Gregory, Francis Brooke, avocat, officier de milice et juge, né le 23 août 1862 à Fredericton, fils de George Frederick Gregory et de Marion Birkmyre Beverly ; le 14 septembre 1913, il épousa dans cette ville Hannah Pickard Thompson, et ils eurent deux fils ; décédé le 11 juin 1936 à Shawnigan Lake, Colombie-Britannique.

Personnalité notoire en Colombie-Britannique durant plus de 40 ans, Francis Brooke Gregory vit le jour à Fredericton. Il était le fils de George Frederick Gregory, futur juge éminent, maire de la ville, juge de la Cour suprême du Nouveau-Brunswick et candidat défait aux élections fédérales et provinciales. Gregory étudia à la Collegiate School de Fredericton. Il y eut pour mentor le directeur, George Robert Parkin*, dont la défense ultérieure de la fédération impériale l’influença peut-être ; les deux hommes entretiendraient une longue amitié. Gregory poursuivit ses études à la Harvard Law School et obtint une licence en droit en 1884, avant d’être admis comme attorney à Fredericton le 20 octobre et reçu au barreau le 29 octobre de l’année suivante.

En 1890, Gregory partit vivre à Victoria. Il fut admis au barreau de la Colombie-Britannique le 13 août et exerça d’abord dans le cabinet Belyea and Gregory avec Arthur Louis Belyea. Le 1er septembre 1896, il s’associa avec Thornton Fell pour fonder la firme Fell and Gregory. Il défendit, entre autres, les propriétaires des phoquiers canadiens qui avaient été saisis par les cotres du département du Revenu des États-Unis. Dans le cadre de ses fonctions, Gregory fit la connaissance des avocats Gordon Hunter et Lyman Poore Duff*, respectivement futurs juges en chef de la Cour suprême de la Colombie-Britannique et de la Cour suprême du Canada. Les trois jeunes hommes partagèrent quelque temps une maison rue Belleville, à Victoria.

Comme beaucoup d’autres Canadiens impérialistes de son époque, Gregory s’engagea dans la milice. Sous-lieutenant dans le No.5 (British Columbia) Garrison Artillery Regiment en 1893, il fut promu au grade de lieutenant-colonel et commanda l’unité de 1899 à 1901. Il devint officier de réserve en 1909. Il prouva aussi son attachement à l’Empire en participant, avec un contingent dont il était membre, aux célébrations en l’honneur du jubilé de diamant de la reine Victoria, à Londres, en 1897, et en écrivant à Parkin, plus tard au cours de sa carrière, des lettres empreintes d’admiration et de loyauté envers l’Empire.

Comme son père, Gregory essaya d’entrer en politique provinciale, sans succès. Il se présenta d’abord dans la circonscription quadrinominale de Victoria City aux élections générales provinciales de 1898, comme candidat opposé au gouvernement de John Herbert Turner*, puis, l’année suivante, à une élection partielle dans la même circonscription, dans le camp de Charles Augustus Semlin*. Son fils George Frederick Thompson serait député libéral à l’Assemblée législative dans les années 1950.

À cause d’une bévue qu’il avait commise en 1898, le lieutenant-colonel Gregory provoqua la colère de l’officier général qui commandait la milice canadienne, le major-général Edward Thomas Henry Hutton*. Apparemment, après avoir appris que son commandant et certains journalistes doutaient de son impartialité dans l’exercice de ses fonctions, Gregory convoqua les hommes du 1st Battalion et leur demanda leur avis sur son commandement et sur sa candidature à un poste politique. Cela allait à l’encontre des règles militaires et plusieurs officiers supérieurs voulurent le discipliner. Gregory ne tint pas compte de leurs tentatives et, grâce à son influence politique auprès des libéraux de la région, il fut même promu à la tête du régiment l’année suivante.

Parallèlement à ses activités militaires et politiques, Gregory se lança en affaires. En décembre 1902, avec le capitaine de navire John Irving et le propriétaire ferroviaire et constructeur naval Harry Frederick Bullen, il obtint une charte fédérale pour construire le chemin de fer de la Pacific Northern and Omineca Railway Company, fondée deux ans auparavant, de la côte jusqu’à la frontière de l’Alberta. Cependant, les travaux ne commencèrent jamais et la Grand Trunk Pacific Railway Company reprit l’entreprise en 1904.

Gregory continua de travailler pour sa société d’avocats jusqu’à ce qu’il soit nommé à la Cour suprême de la Colombie-Britannique, le 30 novembre 1909 ; il y resterait jusqu’à sa retraite en janvier 1933. Après la mort du juge Hunter, en 1929, il fut l’unique représentant de Victoria à la cour. En tant que juge, il prit part à plusieurs commissions provinciales importantes. En 1916, il fut nommé à la commission sur les réclamations découlant d’émeutes, créée pour enquêter sur des demandes de compensation pour des dommages causés par des mineurs de charbon en grève à Ladysmith et à Nanaimo, en 1913 et en 1914. Dans son rapport, il écrivit que, même si on ne l’avait pas chargé de découvrir l’origine des troubles, il avait appris qu’il y avait eu « un sentiment général d’inquiétude au sein des communautés, et des craintes très prononcées et justifiables que des émeutes n’aient lieu ». Il souligna aussi que les requérants et d’autres citoyens de la région avaient demandé de l’aide avant que cela ne se produise, ce qui laissait entendre que des mesures auraient pu être prises pour prévenir les actes de violence.

Lorsque Gregory prit sa retraite, le Daily Colonist nota qu’il s’était intéressé activement à son travail à la cour, parcourant des milles en dehors de la salle d’audience pour se rendre sur les lieux des événements afin de « voir par lui-même », plutôt que de se contenter d’écouter la présentation des preuves. Son souci de justice l’avait amené à encourager les parties à venir le rencontrer à huis clos, pour déterminer s’il était possible de trouver des accords à l’amiable.

Les passions de Gregory dépassaient le domaine public. Le Vancouver Daily Province écrivit, en 1933, qu’il avait lancé la mode des casse-tête à Victoria. Non seulement il les aimait bien, mais il en fabriquait chez lui, à Victoria, dans son atelier de menuiserie.

Francis Brooke Gregory compta parmi les nombreux Canadiens de l’époque victorienne qui, par leur activité politique et militaire, montrèrent leur profond attachement à l’Empire. D’un caractère volontaire et énergique, il était généralement apprécié de ceux qui le côtoyaient. Au fil du temps, l’impétueux avocat et officier militaire s’adoucit et devint un juge érudit très respecté.

Hugh Avi Gordon

APNB, RS141B4, F15952, no 2055 (mfm).— BAC, R231-172-7 ; R5370-0-5.— BCA, GR-2951, no 1936-09-515009.— Daily Colonist (Victoria), 7–8 juill. 1898 ; 31 janv. 1899 ; 31 janv. 1933 ; 12 juin 1936.— Vancouver Daily Province, 3 avril 1933.— C.-B., Commission to enquire into the Vancouver Island riots, 1913–1914, Commissioner’s report [...] ([Victoria, 1919]).— Canada, Défense nationale, Quartier général de l’armée, Service historique, Rapports (Ottawa, 1964), no 102 (D. P. Morton, « The Canadian militia, 1867–1900 : a political and social institution », texte dactylographié).

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Hugh Avi Gordon, « GREGORY, FRANCIS BROOKE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gregory_francis_brooke_16F.html.

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Auteur de l'article:    Hugh Avi Gordon
Titre de l'article:    GREGORY, FRANCIS BROOKE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2017
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