HARRISON, MARK ROBERT, peintre, directeur de théâtre et comédien, né le 7 septembre 1819 à Hovringham, Angleterre, fils de Robert Launcelot Harrison et d’Anne Bellmore ; décédé célibataire le 6 décembre 1894 à Fond du Lac, Wisconsin.
La famille de Mark Robert Harrison quitta l’Angleterre vers 1821 pour immigrer à Westmoreland, dans le comté d’Oneida, état de New York. Les Harrison demeurèrent 11 ans à cet endroit avant de s’installer à Hamilton, dans le Haut-Canada. Mark Robert, dont la mère était une artiste d’un certain talent, manifesta une inclination précoce pour l’art. Appuyé et encouragé par ses parents, il alla étudier à Toronto, à l’âge de 14 ans, sous la direction du portraitiste américain James Bowman*. Il reçut ensuite des leçons de Colby Kimble à Rochester, dans l’état de New York, avant de se rendre à New York même, où il fut l’élève de l’éminent portraitiste Henry Inman.
Harrison partit pour l’Angleterre à l’automne de 1838. Après un séjour d’un an et demi à la Royal Academy of Arts de Londres, il passa 15 mois au British Museum et dans la campagne, où il fit des croquis d’antiquités classiques et de ruines architecturales. En s’inspirant grandement de l’histoire, de la mythologie et de la religion, il peignit des compositions originales et reproduisit des œuvres de grands maîtres. Pendant son séjour à l’étranger, il parvint à une certaine notoriété en vendant une toile intitulée The charge of Cromwell at Marston. Vers 1842, Harrison revint à Hamilton pour y travailler à la peinture d’histoire, à la peinture de genre et aux portraits. L’une de ses œuvres, The death of Abel, qui date de 1843 et qui est aujourd’hui perdue, fut exposée dans le Haut-Canada et à l’étranger, et de nombreux critiques la saluèrent favorablement. Malheureusement, un incendie survenu à Hamilton en 1844 détruisit la plupart des tableaux et croquis de Harrison : il dut donc, pour ses peintures subséquentes, recourir à sa mémoire et à des illustrations imprimées comme ressources visuelles.
Peintre avant tout, Harrison joua quand même un rôle essentiel dans la vie théâtrale de Hamilton. Avant son séjour en Angleterre, il avait participé à la fondation de la Hamilton Amateur Theatrical Society, aussi connue sous le nom de Gentlemen Amateurs. À son retour, il devint le premier directeur du Theatre Royal, qui présentait des œuvres comme Alozo the fair et The fair Imogene. Harrison monta même sur la scène ; il aurait joué, semble-t-il, au moins une fois aux côtés de l’acteur anglais Junius Brutus Booth. Il produisit également, en collaboration avec son frère John P., une série de « dioramas chimiques illuminés » qu’il exposa partout dans la province du Canada jusqu’en 1849. En avril 1846, l’un de ces dioramas, une œuvre majeure en quatre parties qui représentaient la cathédrale d’Orléans, le sacre du roi de France Charles X et des scènes inspirées de la Bible, fit dire à un critique torontois qu’il surpassait « en beauté et en effets toute chose du genre jamais exposée à Toronto ». Le 12 juin, pendant une exposition de cette œuvre au théâtre Saint-Louis, à Québec, un incendie provoqué par le renversement d’un des feux de la rampe causa la mort de 50 spectateurs, dont le frère cadet de Harrison, Thomas C. À la deuxième et dernière exposition de l’éphémère Toronto Society of Arts, en 1848, Harrison présenta plusieurs tableaux, en particulier des portraits de comédiens et des scènes tirées de pièces de théâtre.
L’année suivante, Harrison partit pour Oshkosh, au Wisconsin, afin de rejoindre son frère déjà établi dans la région. En 1852, après avoir subi une perte financière considérable à la suite d’une tentative infructueuse d’établir un service de transport par vapeur sur le lac Winnebago, il alla s’installer à Fond du Lac, où il passa le reste de sa vie. Il continua de subvenir à ses besoins grâce à la peinture et à l’enseignement de son art. En 1853, le Daily Spectator and Journal of Commerce de Hamilton annonça que Harrison était en train de préparer un nouveau diorama avec l’aide d’un certain Thomas H. Stevenson, qui avait été en relation avec lui à Toronto et à Hamilton. Il s’agissait, disait-on, d’un diorama semblable à celui qu’il avait exposé à Toronto, sauf qu’il était de plus grandes dimensions.
Dans toute la vallée de la rivière Fox, on recherchait les scènes historiques et les portraits d’Indiens de Mark Robert Harrison. Son œuvre intitulée Burial of Hiawatha, en particulier, parvint à une grande célébrité ; on dit qu’elle représentait si fidèlement la vie des Indiens que Longfellow lui-même écrivit à Harrison pour le féliciter. Malheureusement, on trouve peu de ses œuvres, aujourd’hui, à l’extérieur du Wisconsin. Ses attaches avec le monde du théâtre, à Hamilton, continuèrent d’influencer l’aspect théâtral de sa peinture longtemps après son départ pour les États-Unis. Dans les annales de l’histoire culturelle du Canada, il apparaît comme un pionnier dans un milieu artistique qui évoluait graduellement vers une plus grande maturité.
Il existe peu d’œuvres de Mark Robert Harrison en dehors du Wisconsin. Ses peintures les plus représentatives sont déposées à la Fort Atkinson Hist. Soc.— Hoard Hist. Museum (Fort Atkinson, Wis.), et à la Wis., State Hist. Soc. (Madison). Un autoportrait tiré de cette dernière collection est reproduit dans C. D. Lowrey, « The Toronto Society of Arts, 1847–48 : patriotism and the pursuit of culture in Canada West », RACAR (Montréal), 12 (1985) : 3–44. La localisation de The charge of Cromwell at Marston est inconnue.
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Carol Lowrey, « HARRISON, MARK ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/harrison_mark_robert_12F.html.
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Auteur de l'article: | Carol Lowrey |
Titre de l'article: | HARRISON, MARK ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |