HEALEY (Healy), DOMINICK, briqueteur, organisateur syndical, pompier et organisateur de défilés, né entre 1846 et 1854 à Halifax, fils de Patrick Healey, briqueteur et maçon, et d’Annie Leonard ; le 2 juillet 1872, il épousa dans cette ville Mary Anne Conway, et ils eurent deux fils et deux filles qui survécurent ; décédé au même endroit le 26 mai 1911.

Dominick Healey représente très bien l’ouvrier haligonien de la seconde moitié du xixe siècle. On ne sait rien de ses premières années. Comme beaucoup d’autres, il suivit les traces de son père et apprit les métiers de tailleur de pierre, de briqueteur et de maçon. Selon le recensement de 1871, il était de foi catholique et résidait dans un district ouvrier avec son père veuf ; une famille néo-écossaise d’origine africaine et de foi baptiste ainsi que deux femmes célibataires dans la cinquantaine et également d’origine africaine vivaient dans le même logement qu’eux. En 1871, dans la classe ouvrière de Halifax, il n’était pas rare que des personnes de race et de religion différentes partagent une même habitation, mais cette pratique devint de plus en plus inhabituelle vers la fin du siècle.

Il était courant aussi que les ouvriers de Halifax soient obligés d’aller travailler en dehors de la ville. Apparemment, Healey partit vers 1878 et revint avant juin 1886. Son départ reflétait probablement les réalités du métier de briqueteur : Halifax comptait rarement assez de gros chantiers pour que plus de quelques briqueteurs y résident en permanence.

Deux changements survenus dans le mouvement ouvrier de Halifax pendant l’absence de Healey eurent beaucoup d’effet sur sa carrière. D’abord, en 1881, les peintres, charpentiers, briqueteurs et boulangers de la ville avaient créé l’Amalgamated Trades Union. Cette organisation présentait des points communs avec les Chevaliers du travail et encourageait l’instruction, l’action politique et la coopération entre les métiers. Ensuite, l’atelier no 1 du Bricklayers’ and Masons’ Union of Nova Scotia avait été fondé le 23 juin 1882. Dès son retour à Halifax, Healey milita dans ces deux syndicats. À titre de vice-président des briqueteurs et maçons, il fut pour beaucoup dans la décision d’affilier le syndicat local au syndicat international, le 16 janvier 1888, et il fut président du syndicat local en 1899 et en 1911. En outre, il occupa la vice-présidence de l’Amalgamated Trades Union en 1890 et la présidence en 1892 et en 1893.

Healey adorait se joindre à des groupes et y faire du travail d’organisation ; il n’œuvra pas seulement dans des associations ouvrières. Initié en novembre 1871 au maniement des dévidoirs à la Union Engine Company, association de pompiers volontaires, il réintégra les brigades de pompiers volontaires à son retour à Halifax. En 1896, il fut nommé premier lieutenant de la compagnie no 1. Devenu chef du district Sud en 1906, il exerça cette fonction jusqu’à sa mort. Des liens officieux existaient entre le Halifax Fire Department et la communauté catholique. Healey entretenait des rapports plus officiels avec cette communauté en tant que membre fondateur de la Catholic Young Men’s Total Abstinence Society, dont il fut vice-président en 1874–1875, et en tant que membre de l’Association catholique de bienfaisance mutuelle. En outre, il fit la quête à la cathédrale St Mary durant 25 ans.

Healey était un « libéral convaincu ». Ses liens avec le Parti libéral se renforcèrent par l’entremise de son employeur, Michael Edwin Keefe, entrepreneur et administrateur municipal de confession catholique qui se porta candidat libéral aux élections fédérales de 1896, mais subit la défaite. Grâce à Keefe, Healey fut nommé inspecteur provincial de la maçonnerie des ponts et, en 1900 ou en 1901, inspecteur fédéral de la maçonnerie. Il inspecta plusieurs ouvrages importants, dont le manège militaire de Halifax, achevé en 1899, et le Nova Scotia Technical College, terminé en 1909.

Bien que les nécrologies de Healey mettent l’accent sur ses compétences professionnelles et de sa personnalité – il était, dit-on, « l’un des meilleurs artisans de la ville » et « un citoyen de très grande valeur, honnête, droit et digne de confiance » –, on se souvenait surtout de son talent dans la coordination de défilés. Il fut l’organisateur et le maître de cérémonie des premiers et plus gros défilés ouvriers qui eurent lieu à Halifax au xixe siècle. Ainsi, en juillet 1890, il organisa un défilé de 1 500 hommes pour les célébrations de la fête du travail. En outre, à titre de maître de cérémonie de la St Mary’s Young Men’s Total Abstinence and Benevolent Society en 1894–1895, il aida le major Arthur Percy Sherwood*, commissaire de la police du dominion, à régler le cortège funèbre du premier ministre fédéral sir John Sparrow David Thompson* en janvier 1895. Il fut également maître de cérémonie au défilé des associations catholiques à l’occasion de la visite du délégué pontifical à Halifax.

Évoquant 25 ans plus tard le défilé de la fête du Travail de 1902, un ancien du mouvement ouvrier demanda : « Qui oubliera la voix de stentor du grand maître de cérémonie Dominick Healy, vêtu d’un chapeau haut de forme, d’une redingote, de gants de chevreau blanc et portant le bâton pourpre des Maçons et Briqueteurs, [cette] voix que l’on a pu entendre à un mille à la ronde lancer son fameux appel aux ouvriers : « Syndiqués, garde-à-vous. Guide à droite, en avant, marche ! »

Suzanne Morton

AN, RG 31, C1, 1871, 1891, 1901, Halifax.— PANS, MG 20, 534.— St Mary’s Roman Catholic Basilica (Halifax), RBMS (mfm aux PANS).— Acadian Recorder, 24 juill. 1890, 20 juill. 1892, 19 juill. 1893, 4 sept. 1899, 27 mai 1911.— Citizen (Halifax), 8 janv. 1927.— Halifax Herald, 3 août 1888, 24 juill. 1890, 3 janv. 1895, 27 mai 1911.— Morning Chronicle (Halifax), 27 mai 1911.— Annuaire, Halifax.— « History of the Halifax labor movement », Halifax District Trades and Labor Council, Journal (Halifax), 1928 (exemplaire aux PANS).— Ian MacKay, The craft transformed : an essay on the carpenters of Halifax, 1885–1985 (Halifax, 1985).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Suzanne Morton, « HEALEY (Healy), DOMINICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/healey_dominick_14F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/healey_dominick_14F.html
Auteur de l'article:    Suzanne Morton
Titre de l'article:    HEALEY (Healy), DOMINICK
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    20 nov. 2024