KNIGHT, RICHARD, ministre méthodiste, né en 1788 dans le Devon, Angleterre ; entre 1818 et 1820, il épousa à Bonavista, Terre-Neuve, Mary Hosier, et ils eurent 11 enfants ; décédé le 23 mai 1860 à Sackville, Nouveau-Brunswick.
Élevé comme un membre dévot de l’Église d’Angleterre, le jeune Richard Knight se convertit au méthodisme à la suite d’un rêve angoissant et de la mort d’un ami. Peu après, il fut autorisé à prêcher et œuvra pendant un certain temps en Angleterre. Il fut accepté comme candidat pour faire du travail missionnaire et ordonné ministre en 1816 par la Conférence wesleyenne britannique. Au mois d’août de la même année, Knight fut envoyé à Terre-Neuve avec cinq autres missionnaires soigneusement choisis, dont John Bell et George Cubit*. Il devait travailler avec Cubit à Carbonear, mais l’Église de la colonie, faisant preuve de son indépendance nouvellement acquise [V. William Ellis*], envoya les deux hommes à St John’s, où Knight exerça les fonctions d’assistant de Cubit pendant quelques mois. Knight fut le premier wesleyen affecté à la circonscription ecclésiastique de la baie de Fortune et, bien qu’on ne connaisse pas avec certitude le moment de son arrivée, il y célébra son premier mariage en février 1817. Il desservit pendant deux ans cette vaste région de la côte sud-ouest, en faisant la tournée trois ou quatre fois par année pour accomplir les devoirs de sa charge. Ses paroissiens le connaissaient sous le nom de « messager de lumière ».
Au cours des 17 années qu’il passa à Terre-Neuve, Knight œuvra dans les 11 circonscriptions ecclésiastiques de l’île. Pendant qu’il était en poste à Brigus, à l’été de 1825, il se rendit au Labrador avec un ami, le marchand Charles Cozens, pour voir si une mission pouvait y être établie ; Thomas Hickson avait déjà essayé une première fois l’été précédent d’y fonder une mission wesleyenne. Knight passa tout l’été à parcourir quelque 300 milles sur la côte, établissant son quartier général à la baie des Esquimaux (inlet Hamilton). Plusieurs interprètes, hommes et femmes, l’aidèrent dans sa prédication. Bien qu’il ait fait état de ses difficultés à trouver la tribu la plus importante et à interpréter leur langue, il conclut que les Indiens du Labrador étaient d’une classe supérieure à cause de l’influence morave [V. Jens Haven*]. Il loua leur chant comme étant le plus harmonieux qu’il ait jamais entendu et prôna l’établissement immédiat d’une mission permanente au Labrador. Son rêve se réalisa l’année suivante, et il joua un rôle prépondérant dans la fondation d’un institut chargé de voir à ce que ce travail prenne de l’expansion.
Heureusement, Knight était un homme d’une grande endurance physique qui n’avait presque jamais connu la maladie. Il put ainsi supporter les périlleux voyages d’hiver par voie de terre et les dures épreuves en mer. Il dut également se protéger contre les attaques physiques et verbales : une fois, lorsqu’il parcourait la circonscription de Grand-Banc, on l’accabla d’injures, pour avoir condamné la danse et l’abus d’alcool le dimanche, et, à deux reprises, il fut assailli par des catholiques qui y avaient été encouragés par leurs prêtres. Suivant un récit populaire, Knight aurait tenté d’empêcher un homme de fumer durant l’un de ses services. Après avoir fait vainement appel au magistrat de l’endroit qui était présent, Knight aurait expulsé lui-même l’homme de l’église. Une des versions de cette histoire raconte que l’homme se serait converti au méthodisme peu après ; l’autre version soutient qu’il l’aurait fait sur-le-champ.
Knight était un homme d’une imposante force spirituelle, et des revivais extraordinaires marquèrent son ministère. Durant son séjour à Terre-Neuve, le nombre de méthodistes quadrupla. Il était considéré comme « le plus grand homme que Dieu ait donné à l’Église de Terre-Neuve ». Son transfert en 1833 constitua une lourde perte pour le district qui en souffrit de façon permanente ; il s’était déjà révélé un excellent administrateur ayant un grand sens des affaires. Il démontra tout d’abord ses talents quand il fut nommé secrétaire de district, probablement en 1822, puis, en 1827, en tant que secrétaire de la Newfoundland Methodist Missionary Society (qui devint en 1840 la Newfoundland Wesleyan Auxiliary Missionary Society).
C’est en Nouvelle-Écosse que la Conférence wesleyenne britannique envoya Knight, et il y fut tout de suite élu président du district est. Présidant avec vigueur et discernement aux destinées de son district, il s’opposa aux théories prônant le baptême par immersion et à celles des universalistes, toutes deux populaires chez les méthodistes de Halifax. D’importants revivais eurent lieu peu après, au moment où son collègue Matthew Richey* et lui exercèrent leur ministère. Pendant cette période, Knight, curieusement, s’opposa au système de « missionnaire assistant », visant à former des prédicateurs de la région, et appuya plutôt la pratique courante de les faire venir d’Angleterre. Il craignait que le nouveau système ne soit qu’un expédient utilisé par le comité méthodiste wesleyen de Grande-Bretagne pour réduire son fardeau financier sans diminuer sa sphère d’influence. À Yarmouth, en 1845, il démasqua et réfuta les auteurs d’un pamphlet anonyme, signé Scrutator, qui accusait les prédicateurs méthodistes de détourner les fonds publics et d’utiliser des procédés malhonnêtes dans leurs collectes. Plus tard, au cours des années 1840, il travailla à l’établissement de pensions pour les surnuméraires et les veuves des ministres, prenant exemple sur le modèle anglais. Déployant encore une fois ses talents d’administrateur, Knight exerça les fonctions de président du district ouest de la Nouvelle-Écosse (qui comprenait l’Île-du-Prince-Édouard) ainsi que du district du Nouveau-Brunswick, de 1849 à 1853, et il fut surintendant général des missions au Nouveau-Brunswick.
En 1847, Robert Alder*, qui avait réussi à réunir les membres de la section haut-canadienne de la Conférence canadienne aux wesleyens britanniques, se rendit à Sackville au Nouveau-Brunswick, en juillet, pour s’entretenir avec les principaux ministres des Maritimes d’un projet d’union. On remit à plus tard le soin de prendre une décision, mais, au début des années 1850, le temps semblait mûr pour unifier les districts du Haut et du Bas-Canada et pour réunir la région des Maritimes en une conférence distincte. Knight joua un rôle décisif dans la réalisation du projet concernant les Maritimes. Afin de s’assurer l’appui du district de Terre-Neuve qui était hésitant, Knight et Richey furent envoyés à St John’s en 1855 ; leurs efforts connurent un grand succès. La nouvelle conférence fut établie à Halifax le 17 juillet 1855 et appelée la Conférence de l’Amérique britannique orientale.
En 1857, Knight fut envoyé par cette dernière conférence à la Conférence wesleyenne du Canada à Toronto, à titre de délégué fraternel ou d’observateur, et, de 1857 à 1860, il exerça, avec l’appui total de la Conférence wesleyenne britannique et de ses collègues, les fonctions de codélégué de la Conférence de l’Amérique britannique orientale. Bien qu’il ait reçu une assez bonne éducation, Knight ne prétendait pas avoir de connaissances littéraires ; il reçut néanmoins un diplôme honorifique de la Mount Allison Wesleyan Academy à Sackville, probablement en 1857.
Le samedi 12 mai 1860, Richard Knight se rendit à Sackville pour assister aux réunions du Mount Allison Academic Board. Le jour suivant, il y prononça un sermon et, le lundi et le mardi, il assista aux examens du collège. Il tomba malade le mardi et mourut paisiblement le 23 mai. Au cours des 45 années de son ministère, Knight ne demanda jamais même une retraite temporaire. On prétend que s’il avait vécu une année de plus il aurait certainement été élu président de la Conférence de l’Amérique britannique orientale.
Wesleyan Methodist Church of Eastern British America, Minutes (Halifax), 1860 : 6–8.— Wesleyan-Methodist Magazine (Londres), 48 (1825) ; 49 (1826) : 131–134, 205–209 ; 83 (1860) : 668.— Newfoundland Mercantile Journal, 4 avril 1822.— Public Ledger, 28 nov. 1828.— Cornish, Cyclopædia of Methodism, 1 : 389.— When was that ? (Mosdell), 71.— Who’s who in and from Newfoundland [...] (St John’s, 1927), 38.— A century of Methodism in St. John’s, Newfoundland, 1815–1915, J. W. Nichols, édit. (s.l., [1915]), 32.— G. G. Findlay et W. W. Holdsworth, The history of the Wesleyan Methodist Missionary Society (5 vol., Londres, 1921–1924), 1 : 277, 330–338, 342–349, 480.— G. O. Huestis, Memorials of Wesleyan missionaries & ministers, who have died within the bounds of the conference of Eastern British America, since the introduction of Methodism into these colonies (Halifax, 1872), 56–61.— D. W. Johnson, History of Methodism in eastern British America, including Nova Scotia, New Brunswick, Prince Edward Island, Newfoundland and Bermuda [...] ([Sackville, N.-B.], s.d.), 336–337.— Charles Lench, An account of the rise and progress of Methodism on the Grand Bank and Fortune circuits from 1816 to 1916 [...] (s.l., [1916]), 10–13, 22, 41–42 ; The story of Methodism in Bonavista and of the settlements visited by the early preachers [...] (2e éd., St John’s, 1919), 78–79.— Jacob Parsons, « The origin and growth of Newfoundland Methodism, 1765–1855 » (thèse de
Calvin D. Evans, « KNIGHT, RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/knight_richard_8F.html.
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Auteur de l'article: | Calvin D. Evans |
Titre de l'article: | KNIGHT, RICHARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |