HORETZKY, CHARLES GEORGE, trafiquant de fourrures, photographe, arpenteur, auteur, ingénieur et fonctionnaire, né le 20 juillet 1838 à Édimbourg, enfant unique du musicien ukrainien Felix Horetzky et de Sophia Robertson, du Roxburghshire, Écosse ; en 1865, il épousa Mary Julia Ryan, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 30 avril 1900 à Toronto.

En 1854, après des études incomplètes au Blair’s College d’Aberdeen et en Belgique, Charles George Horetzky quitta l’Europe pour les régions aurifères d’Australie ; il avait alors 16 ans. Venu ensuite au Canada, il signa un contrat avec la Hudson’s Bay Company à la fin de 1858 et travailla à titre de commis au fort William (Fort William, Québec), sur la rivière des Outaouais. Promu comptable en 1864 au siège du département du Sud de la compagnie, Moose Factory, dans le Haut-Canada, il épousa Mary Julia Ryan, fille de l’un des magnats du bois de l’Outaouais, Roderick Ryan, dès le printemps suivant. C’est au cours de son séjour à Moose Factory que Horetzky développa de remarquables dons de photographe amateur.

Muté en août 1869 à Upper Fort Garry (Winnipeg) en qualité de comptable, Horetzky ne put assumer ses nouvelles fonctions car le soulèvement de la Rivière-Rouge [V. Louis Riel*] venait de commencer. Il eut donc l’autorisation de retourner temporairement au Canada. Pendant qu’il séjournait à Ottawa, cet hiver-là, il connut des difficultés avec la Hudson’s Bay Company parce que son compte était à découvert. Il se montra si intransigeant que son employeur, agacé, mit fin à son engagement en avril 1870. Après avoir demandé en vain au comité de Londres de la compagnie de renverser cette décision, Horetzky, qui avait une femme et une petite fille, se tourna vers Charles Tupper*. Ami de la famille, probablement depuis l’époque où il avait fréquenté l’école de médecine d’Édimbourg, et ministre du gouvernement libéral-conservateur de sir John Alexander Macdonald, Tupper recommanda Horetzky plusieurs fois à Sandford Fleming*, ingénieur en chef de la construction d’un chemin de fer qui irait jusqu’au Pacifique. En mai 1871, Horetzky apprit qu’il participerait, en qualité de photographe, aux levés qu’on allait faire dans les parties les moins connues de la Colombie-Britannique et des Territoires du Nord-Ouest.

Affecté en juin 1871 à une équipe que dirigeait l’ingénieur Frank Moberly, Horetzky passa l’automne et l’hiver dans la région comprise entre la rivière Rouge et le col de la Tête-Jaune, dans les Rocheuses, après quoi il rentra à Ottawa. Il rapportait plusieurs photographies exceptionnelles, dont Camp at elbow of the North Saskatchewan, probablement la plus célèbre. Enchanté de son travail, Fleming lui demanda de l’accompagner à titre de guide et fournisseur l’été suivant, quand on effectuerait les levés du trajet du col de la Tête-Jaune. Parti avant ses compagnons afin de prendre les dispositions nécessaires, Horetzky quitta Upper Fort Garry le 31 juillet avec Fleming et son fils Frank, George Monro Grant* et le botaniste John Macoun*. Le 27 août, le groupe parvint au fort Edmonton (Edmonton), où Fleming modifia ses plans : Horetzky et Macoun feraient les levés d’un trajet situé plus au nord, dans la région de la rivière de la Paix.

Horetzky prit sa mission à cœur. La saison était avancée, et il ne s’entendait guère avec Macoun ; pourtant, il explora minutieusement le col de la rivière de la Paix et apprit, par des Indiens de la région, l’existence d’un autre col, à la rivière Pine (Pitié Pass, Colombie-Britannique). À partir du fort St John (près de Fort St John, Colombie-Britannique), qui appartenait à la Hudson’s Bay Company, lui et Macoun franchirent le portage Rocky Mountain en octobre, se rendirent au fort McLeod (McLeod Lake, Colombie- Britannique) puis, vers l’ouest, au fort St James (Fort St James, Colombie-Britannique). Macoun quitta alors Horetzky, qui continua seul les levés. Après un arrêt à Hazelton à la fin de décembre, Horetzky prit des photographies d’une partie de la région de la Skeena et des cours d’eau avoisinants, puis il suivit la rivière Nass jusqu’à la côte. Il s’embarqua ensuite pour San Francisco, d’où il retourna à Ottawa par le chemin de fer transcontinental des États-Unis.

Arrivé à Ottawa au début de mars 1873, Horetzky manifesta beaucoup d’enthousiasme pour la région de la rivière de la Paix, et surtout pour le col de la rivière Pine. Cependant, Fleming tenait fermement à ce que le chemin de fer canadien du Pacifique passe plus au sud, soit par le col de la Tête-Jaune, et il congédia Horetzky, qui avait fait connaître sa préférence au chef de l’opposition libérale, Alexander Mackenzie. Horetzky publia en octobre dans l’Ottawa Daily Citizen une série d’articles en faveur du trajet nord, puis un opuscule, The north-west of Canada [...], qui racontait une partie de ses explorations. Au début de 1874, il fit paraître un compte rendu plus exhaustif, Canada on the Pacific [...], dédié à Mackenzie, devenu premier ministre. Celui-ci insista pour que Fleming le réembauche à titre d’ingénieur explorateur en mai suivant.

Chargé de faire des levés dans le centre de la Colombie-Britannique et le nord de l’Ontario, Horetzky était mécontent d’avoir à prendre des photographies, car il se considérait comme un ingénieur, et se querellait avec ses supérieurs et d’autres ingénieurs, dont Marcus Smith. Il prenait pour un affront toute remise en question de ses avis techniques, se conduisait souvent imprudemment et désobéissait aux instructions sur le terrain. Le gouvernement de Mackenzie opta en fin de compte pour le trajet du col de la Tête-Jaune, choix que les conservateurs confirmèrent quand ils reprirent le pouvoir en 1878. Finalement, en avril 1880, Horetzky quitta la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique ; le mois suivant, il publiait Some startling facts relating to the Canadian Pacific Railway [...], dans lequel il critique vigoureusement le trajet adopté et reproche à Fleming de ne pas avoir reconnu les avantages du col de la rivière Pine. Il fit des déclarations semblables devant la Commission royale d’enquête sur la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique en décembre 1880, mais ne réussit qu’à donner de lui-même l’image d’une personne vaine et quelque peu instable.

En 1883, Charles George Horetzky entreprit une nouvelle carrière d’ingénieur au département des Travaux publics de l’Ontario, à Toronto. Il supervisa la construction de divers ouvrages à la fin des années 1880 et durant la décennie suivante ; de plus, il conçut les plans des égouts de plusieurs établissements publics, dont l’Ontario Agricultural College de Guelph. C’est à titre d’ingénieur sanitaire qu’il acquit enfin la reconnaissance qu’il recherchait si avidement depuis tant d’années. Le Daily Free Press d’Ottawa nota même dans la notice nécrologique qu’il lui consacra qu’« en tant que spécialiste des questions sanitaires, il n’avait pas son égal au pays ». Aujourd’hui, cependant, Horetzky est surtout reconnu comme photographe, même s’il s’est toujours considéré avant tout comme un ingénieur. Artiste talentueux, il a laissé une collection de photographies qui dépeignent admirablement bien ce qu’étaient les Territoires du Nord-Ouest canadien et la Colombie-Britannique à la fin du xixe siècle.

W. A. Waiser

Les Glenbow Arch. possèdent une série de 19 photographies originales de Charles George Horetzky (PB-239-(1–19) datées de 1871 et 1872. On trouve aussi deux albums reliés intitulés « Homathko River » (46 photographies) et « Peace River » (47 photographies) à la Vancouver Public Library. Enfin, les AN, Division de l’art documentaire et de la photographie, possèdent aussi d’autres photographies.

Horetzky est l’auteur de : The north-west of Canada : being a brief sketch of the north-western regions, and a treatise on the future resources of the country (Ottawa, 1873) ; Canada on the Pacific : being an account of a journey from Edmonton to the Pacific by the Peace River valley [...] (Montréal, 1874) : Views in the Cascade Mountains, British Columbia : on coast exploration of 1874 (s.l., [1874]) ; et Some startling facts relating to the Canadian Pacific Railway and the north-west lands [...] (Ottawa, 1880). Son rapport sur l’expédition de 1872–1873 fut imprimé en annexe de Report of progress on the exploration and surveys up to January 1874 (Ottawa, 1874) préparé par Sandford Fleming.

AN, MG 29, B1.— PAM, HBCA, B.134/g/33–39, 45–46 ; B.135/g/48–51 ; B.239/g/46.— G. M. Grant, Ocean to ocean ; Sandford Fleming’s expedition through Canada in 1872 (Londres et Toronto, 1873).— John Macoun, Autobiography of John Macoun, M.A. [...], introd. d’E. T. Seton (Ottawa, 1922).— Daily Free Press (Ottawa), 4 mai 1900.— Globe, 1er mai 1900.— Ottawa Daily Citizen, 9–10, 13–15, 17–18, 24 oct. 1873.— Ralph Greenhill et Andrew Birrell, Canadian photography, 1839–1920 (Toronto 1979).— Reid, « Our own country Canada ».— A. Royick, « Horetzky’s contribution to Canadian history » (communication faite devant la Second National Conference on Canadian Slavs, 1967).— Andrew Birrell, « Fortunes of a misfit : Charles Horetzky », Alta. Hist. Rev., 19 (1971), no 1 : 9–25.

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W. A. Waiser, « HORETZKY, CHARLES GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 24 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/horetzky_charles_george_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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