GAY (Guay), ROBERT-MICHEL, prêtre, sulpicien, missionnaire, premier supérieur de la mission du lac des Deux-Montagnes (Oka), né à Autun en 1663, décédé à Montréal le 29 juillet 1725.

Ordonné prêtre, M. Gay entra chez les Sulpiciens le 10 mai 1687 et il partit pour le Canada en avril 1688. Dès son arrivée le 15 août, ses supérieurs lui confièrent la mission de la Montagne. Il entreprit à cet endroit une étude poussée des langues indiennes, « recevant de son confrère Barthélemy [Barthélemy] des leçons d’algonquin ; de M. Mariet, des leçons d’huron ; de M. Belmont [Vachon] lui-même, des leçons d’iroquois ». Il semble bien que M. Gay connut un certain succès dans l’étude des langues indiennes puisqu’il « restait de ce vénérable missionnaire quelques lambeaux de grammaire algonquine, qui ont péri dans le lamentable incendie du 15 juin 1877 ».

Lorsque la mission de la Montagne déménagea à Sault-au-Récollet, en septembre 1696, M. Gay suivit ses ouailles. Durant toute sa vie de missionnaire, mais surtout à la Montagne et à Sault-au-Récollet, le vaillant sulpicien se fit un devoir d’accompagner les membres de sa mission lorsqu’ils allaient en guerre, suivant en cela les conseils de son supérieur général. Mais il ne se contenta pas d’agir en simple aumônier ; jouissant d’un merveilleux ascendant sur ses néophytes, d’une stature puissante et d’un courage à toute épreuve, il fut toujours au premier rang des siens lors des combats. Bientôt, ses exploits lui valurent une recommandation à la prudence de la part de M. Tronson. « Nous avons appris par les relations de la guerre jusqu’où a été votre bravoure. C’est là un bon zèle de s’exposer pour le salut de ses frères et pour la colonie et pour la religion : mais afin que Dieu bénisse votre zèle, et qu’il ne vous emporte point trop loin, accompagnez-le toujours de l’obéissance ». Il semble bien que M. Gay n’ait pas modéré immédiatement son ardeur pour la guerre car M. Tronson dut faire de nouveaux appels à la prudence l’année suivante.

Quelques années plus tard, soit en 1698, le missionnaire exprima le désir de retourner en France mais Dollier de Casson réussit à l’en dissuader pour le plus grand bien des Indiens. Les années s’écoulaient et M. Gay, réalisant l’importance de la présence missionnaire auprès des Indiens, légua, le 29 octobre 1707, avec MM. Maurice Quéré* de Tréguron et Vachon de Belmont, une somme dont la rente devait servir perpétuellement à l’entretien d’un prêtre au service des missions indiennes.

La proximité de la ville constituant un danger pour ses ouailles trop portées à l’ivrognerie, M. Gay et son supérieur firent des remontrances au Conseil de Marine qui consentit bientôt au transfert de la mission au lac des Deux-Montagnes. Le déménagement s’effectua en 1721 et M. Gay devint le premier supérieur de cette mission. Il garda ce poste jusqu’à sa mort survenue au séminaire de Montréal le 29 juillet 1725.

Ce missionnaire avait passé 37 ans au service des missions de la région montréalaise et fut l’une des grandes figures sulpiciennes de son époque. Il méritait amplement cette reconnaissance dont firent preuve « ses indiens » et toute la colonie lors de son inhumation, dans l’église Notre-Dame car, « d’après les mémoires du temps, il déploya dans cet emploi les vertus d’un apôtre et les qualités d’un général d’armée ».

Jean-Marc Paradis

APC, FM 17, A, 7–2, 1, vol.2.— [François Vachon] de Belmont, Histoire du Canada.— [Louis Tronson], Correspondance de MTronson, troisième Supérieur de la Compagnie de Saint-Sulpice : Lettres choisies, [16 juill. 1676–15 janv. 1700], A.-L. Bertrand, édit. (3 vol., Paris, 1904), II.— Léo-Paul Desrosiers, Correspondance de M. Magnien, Cahiers des Dix, IX (1944) : 199–227.— Henri Gauthier, La Compagnie de Saint-Sulpice au Canada (Montréal, 1912) ; Sulpitiana (Montréal, 1926).— A.-L. Bertrand, Bibliothèque sulpicienne ou histoire littéraire de la compagnie de Saint-Sulpice (3 vol., Paris, 1900), I.— René Desrochers, Le Sault-au-Récollet (Montréal, 1936).— Olivier Maurault, Nos Messieurs (Montréal, 1936) ; Quand Saint-Sulpice allait en guerre (Montréal, 1940).— Pierre Rousseau, Saint-Sulpice et les missions catholiques (Montréal, 1930).— Olivier Maurault, Oka, les vicissitudes d’une mission sauvage, Revue trimestrielle canadienne, XVI (1930).

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Jean-Marc Paradis, « GAY (Guay), ROBERT-MICHEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gay_robert_michel_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    20 déc. 2024