Titre original :  Marie-Angèle Gauthier, named Sister Marie-Angèle

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GAUTHIER, MARIE-ANGÈLE (baptisée Marie-Louise-Angèle), dite sœur Marie-Angèle, sœur de Sainte-Anne, enseignante, supérieure et auteure, née le 9 février 1828 à Vaudreuil, Bas-Canada, fille de Louis-Pascal Gauthier et de Marie-Charles Chôlet ; décédée le 25 mai 1898 à Duncan, Colombie-Britannique.

Marie-Angèle Gauthier passa son enfance à Vaudreuil, où son père était fermier. Quoiqu’elle eût à participer aux tâches domestiques, elle fréquenta aussi l’école paroissiale pendant quelque temps. Le 6 novembre 1849, elle entra chez les Sœurs de Sainte-Anne et prit le nom de sœur Marie-Angèle. Cette congrégation, nouvellement fondée à Vaudreuil par Esther Sureau*, dit Blondin, dirigeait un établissement qu’on appelait l’académie Blondin, et qui servait à la fois d’école et de noviciat. Il n’y avait à l’époque aucun instituteur diplômé dans cette région rurale, et c’est à l’académie que sœur Marie-Angèle et d’autres novices reçurent, des prêtres qui supervisaient leurs études, des notions de pédagogie. Pour se préparer à leur rôle d’éducatrices et de missionnaires, les jeunes religieuses apprirent aussi divers aspects du travail domestique – cuisine, couture, tissage, tricot, dentellerie et soin des malades. Sœur Marie-Angèle prononça ses vœux le 17 novembre 1851.

Le 30 août 1854, Mgr Ignace Bourget* choisit sœur Marie-Angèle à titre de deuxième supérieure générale de la congrégation, dont on avait transféré la maison mère, pour des raisons financières et sociales, à Saint-Jacques-de-l’Achigan (Saint-Jacques) l’année précédente. À l’expiration de son mandat de trois ans et à la demande de Mgr Modeste Demers*, on affecta sœur Marie-Angèle à la mission que les sœurs étaient sur le point de fonder à Victoria, dans l’île de Vancouver. On publierait à Montréal en 1859 le délicieux journal qu’elle écrivit à l’intention de ses parents durant ce voyage qui l’amena de Montréal à Panama, puis à San Francisco, avant d’atteindre Victoria. Avec une simplicité et un humour charmants, elle y décrit la traversée puis l’arrivée, en juin 1858, des quatre premières religieuses de l’île de Vancouver. On peut y lire : « [Nos compagnons de voyage] furent bien étonnés quand nous leur dîmes que nous ne cherchions pas de l’or, mais seulement le bien de la Société, en nous dévouant à l’éducation de la jeunesse. »

À Victoria, sous la direction de mère Marie du Sacré-Cœur [Salomé Valois*], les religieuses fondèrent un couvent et une école, la St Ann’s Academy, où sœur Marie-Angèle œuvra durant six ans. Sa formation l’avait bien préparée pour chacune de ses quatre affectations suivantes : le St Joseph’s Hospital de Victoria, la St Ann’s Academy de Vancouver, la mission St Mary dans la vallée inférieure du fleuve Fraser, et la mission située à Quamichin (près de ce qui est aujourd’hui Duncan). Les lettres qu’elle écrivit à sa famille indiquent un grand dévouement envers les petits Indiens et les enfants noirs, et nous révèlent qu’elle pouvait chaque jour mener de front l’enseignement et le soin des pauvres et des malades en même temps que les tâches ménagères pour le clergé et ses autres obligations domestiques. Elle accomplissait chacune de ces tâches avec une spiritualité profonde, et son charisme lui gagnait l’attachement de tous ceux qu’elle rencontrait. Pour ces enfants toujours heureux de la voir, elle cachait sous ses jupes une pomme ou une friandise. Elle leur montra à semer les graines que lui envoyait sa famille et à cultiver un jardin. L’une des cinq sources qui coulent dans le domaine des religieuses à Duncan est enregistrée sous son nom. On lui doit aussi, en quelque sorte, les fameux chandails Cowichan de Duncan, puisque c’est elle qui enseigna aux Indiens à tricoter.

Sœur Marie-Angèle consacra les quelque 50 années de sa vie religieuse à l’éducation chrétienne des jeunes et au soulagement des maux de l’humanité. Elle avait bien compris les besoins immédiats des gens auprès desquels elle vécut et, en cela, elle allait influencer plusieurs générations de missionnaires de la côte du Nord-Ouest. Les nombreuses maisons d’enseignement fondées par sa congrégation un peu partout en Colombie-Britannique, au Yukon et en Alaska témoignent de son travail et de celui de ses compagnes. Sœur Marie-Angèle fut inhumée à Victoria dans la propriété de la St Ann’s Academy ; ses restes se trouvent aujourd’hui dans le lot des Sœurs de Sainte-Anne au cimetière Ross Bay de Victoria.

Edith Down

Le compte rendu que fit Marie-Angèle Gauthier de son voyage à l’île de Vancouver en 1858 a été publié sous le titre de « Lettre de la sœur Marie-Angèle, Sœur de Ste. Anne, à Vancouver », l’Ordre (Montréal), 1er, 5, 19, 22 avril 1859. Une traduction dactylographiée, « Journal of Sister Mary Angèle, Vancouver, 1858 », se trouve aux Sisters of St Ann, Arch. (Victoria).

ANQ-M, CE1-50, 9 févr. 1828.— Arch. de la congrégation des Sœurs de Sainte-Anne (Lachine, Québec), Sœur Marie-Angèle [Gauthier], corr. (copies aux Sisters of St Ann, Arch.).— Sisters of St Ann, Office of the Treasurer (Victoria), Burial book, 28 main 1898 ; Water licences for the Sisters of St Ann (Nelson, C.-B.), Victoria water district, C 026604 00 E, C 026605 00 7.— É.-J.[-A.] Auclair, Histoire des Sœurs de Sainte-Anne ; les premiers cinquante ans, 1850–1900 (Montréal, 1922).— Jan Gould, Women of British Columbia (Saanichton, C.-B., 1975).— N. de B. Lugrin, The pioneer women of Vancouver Island, 1843–1866, John Hosie, édit. (Victoria, 1928). Sœur Marie-Jean de Pathmos [Laura Jean], les Sœurs de Sainte-Anne ; un siècle d’histoire (1 vol. paru, Lachine, 1950–   ) (une copie d’une traduction faite par Sœur Marie Anne Eva, A history of the Sisters of St. Anne (New York, 1961), se trouve aux Sisters of St Ann, Arch.).— Sœur Marie-Rollande, Mère Marie-Angèle, deuxième supérieure générale des Sœurs de Sainte-Anne, 1828–1898 ([Montréal, 1941]) (Sœur Marie-Angèle, « Lettre », est reproduite aux pages 116 à 133).— Margaret Meikle, Cowichan Indian knitting (Vancouver, 1987).— Eugène Nadeau, The life of Mother Mary Ann (1809–1890), foundress of the Sisters of Saint Ann, Sœur Mary Camilla, trad. (Lachine, 1965).

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Edith Down, « GAUTHIER, MARIE-ANGÈLE (baptisée Marie-Louise-Angèle), dite sœur Marie-Angèle », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gauthier_marie_angele_12F.html.

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Auteur de l'article:    Edith Down
Titre de l'article:    GAUTHIER, MARIE-ANGÈLE (baptisée Marie-Louise-Angèle), dite sœur Marie-Angèle
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    20 déc. 2024