KANON (Canon, Cannon), JACQUES, corsaire, officier de marine, circa 1756–1761.
Le premier document connu concernant Jacques Kanon date de l’automne 1756, alors qu’il commandait un corsaire dont l’armement avait été financé grâce à des intérêts privés de Dunkerque, en France. Au cours d’une croisière sur la Manche, il fit plusieurs captures, dont un navire ennemi beaucoup plus gros, ce qui lui valut d’être nommé par la suite lieutenant de frégate dans la marine. En janvier 1758, Kanon se trouvait capitaine de la frégate la Valeur, armée de 20 canons, lorsqu’il captura un corsaire anglais. En avril, ayant reçu l’ordre d’escorter trois vaisseaux qui transportaient du riz, du blé et de la farine en Nouvelle-France, il quitta Dunkerque avec une petite frégate, la Mignonne. La capture d’un vaisseau par les navires qu’il escortait, au nord du détroit de Belle-Isle, fut le seul événement de la traversée.
Il est impossible de savoir si Kanon connaissait François Bigot* et Joseph-Michel Cadet* avant son arrivée à Québec. Quoi qu’il en soit, il eut tôt fait de gagner leur confiance. Engagé par Cadet en août, Kanon fut chargé de transmettre à ses agents de Bordeaux des instructions concernant des approvisionnements dont il avait besoin l’année suivante. En retour de ses services, Kanon devait recevoir 200# par mois, 50 tonneaux d’espace gratuit sur le cargo et 2 1/2 p. cent du profit net découlant de la vente de toute capture saisie en route. Parti sans escorte de Québec vers la fin d’août, Kanon fit voile en direction de Bordeaux où les agents de Cadet commençaient à acheter et à louer des navires. Certaines difficultés empêchèrent un retour rapide en Nouvelle-France, mais finalement, le 25 mars 1759, 17 navires marchands lourdement chargés quittaient le port de Bordeaux. Cette flotte était dirigée par Kanon qui, entouré d’un équipage de 166 hommes, se trouvait à bord du Machault, navire de 26 canons, jaugeant 550 tonneaux, dont on venait de faire l’acquisition. Cette autre traversée de Kanon se déroula sans péripétie et passa inaperçue. La dernière semaine de mai, tous les navires de Cadet avaient gagné Québec sans accident. Ceux-ci, ainsi que deux frégates de la marine et une flûte commandée par Jean Vauquelin* furent les seuls navires à mouiller à Québec en 1759.
Vauquelin, qui s’était illustré à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), l’année précédente, avait un plus haut grade que Kanon, mais celui-ci, en qualité de premier capitaine de Cadet, ne manquait pas d’exercer une certaine influence dans les assemblées tenues à Québec. Au cours de l’attaque des Anglais, Kanon refusa de servir sous les ordres de Vauquelin et semble avoir agi à quelques reprises de façon à faire échouer certaines opérations dirigées contre les Anglais sur le fleuve, notamment une tentative pour capturer un navire de 50 canons et trois frégates en amont de la ville.
Après la chute de Québec, les Français retinrent leurs vaisseaux dans le haut Saint-Laurent, Kanon reçut l’ordre de conduire les navires marchands en France. Plusieurs s’échouèrent à leur départ, mais, le 25 novembre, Kanon passa à Québec et continua en aval du fleuve avec cinq navires. Leur traversée en France n’ayant pas été interrompue, Kanon jetait l’ancre à Brest le 23 décembre. Kanon devait apparemment conduire un second convoi en Nouvelle-France sous les ordres de Cadet, mais il abandonna le projet, sans doute après avoir appris à quel point la situation était précaire pour la marine française. Il retourna plutôt à Dunkerque, où des armateurs appareillèrent deux corsaires pour lui, en vue de l’envoyer à Saint-Domingue (île d’Haïti). La dernière référence à Kanon est de 1761, date à laquelle il dirige un navire corsaire en croisière pour quatre mois.
Jacques Kanon fut essentiellement un corsaire. Il était relié à la Nouvelle-France par un intérêt personnel qu’il sut orienter ailleurs après la chute de Québec.
La description la plus complète des antécédents et de la carrière de Kanon se trouve dans Jean de Maupassant, Les deux expéditions de Pierre Desclaux au Canada (1759 et 1760), Revue historique de Bordeaux, VIII (1915) : 225–240, 313–330 [j.s.p].
Journal du marquis de Montcalm (Casgrain), 431, 557, 595.— Journal du siège de Québec (Fauteux), RAPQ, 1920–1921, 140, 146, 203, 239.— Lettres de divers particuliers (Casgrain), 100, 218.— Lettres de l’intendant Bigot (Casgrain), 52, 82, 100.— Lettres du marquis de Vaudreuil (Casgrain), 89, 171.— Mémoires sur le Canada, depuis 1749 jusqu’à 1760, 126s.— Le sieur Canon ou Kanon, BRH, XXV (1919) : 206–209.
James S. Pritchard, « KANON (Canon, Cannon), JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/kanon_jacques_3F.html.
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Auteur de l'article: | James S. Pritchard |
Titre de l'article: | KANON (Canon, Cannon), JACQUES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |