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KĀ-KĪWISTĀHĀW (Kahkewistahaw, c’est-à-dire « celui qui vole autour »), chef des Cris des Plaines, né vers 1810, probablement près de l’emplacement du fort Ellice (Fort Ellice, Manitoba), fils de Le Sonnant ; décédé en 1906 dans la réserve Kahkewistahaw, Saskatchewan.
Kā-kīwistāhāw appartenait à une prestigieuse famille de Rabbit Skins, groupe de Cris des Plaines qui, au début du xixe siècle, vivait dans le triangle formé par la rivière Rouge, la rivière Assiniboine et l’actuelle frontière du Manitoba et de la Saskatchewan. Le Sonnant, guerrier et sorcier guérisseur qui signa le traité de Selkirk en 1817 [V. Peguis*], était considéré comme chef des gens d’en bas (Downstream), les groupes de Cris des Plaines qui vivaient le plus à l’est. Mahkesīs (Mahkaysis, Fox), fils de Le Sonnant et frère cadet de Kā-kīwistāhāw, était un chasseur, un pacificateur et un linguiste renommé, et au milieu du siècle, il était grand chef des Cris de l’Est. Okanese et Paskwāw*, tous deux fils de Mahkesīs, signèrent le traité no 4 au fort Qu’Appelle (Fort Qu’Appelle, Saskatchewan) en 1874, tout comme leur oncle Kā-kīwistāhāw.
Bien que, d’une façon générale, les Rabbit Skins aient participé davantage à la traite des pelleteries que les autres groupes de Cris des Plaines, les membres de la bande de Kā-kīwistāhāw tiraient surtout leur subsistance de la chasse au bison et se trouvaient bien à l’écart des trajets de traite de la Hudson’s Bay Company. Au début des années 1870, ils chassaient sur le coteau Missouri, à l’ouest du lac Old Wives (Saskatchewan). La bande, qui regroupait 63 familles en 1876, se composait surtout de Cris, mais pendant un temps, elle compta aussi plusieurs Sauteux, dont Sakimay, qui s’établit par la suite dans une réserve distincte au lac Crooked.
La réserve Kahkewistahaw, qui fut arpentée en 1881, se trouvait du côté sud de la vallée de la Qu’Appelle, entre le lac Round et le lac Crooked, sur un emplacement où les Indiens des Prairies avaient coutume d’hiverner. Comme elle englobait des terres fertiles et des terres propices à la culture du foin, et comme le chemin de fer canadien du Pacifique la longeait du côté sud, les colons blancs des environs auraient bien aimé se l’approprier. Au moment de la conclusion du traité de 1874, les membres de la bande n’avaient manifesté aucun désir de devenir fermiers ; ils avaient continué à chasser le bison, allant même, pour cela, jusqu’aux monts Cypress, à l’ouest. Par contre, une fois installés dans la réserve, bon nombre d’entre eux se mirent à l’agriculture et à l’élevage. Le chef Kā-kīwistāhāw lui-même le fit, et il figura parmi les signataires du traité no 4 qui réclamèrent un accroissement de l’assistance agricole dans les années 1880. La sécheresse qui marqua cette décennie eut souvent des effets fâcheux dans le district, mais de toutes les réserves visées par le traité no 4, celles qui relevaient de l’agence du lac Crooked ne tardèrent pas à se ranger parmi les plus avancées en matière d’agriculture. En plus, la bande de Kā-kīwistāhāw vendait du foin, du bois de chauffage, de la racine de sénéca et des baies sauvages.
Pendant la résistance de 1885, Kā-kīwistāhāw comme la plupart des chefs indiens des Prairies, dont Crowfoot [Isapo-muxika*] et Kiwisānce*, ne laissa planer aucun doute quant à son intention de respecter les engagements pris par traité. Cette année-là, l’agent des Affaires indiennes Allan Macdonald nota ses paroles : « Agent, tu te rappelles quand j’ai promis que j’irais dans ma réserve. J’ai dit aussi que, pour moi et mes jeunes gens, le temps des combats était fini. Je maintiens ces paroles ; quoi qui puisse arriver au nord, nous resterons dans nos réserves et nous nous occuperons de notre travail. » Il fit aussi savoir à Macdonald que, si sa famille n’était pas en sécurité à Indian Head, il n’avait qu’à l’envoyer dans la réserve, où on la protégerait. En 1886, avec d’autres chefs « loyaux », Kā-kīwistāhāw fit une tournée de l’Ontario et assista à Brantford au dévoilement du monument à la mémoire de Joseph Brant [Thayendanegea*]. Étant donné ses traits aristocratiques, la dignité de son maintien et sa stature imposante – il mesurait plus de six pieds et était « encore droit comme un i » –, il correspondait fort bien à l’image romantique que les Canadiens se faisaient alors de l’Indien des Prairies.
En 1886, les résidents non autochtones de Broadview (Saskatchewan) et du district lancèrent une campagne en faveur de la rétrocession des terres de la réserve qui bordaient le chemin de fer. Malgré des pressions considérables et répétées chaque année, les habitants de la réserve Kahkewistahaw s’y opposèrent fermement. En 1902, le commissaire des Affaires indiennes David Laird*, qui avait assisté à la conclusion du traité de 1874, les pressentit à ce sujet. Le chef Kā-kīwistāhāw, alors âgé de plus de 90 ans, se souvenait bien de lui. « Quand nous avons conclu le traité à Qu’Appelle, lui répondit-il, tu m’as dit de me choisir des terres, et à présent tu viens me parler ici même. On nous a dit de prendre cette terre et nous allons la garder. Ne t’ai-je pas dit, il y a longtemps, que tu viendrais un jour, que tu viendrais me demander de te revendre cette terre, et que t’ai-je dit à l’époque[?] Non. » Laird, notant que la rétrocession de la partie sud de la réserve signifierait la perte des meilleures terres, n’insista pas. Mais Kā-kīwistāhāw mourut en 1906 et, à peine un an après, la rétrocession de 33 281 acres – au delà de 70 % de la réserve – était chose faite.
Nous remercions les professeurs H. C. Wolfart et David Pentland pour l’aide apportée dans la détermination de l’orthographe correcte du nom du sujet en langue crie. [s. a. c.]
AN, RG 10, 3612, dossier 4012 ; 3642, dossier 7581 ; 3710, dossier 19550, 3e partie ; 3732, dossier 26623.— Canadian Plains Research Centre, Univ. of Regina, David Mandelbaum field-notes.— GA, M4379.— George Bryce, Holiday rambles between Winnipeg and Victoria (Winnipeg, 1888).— Canada, Parl., Doc. de la session, rapport annuel du département des Affaires indiennes, 1883, 1906–1907.— S. [A.] Carter, Lost harvests : prairie Indian reserve farmers and government policy (Montréal et Kingston, Ontario, 1990).— E. T. Denig, Five Indian tribes of the upper Missouri : Sioux, Arickaras, Assiniboines, Crees, Crows (Norman, Okla, 1961).— Karl Bodmer’s America, introd. de W. H. Goetzmann, D. C. Hunt et M. V. Gallagher, édit. (Lincoln, Nebr., 1984).— Morris, Treaties of Canada with the Indians.— A. B. Stonechild, « The Indian view of the 1885 uprising », 1885 and after : native society in transition, F. L. Barron et J. B. Waldram, édit. (Regina, 1986), 155–170.
Sarah A. Carter, « KĀ-KĪWISTĀHĀW (Kahkewistahaw) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ka_kiwistahaw_13F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/ka_kiwistahaw_13F.html |
Auteur de l'article: | Sarah A. Carter |
Titre de l'article: | KĀ-KĪWISTĀHĀW (Kahkewistahaw) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 22 nov. 2024 |