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KEEFER, FRANCIS HENRY, avocat, homme politique et fonctionnaire, né le 24 juillet 1860 à Strathroy, Haut-Canada, fils de James Keefer, marchand et préfet de village, et de Maria Cook ; en janvier 1884, il épousa Annie Frances Daby (Daley, Davey) (décédée en 1915), et ils eurent deux filles, dont l’une mourut jeune, et deux fils, puis le 15 août 1917, à Toronto, Margaret Wilhemina Keefer ; décédé le 4 décembre 1928 dans cette ville.
Après avoir fréquenté la Strathroy Grammar School et l’Upper Canada College, Francis Henry (Frank) Keefer étudia à la University of Toronto, où il obtint en 1881 une licence ès arts puis en 1882 une maîtrise ès arts et une licence en droit. En 1883, il s’installa à Prince Arthur’s Landing (Port Arthur, aujourd’hui Thunder Bay) ; selon un périodique local, le Weekly Herald and Lake Superior Mining Journal, il était alors métallurgiste. Reçu au barreau en 1884, il s’associa, dans la même localité, au cabinet de son frère Thomas Alexander Keefer et d’Edward Robert Cameron, qui partit peu après. Tout en pratiquant le droit, les frères Keefer s’intéressaient aux mines. En 1889, Frank assuma en plus la fonction de conseiller juridique de Port Arthur ; il l’exercerait jusqu’en 1910. Nommé conseiller fédéral de la reine en 1897 et conseiller provincial du roi en 1907, il appartenait à plusieurs associations – les Foresters, la société des Oddfellows, le Port Arthur Club – et fut délégué au synode général de l’Église d’Angleterre au Canada.
Avocat compétent, Keefer acquit une perspective continentale sur des questions liées au transport et aux richesses naturelles. Son travail de conseiller juridique auprès des gouvernements fédéral et ontarien devant la Commission internationale des voies d’eau limitrophes [V. sir George Christie Gibbons*] aiguisa sa passion pour le trafic maritime, qui lui venait de son grand-père George Keefer*, premier président de la Welland Canal Company et fondateur de Thorold en Ontario.
Une fois établi à Port Arthur, Keefer s’était aussi mis à faire de la politique. Par exemple, en tant que secrétaire de la Liberal-Conservative Association of West Algoma, il signala en 1891 au premier ministre du pays, sir John Alexander Macdonald*, qu’une nouvelle investiture de Simon James Dawson* ne serait pas bien accueillie. Lui-même candidat en 1908, il subit la défaite au profit de James Conmee*. Il siégerait cependant à la Chambre des communes de 1917 à 1921 à titre de député unioniste-conservateur de la circonscription de Port Arthur et Kenora.
Pendant son mandat à Ottawa, Keefer agit comme avocat et conseiller juridique auprès de la Commission canadienne de ravitaillement, organisme fédéral, et fut sous-secrétaire d’État parlementaire aux Affaires extérieures de 1918 à 1920. Lorsque les Communes examinèrent l’idée de remplacer le beurre par la margarine pendant la durée de la guerre, Keefer, peut-être sur la foi de renseignements obtenus à la Commission canadienne de ravitaillement, défendit l’emploi de ce substitut avec plus de conviction que quiconque, à l’encontre des protestations de l’industrie laitière. Représentant d’une circonscription où l’on trouvait trois chemins de fer transcontinentaux et neuf points d’entretien pour les trains, il préconisa aussi l’adoption, par les chemins de fer gouvernementaux, de mesures d’indemnisation des travailleurs équivalentes à celles en vigueur dans les sociétés ferroviaires privées. En outre, il promut des mécanismes qui permettraient aux employés des chemins de fer de voter dans les cas où leur travail les éloignerait de leur circonscription avant l’ouverture des bureaux de scrutin.
Les interventions les plus poussées de Keefer portèrent sur le commerce avec les Antilles et sur l’amélioration du réseau des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Selon lui, le transport du blé et du minerai coûterait moins cher et le Canada dépendrait moins du charbon américain si ce réseau comportait des voies plus profondes. Il se trouva en désaccord avec son gouvernement – position qualifiée par lui-même de « bien peu enviable » en 1921 – au sujet de la mesure législative qui créait le Lake of the Woods Control Board. Cet organisme de réglementation de l’eau et de l’énergie semblait répondre surtout aux besoins de Winnipeg. Keefer, à qui cette initiative ne paraissait pas judicieuse, fit valoir les intérêts du Nord-Ouest ontarien. « Winnipeg est une très grosse ville, reconnut-il, mais je ne pense pas qu’elle devrait, par voie législative ou autrement, être autorisée à priver de ses droits la petite ville de Kenora sans consultation, négociation ni indemnisation. »
Dès novembre 1920, Keefer prônait ouvertement la création, dans le Nord-Ouest ontarien, d’une province appelée Superior. C’est peut-être la détermination avec laquelle il défendait les intérêts du Nord, à l’encontre de la politique de son gouvernement, qui attira l’attention de George Howard Ferguson*, chef des conservateurs de l’Ontario. Quoi qu’il en soit, Ferguson recruta Keefer (qui n’était alors plus député fédéral) pour les élections provinciales de juin 1923, que le Parti conservateur remporta haut la main. Élu dans Port Arthur, Keefer représenterait cette circonscription jusqu’à sa défaite en 1926. Un mois après les élections, il fut nommé secrétaire législatif du Nord ontarien. Avec le temps, il réussit à obtenir que le bureau central du département des Terres et Forêts dans le Nord-Ouest soit situé à Port Arthur. Ces succès lui apportèrent sans doute quelque satisfaction, car il avait déjà fait observer : « nous, dans le Nord, nous nous battons contre les rigueurs de la nature et je considère qu’on devrait nous accorder la plus grande sympathie ».
Dans le dossier du Saint-Laurent, Keefer défendait jalousement les intérêts de l’Ontario. En jouant ce rôle, pourtant conforme à ses prises de position en faveur d’un réseau de voies navigables profondes, il eut quelques démêlés avec le premier ministre Ferguson, qui ne souhaitait pas qu’une proposition de canal vienne gêner les projets hydroélectriques de la province. Keefer continuait également de dénoncer « le vol de Chicago », c’est-à-dire le détournement illicite d’une partie des eaux du lac Michigan vers le golfe du Mexique. Il surveillait les machinations de Chicago en veillant particulièrement aux intérêts de la Great Lakes Harbours Association of Canada and the United States et répétait aux grands personnages politiques d’Ottawa que seul l’aménagement du Saint-Laurent permettrait de nouer des alliances canado-américaines capables de résoudre le problème de Chicago. En 1927, il fit appel au premier ministre du Canada, William Lyon Mackenzie King*, en invoquant l’intérêt porté aux canaux par leurs familles : « Il y a exactement un siècle, votre grand-père [William Lyon Mackenzie*] et le mien étaient administrateurs de la Welland Canal Company et ils ont ouvert ce canal à la circulation […] Comme ce serait bien, me suis-je dit tout récemment, si son petit-fils, de surcroît premier ministre du Canada, pouvait faire adopter […] l’entente avec le gouvernement des États-Unis en vue de faire la même chose avec le Saint-Laurent. »
Nommé commissaire public de la province de l’Ontario en mai 1928, Francis Henry Keefer commençait à peine à faire sentir son influence à ce titre lorsque, en décembre, il succomba à une crise cardiaque chez lui à Toronto. On l’inhuma au cimetière Lakeview à Thorold. Un de ses fils vivait dans cette localité ; lui-même s’était longtemps intéressé à l’histoire de Thorold et avait été attaché à l’église anglicane St John.
Francis Henry Keefer est l’auteur de Beaverdams (Thorold, Ontario, 1914).
AO, RG 80-5-0-917, nº 4133.— BAC, MG 26, I.— Thorold Post, 6, 13, 27 déc. 1928.— Toronto Daily Star, 5 déc. 1928.— Weekly Herald and Lake Superior Mining Journal (Port Arthur [Thunder Bay], Ontario), 3 avril 1884, 24 janv. 1885.— Christopher Armstrong, The politics of federalism : Ontario’s relations with the federal government, 1867–1942 (Toronto, 1981).— Canada, Chambre des communes, Débats, 2 avril 1919 : 1083–1085 ; 31 mai 1921 : 4184–4198.— Canada Law Journal (Toronto), 20 (1884) : 356, 391.— Canadian annual rev., 1917–1927/1928.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— E. M. Chadwick, Ontarian families : genealogies of United-Empire-Loyalist and other pioneer families of Upper Canada (2 vol., Toronto, 1894–1898 ; réimpr., 2 vol. en 1, Lambertville, N.J., [1970]), 2.— Alexander Fraser, A history of Ontario : its resources and development (2 vol., Toronto, 1907), 2 : 796–798.— W. H. Heick, A propensity to protect : butter, margarine and the rise of urban culture in Canada (Waterloo, Ontario, 1991).— John Hilliker et Donald Barry, le Ministère des Affaires extérieures du Canada (2 vol., [Québec], 1990–1995), 1.— Peter Oliver, G. Howard Ferguson : Ontario Tory (Toronto, 1977).— Who’s who in Canada, 1925–1926.
Jamie Benidickson, « KEEFER, FRANCIS HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/keefer_francis_henry_15F.html.
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Titre de l'article: | KEEFER, FRANCIS HENRY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |