez elle des orphelines ou des filles éloignées de leur communauté. Telle fut l’origine du Coqualeetza Home (par la suite le Coqualeetza Institute), pensionnat méthodiste qui ouvrit ses portes en 1889 à Sardis, en territoire stó:lo. Comme dans le cas de bien des établissements de ce genre, le bilan que l’on peut en dresser est à la fois négatif et positif. Les pensionnaires n’étaient pas exempts de répression culturelle ni de mauvais traitements de nature physique ou psychologique. Un rapport produit en 1905, après le départ des Tate pour une autre affectation, affirmait que plus de 20 % des diplômés de Coqualeetza mouraient après avoir quitté le pensionnat, et ce, à cause des conditions qui y régnaient. Cependant, l’institut contribua à former, dans la province, une génération de leaders autochtones dont le chef haïda Peter Kelly* est le représentant le plus connu.
Caroline Sarah Knott Tate et son mari se retirèrent à Victoria en 1910. Mme Tate continua de participer aux œuvres de l’Église jusqu’en 1925 et fut la première à adhérer à la Woman’s Missionary Society de l’Église méthodiste de la Colombie-Britannique. Elle mourut en 1930. Charles Montgomery Tate s’éteignit trois ans plus tard.
AO, RG 22-205, no 2073.- BAC, RG 10, 6422, dossier 869-1, 1re part. ; RG 31, C1, 1861, Hamilton, [Ontario], St Lawrence Ward : 368 ; 1871, Hamilton, St Andrew’s Ward, div. 1 : 65.- BCA, GR-2962 ; MS-0303.- New Outlook (Toronto), 4 juin 1930.- Victoria Daily Times, 7 mai 1930.- Annuaire, Hamilton, 1858, 1862-1863.- R. R. Gagan, A sensitive independence : Canadian Methodist women missionaries in Canada and the Orient, 1881-1925 (Montréal et Kingston, Ontario, 1992).- Jan Gould, Women of British Columbia (Saanichton, C.-B., 1975).- C. M. Tate, « A story of missionary adventure », Western Recorder (Victoria), déc. 1929 : 20-22.— Western Recorder, mai 1930.— Margaret Whitehead, « Women were made for such things : women missionaries in British Columbia, 1850s–1940s », Atlantis (Wolfville, N.-É.), 14 (1988–1989) : 141–150.
Mary-Ellen Kelm, « KNOTT, CAROLINE SARAH (Tate) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/knott_caroline_sarah_15F.html.
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Auteur de l'article: | Mary-Ellen Kelm |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |