HOWARD, LEONORA ANNETTA (King), institutrice, médecin et missionnaire, née le 17 mars 1851 près de Farmersville (Athens, Ontario), fille de Peter Gilton Howard, fermier, et de Dorothy E. Carter ; petite-fille du docteur Peter Howard* ; le 21 août 1884, elle épousa à T’ien-tsin (Tianjin, république populaire de Chine) Alexander King ; décédée le 30 juin 1925 à Peitaiho (Beidaihe, république populaire de Chine).

Après des études à Soperton, près de la ferme familiale dans le comté de Leeds, Leonora Annetta Howard fréquenta l’école normale de Syracuse, dans l’État de New York, et enseigna durant quelques années dans l’est de l’Ontario, mais son rêve était de devenir médecin. Comme le Royal College of Physicians and Surgeons of Kingston n’acceptait pas de former des femmes, elle demanda à s’inscrire à l’école de médecine de la University of Michigan, qui l’accepta en 1872. Elle obtint en 1876 un doctorat en médecine avec mention très bien. L’année précédente, la Woman’s Foreign Missionary Society de l’Église méthodiste épiscopale américaine l’avait acceptée parmi ses membres. Peut-être Mlle Howard avait-elle subi l’influence d’Adelaide Galliland, membre de sa congrégation méthodiste à Soperton et première Canadienne à vivre en Chine, à titre d’épouse d’un missionnaire américain, Virgil Hart.

En 1877, la docteure Howard fut envoyée en Chine par la société missionnaire. Elle s’établit à Pékin (Beijing) afin d’assister l’Américaine Lucinda L. Coombs, première femme médecin de ce pays. En 1878, celle-ci quitta la société missionnaire pour se marier. La docteure Howard continua seule, à Pékin et à l’extérieur. Pour donner des soins, elle s’installait derrière des maisons, dans des auberges délabrées ou même sous les arbres dans de lointains villages de province. En août 1879, le vice-roi de la province du Zhili, Li Hung-chang, la convoqua à T’ien-tsin auprès de sa femme, qui relevait d’une grave maladie.

Par la suite, la docteure Howard fut invitée à rester – honneur rarement conféré à des Occidentaux – et se vit attribuer, pour sa pratique, une partie du temple consacré à la mémoire de l’homme d’État Tseng Kouo-fan. En raison de l’influence de dame Li, bien des Chinois riches et nobles lui ouvrirent leurs portes (et, présume-t-on, leur porte-monnaie). Peu après, la mère de Li Hung-chang légua 1 000 $ à son œuvre ; c’était, dit-on, la première fois qu’une Chinoise faisait un don à une œuvre missionnaire. Le prestige de la docteure Howard s’accrut encore du fait que, en 1880, des missionnaires et des correspondants de presse lui attribuèrent le mérite d’avoir contribué à la conclusion du traité sino-américain négocié par James Burrill Angell, ambassadeur des États-Unis en Chine et recteur de la University of Michigan.

En 1881, Leonora Annetta Howard ouvrit à T’ien-tsin, sous le parrainage de la Woman’s Foreign Missionary Society, l’Isabella Fisher Hospital for Women and Children, baptisé en l’honneur d’une bienfaitrice américaine. Grâce à son labeur, T’ien-tsin, plutôt que Pékin, devint le centre médical de la mission tenue par la société dans le nord de la Chine. La docteure Howard déplorait que le travail d’évangélisation de son groupe ne progresse pas au même rythme que le travail médical, bien que, en fait, le fondamentalisme et le souci de convertir aient été moins accentués chez elle que chez d’autres. En 1884, elle épousa Alexander King, veuf et ministre écossais arrivé en Chine en 1880 ; il appartenait à la London Missionary Society. Les femmes missionnaires qui se mariaient étaient tenues d’adhérer à l’organisation de leur mari, mais, même si Leonora Annetta dut quitter la Woman’s Foreign Missionary Society, elle ne fut jamais attachée officiellement à la London Missionary Society. Elle travaillait alors presque exclusivement pour les Chinois, qui l’appelaient la doctoresse Ke Ye-da (King en chinois). En 1885, encore une fois avec l’appui de dame Li, elle ouvrit le Government Hospital for Women and Children.

En 1891, la docteure King et son mari profitèrent du congé auquel ils avaient droit pour se rendre au Canada et en Angleterre. En 1894, lorsque la Chine et le Japon se déclarèrent la guerre au sujet de la suzeraineté de la Corée, Mme King ferma ses hôpitaux à tous, sauf aux soldats et marins chinois. Pour son héroïsme, cette femme grande et mince reçut l’année suivante l’ordre du double Dragon ; elle devenait ainsi la première Occidentale à accéder à la dignité de mandarin. Pendant la révolte des Boxers en 1900, les King et trois autres missionnaires furent les seuls à rester dans T’ien-tsin assiégée et à y continuer leur travail – les autres s’enfuirent au Japon ou rentrèrent dans leur pays. En 1902, un an après la mort du protecteur de Leonora Annetta, Li Hung-chang, les King prirent leur deuxième congé : Alexander retourna en Angleterre et en Écosse tandis que Leonora Annetta, qui détestait le climat britannique, alla suivre des cours de médecine à Vienne.

En 1908, la docteure King ouvrit à T’ien-tsin la première école du pays où l’on préparerait des Chinoises à la profession de médecin et d’infirmière, la Government Medical School for Women. En 1915, la Woman’s Foreign Missionary Society ouvrit un nouvel Isabella Fisher Hospital ; on y baptisa une salle en l’honneur de Leonora Annetta King. Bien qu’elle-même et son mari aient officiellement pris leur retraite en 1917, ils continuèrent leur « œuvre de guérison et d’amour ». Au cours de cette période, ils adoptèrent Agnes Clarke, fille de missionnaires britanniques morts pendant des troubles.

Leonora Annetta Howard King et Alexander King revinrent au Canada en 1923 pour rendre visite à sa famille à elle et chercher près de Gananoque, dans son comté natal, une propriété où ils pourraient se retirer. De retour en Chine pour emballer leurs effets et fermer leurs maisons, la docteure King se vit interdire toute pratique de la médecine par les autorités de T’ien-tsin. On ignore pourquoi. Peut-être celles-ci l’obligeaient-elles à respecter sa mise à la retraite ; peut-être la mettait-on à l’écart parce que le nouveau mot d’ordre était « La Chine aux Chinois ». Avant d’avoir pu repartir, elle succomba à la grippe dans sa maison de campagne de Peitaiho. Sa sépulture n’a pu être localisée. Alexander King mourut en Angleterre en 1939.

Margaret Negodaeff

Les sources de documentation sur la vie de Leonora Annetta Howard figurent dans notre plus longue biographie intitulée Honour due : the story of Dr. Leonora Howard King (Ottawa, 1999). [m. n.]

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Margaret Negodaeff, « HOWARD, LEONORA ANNETTA (King) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/howard_leonora_annetta_15F.html.

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Auteur de l'article:    Margaret Negodaeff
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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