Titre original :  Photograph Rev. John M. King, Montreal, QC, 1864 William Notman (1826-1891) 1864, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 8.5 x 5.6 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. I-13925.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

Provenance : Lien

KING, JOHN MARK, ministre presbytérien, professeur, administrateur scolaire et auteur, né le 26 mai 1829 à Yetholm, Écosse, un des quatre enfants de Ralph King et de Mary Scott ; le 4 décembre 1873, il épousa à Toronto Janet Mcpherson Skinner, et ils eurent deux enfants ; décédé le 5 mars 1899 à Winnipeg.

John Mark King obtint une maîtrise ès arts de la University of Edinburgh en 1854. Il étudia la théologie au United Presbyterian Divinity Hall d’Édimbourg ainsi qu’à l’université de Halle (République démocratique allemande), où il subit l’influence de théologiens à la spiritualité intense, tels Friedrich August Gottreu Tholuck et Julius Müller. Leurs enseignements apportèrent un heureux complément à son héritage religieux écossais, où se combinaient une chaleureuse piété évangélique et une pensée théologique fortement structurée (qui remontait à Ebenezer Erskine et trouvait son achèvement en Thomas Chalmers). Cette tradition évangélique, dont les doctrines du péché, de la grâce et de la régénération formaient le noyau, eut un effet déterminant sur sa vie et sa pensée.

King arriva dans le Haut-Canada en 1856 à titre de missionnaire de l’Église presbytérienne unie. Il passa un an dans les villages de l’arrière-pays puis, ordonné le 27 octobre 1857, devint ministre de la congrégation rurale de Columbus (Oshawa) et Brooklin (Whitby). En 1863, on l’invita à occuper la chaire de l’église presbytérienne unie Gould Street de Toronto. En 1878, sa congrégation construisit un temple plus spacieux, l’église presbytérienne St James Square, et s’y installa. Durant 20 ans, King exercerait son influence sur cette prestigieuse assemblée de fidèles qui comptait des personnages publics comme Oliver Mowat*, William Caven*, directeur du Knox College, et George Brown* du Globe, et qui acquit une vaste renommée grâce à ses vigoureuses initiatives au bénéfice des missions canadiennes. King tenait des classes spéciales d’études bibliques qui attiraient un grand nombre d’étudiants du Knox College ; c’est pourquoi l’église St James Square était aussi connue sous le nom d’église du collège. D’ailleurs, il s’intéressait vivement à cette maison d’enseignement : membre du conseil d’administration et du « sénat », il présida le comité d’examinateurs durant de nombreuses années. La place qu’il en vint à occuper au sein de l’Église presbytérienne est mise en lumière par le fait qu’il est la première personne à qui le Knox College conféra un doctorat honorifique en théologie, en 1882, et que l’année suivante on l’élut modérateur de l’assemblée générale de l’Église presbytérienne au Canada.

En réponse à une requête du consistoire du Manitoba, l’assemblée générale de 1883 choisit King comme premier directeur du Manitoba College et l’y nomma professeur de théologie. Un grand défi l’attendait. Le collège, qui avait quitté Kildonan pour s’installer à Winnipeg en 1874, avait entrepris la construction de nouveaux édifices pendant une période d’inflation et contracté une dette de 40 000 $. Toutefois, en 1883, une grave dépression financière sévissait à Winnipeg. King prit la situation en main dès son arrivée et gagna vite la confiance de tous, celle du milieu des affaires surtout. Parlant de ses qualités d’administrateur, l’avocat Colin H. Campbell* écrivait : « En général, nous ne recherchons pas les financiers compétents parmi les théologiens profonds et les prédicateurs doués. » Mais, ajoutait-il, « n’importe quel pays aurait été honoré d’avoir [King] comme ministre des Finances, ou n’importe quelle grande institution financière [de l’avoir] comme directeur ». Il recueillit des fonds aussi bien dans la région que dans l’est du Canada et en Grande-Bretagne, et les géra avec soin, en supervisant attentivement tous les aspects des finances du collège, y compris les droits de pension et de scolarité des étudiants, et même les achats de charbon, de bois et de mobilier. Le collège eut bientôt fini de rembourser sa dette. King s’attaqua alors à la réfection et à l’agrandissement des édifices ; on régla intégralement au cours de son mandat le coût des travaux, qui s’élevait à 45 000 $. Par ailleurs, il fixa des normes d’enseignement élevées, se révéla un remarquable professeur et, par son leadership, sut amener le corps enseignant et les étudiants à donner le meilleur d’eux-mêmes. Grâce à lui, le collège entra dans ce que l’on a appelé son « âge d’or ». King fit venir d’Écosse des conférenciers distingués et il invita la population à les entendre ; en outre, il donna pour les femmes de Winnipeg trois séries de conférences publiques qui remportèrent un franc succès. Ces initiatives rehaussaient le rôle que le collège jouait dans la collectivité.

Sur le plan personnel, les années 1880 furent très éprouvantes pour King. Sa femme mourut en 1886 et, environ un an et demi plus tard, la scarlatine emporta son fils de neuf ans. Il créa une bourse de théologie en l’honneur de ce dernier, et pour perpétuer la mémoire de sa femme il donna au collège une rosace dont le sujet était la théologie. Conçue par l’artiste britannique Henry Holiday, elle se trouve maintenant à la University of Winnipeg. La sœur de King, veuve, prit la maison en charge et l’aida à élever sa fille, Helen Skinner, qui allait épouser Charles William Gordon*, mieux connu sous son pseudonyme d’écrivain, Ralph Connor.

À mesure que l’ouest du Canada s’ouvrait au peuplement, les besoins des congrégations y devenaient de plus en plus aigus. En 1893, pour permettre aux étudiants de célébrer des offices pendant l’hiver, le collège commença à tenir un trimestre d’été en théologie. Dès lors, King donna des cours 11 mois par an. Malgré sa lourde charge d’enseignement en arts et en théologie, il administrait toujours les affaires du collège. Il prêchait souvent à Winnipeg et dans toute la province, tout en assumant de hautes fonctions dans la structure administrative de l’Église presbytérienne. En plus, il suivait les débats théologiques, qui portaient alors sur la critique biblique, la théologie libérale, le message social de l’Évangile et la compréhension de la nature humaine et de l’histoire. Sans craindre de se jeter dans la mêlée, il prenait des positions claires et fermes.

Tant dans ses écrits sur des questions religieuses controversées que dans ses sermons, King montrait qu’il tenait à ce que l’on expose dans sa « relation avec les besoins permanents et universels de l’homme » la vérité de la foi chrétienne. Sa conviction la plus profonde, celle qui donnait unité à sa pensée, était que ces besoins correspondaient précisément aux grandes doctrines sur l’incarnation, le rachat et l’action du Saint Esprit. Aussi reprochait-il à la « nouvelle théologie » de minimiser ou de masquer ces doctrines qui seules, selon lui, pouvaient répondre « à l’ensemble des besoins humains ». Il pressait constamment les étudiants de théologie de porter une attention minutieuse à leur matière et de prêcher les grandes doctrines non pas comme si elles étaient les éléments d’un système abstrait, mais en faisant apparaître le lien intime qui les unissait à la soif universelle de signification, de consolation et de régénération.

Deux livres – A critical study of In memoriam, série de conférences publiques sur le poème de lord Tennyson, et The theology of Christ’s teaching, recueil de cours publié à titre posthume – donnent une idée de la pensée de King, mais c’est dans les conférences publiques prononcées chaque année à l’ouverture des classes de théologie qu’il a exprimé ses vues avec le plus de force. Ces conférences, dont certaines ont été publiées, parlent aussi bien de ses propres préoccupations que des controverses de l’époque.

Parue sous le titre Three great preachers [...], la conférence de 1890, qui traite d’Alexandre-Rodolphe Vinet, Henry Parry Liddon et John Henry Newman, révèle quelles qualités intellectuelles et spirituelles King admirait le plus et tentait de développer chez ses étudiants. La puissance de Newman, disait-il, résidait dans sa « profonde intuition spirituelle », à laquelle s’alliaient « la clarté, la précision et la simplicité » de l’expression. Les prédications de Liddon se distinguaient par l’importance qu’elles accordaient aux grandes doctrines. En Vinet, il voyait un esprit « à la fois philosophique et pieux » ; ses sermons, disait-il, témoignaient d’une rare « union de l’excellence intellectuelle et morale » et faisaient le lien entre le message chrétien et les besoins permanents de l’homme. En 1893, dans une profonde conférence intitulée « The spirit in which theological enquiry should be prosecuted », King critiquait la polarisation de plus en plus marquée qui existait dans les cercles de théologiens. Dans The atonement [...], paru en 1895, il reconnaît que ce n’est pas sans raison valable que l’on a délaissé les doctrines pour insister davantage sur l’éthique et l’humanitarisme, mais il souligne que toute interprétation du christianisme qui n’a pas, en son centre, la doctrine de l’expiation va à l’encontre de « la tendance et de la portée » de l’enseignement des Écritures, échoue à « fournir quelque motif adéquat à l’Incarnation » et procède d’une vision « radicalement défectueuse » de la condition humaine. King s’attaqua à une question semblable en 1897 dans The purely ethical Gospel, examined [...]. Les préoccupations éthiques étaient importantes pour lui, et il souligne dans cet ouvrage que les dernières années avaient vu s’accomplir de réels progrès dans la reconnaissance des dimensions morales du christianisme. Néanmoins, il soutient que le christianisme purement éthique, devenu si populaire, est « gravement et douloureusement défectueux s’il [ne va] pas jusqu’à modifier le cœur même [de la doctrine], établissant ainsi des relations fausses entre les vérités qu’il retient ». Par ses prises de position dans certains des grands débats théologiques de l’heure, King se classait comme un homme attaché à la tradition, sans pour autant être étroit d’esprit. Bien au fait de la théologie libérale, il en reconnaissait les qualités, mais en discernait les faiblesses.

King discutait aussi de questions plus profanes, tant d’intérêt local que national. En 1889, il parla de la place de la religion dans les écoles manitobaines [V. Thomas Greenway*] dans une conférence intitulée Education : not secular nor sectarian, but religious. L’éducation purement laïque, affirmait-il, « procède d’une incompréhension radicale de la constitution de l’être humain, dans laquelle la nature intellectuelle et la nature morale sont inséparablement liées ». Cependant, il s’opposait au concept d’écoles « séparées » ou « confessionnelles » dans lesquelles on enseignait « les doctrines et rites distinctifs » d’une Église. Sans juger, « petites ou négligeables les différences entre l’Église catholique et les Églises protestantes », il soutenait que l’enseignement religieux qu’il fallait donner dans les écoles publiques pourrait s’appuyer sur les « grandes croyances communes de la chrétienté ».

John Mark King influença profondément la vie religieuse et éducationnelle du Manitoba dans les années 1880 et 1890. Homme aux convictions fortes et à la pensée claire, c’était aussi un être chaleureux et ouvert, qui inspirait à la fois confiance, amour et respect. Il avait le génie de l’amitié. Son savoir et son pragmatisme en faisaient un chef d’une efficacité exceptionnelle, dont les opinions et l’appui avaient beaucoup de poids. Sa mort provoqua bien sûr des épanchements de chagrin mais inspira aussi des témoignages qui montraient que sa disparition était une perte cruelle pour l’Église et le pays. Joseph Walter Sparling, directeur du Wesley College, exprima l’avis de bien des gens quand il dit : « Aucun décès survenu au Manitoba depuis mon arrivée, il y a dix ans, n’a créé, selon moi, un aussi grand vide. »

Gordon Harland

John Mark King est l’auteur de nombreux ouvrages, articles, adresses et sermons ; parmi les plus importants, notons : The atonement [...] (Winnipeg, 1895) ; The characteristics of Scottish religious life and their causes [...] (Toronto, 1882) ; A critical study of In memoriam (Toronto, 1898) ; Education : not secular nor sectarian, but religious (Winnipeg, 1889) ; The purely ethical Gospel, examined [...] (Winnipeg, 1897) ; « The spirit in which theological enquiry should be prosecuted », Manitoba College Journal (Winnipeg), 8 (1893) : 127–134 ; The theology of Christ’s teaching (Toronto, 1903) ; Three great preachers (Vinet, Liddon and Newman) [...] (Winnipeg, 1890).

Arch. privées, Ruth Gordon (Winnipeg), J. M. King, lettres, sermons et cahiers, – GRO (Édimbourg), Yetholm, reg. of births and baptisms, 6 juill. 1831.— Ontario, Office of the Registrar General (Toronto), Marriages, registration n1873-05-014331.— UCC, Manitoba and Northwestern Ontario Conference Arch. (Winnipeg), J. M. King papers ; Manitoba College, Board, minutes, 6 janv. 1882–30 sept. 1924 ; Senate, minutes, 1897–1937 ; Presbyterian Church in Canada, Manitoba Presbytery, minutes, 1875–1884 ;.Synod of Manitoba and the North-West Territories, records, 18841899 ; Winnipeg Presbytery, minutes, 1897–1913 ; records, 1884–1897.— UCC-C, J. M. King papers.— Univ. of Winnipeg Arch., J. M. King papers.— Manitoba College Journal, numéro souvenir, [1899].— PCC Acts and proc., 1883.— Manitoba Morning Free Press, 6, 7, 9, 13 mars 1899.— Winnipeg Daily Tribune, 7 mars 1899.— A catalogue of the graduates in the faculties of art, divinity and law, of the University of Edinburgh, since its foundation (Édimbourg, 1858).— Gordon Harland, « John Mark King : first principal of Manitoba College », Prairie spirit : perspectives on the heritage of the United Church of Canada in the west, D. L. Butcher et al., édit. (Winnipeg, 1985), 171–183.— Schofield, Story of Manitoba, 2 : 612–619.— [T. W. Taylor], Historical sketch of Saint James Square Presbyterian congregation, Toronto, 1853–1903 (Toronto, s.d.).— C. W. Gordon, « The Rev. J. M. King, D.D., first principal, Manitoba College », Manitoba College Journal, 23 (1907) : 1–6.

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Gordon Harland, « KING, JOHN MARK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/king_john_mark_12F.html.

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Auteur de l'article:    Gordon Harland
Titre de l'article:    KING, JOHN MARK
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    20 nov. 2024