FORBES, CHARLES JOHN, fonctionnaire dans l’armée et homme politique, né le 10 février 1786 à Gosport, Hampshire, Angleterre, neuvième enfant de Robert Forbes et d’Elizabeth Cobb ; il épousa Sophia Browne le 20 juin 1815, et de ce mariage naquirent sept enfants ; décédé le 22 septembre 1862 à Carillon, Bas-Canada.
Après avoir étudié au collège d’Altona, au Danemark (présentement en République fédérale d’Allemagne), Charles John Forbes entra dans les services de l’Intendance de l’armée britannique en 1805, à l’âge de 19 ans. De belle prestance, audacieux et compétent, il passa du rang de simple commis à celui de commissaire général adjoint en quelques années. Au début de sa carrière dans l’armée, il fut presque continuellement affecté au secteur de la Méditerranée ; il servit dans les îles Ioniennes, en Égypte, en 1807 (où il fut mis en prison pendant quelques mois), et en Sicile. Ses services furent également requis en 1813–1814 lors de la guerre d’Espagne et il fut présent à la bataille de La Nouvelle-Orléans en janvier 1815. Il quitta l’armée avec demi-solde le 9 juillet 1817.
Après sept années de retraite qu’il passa avec sa femme et ses enfants à Corfou, Italie, et en France, Forbes réintégra les services de l’Intendance en 1824 et il fut envoyé en Nouvelle-Écosse. Un an plus tard, on le déplaça à Montréal où il séjourna durant huit années bien remplies, étant responsable, en sa qualité de commissaire général adjoint, de l’achat et du transport de tous les approvisionnements nécessaires à l’armée dans son district. En 1833, il fut affecté à la Jamaïque où il travailla jusqu’à ce que la maladie l’obligeât, au bout de deux ans, à retourner en Angleterre. Il quitta pour la seconde fois les services de l’Intendance le 13 janvier 1836 et il fut mis de nouveau en demi-solde.
Tandis qu’il était en poste à Montréal, Forbes avait la responsabilité de fournir les approvisionnements nécessaires à la construction des canaux sur la rivière Outaouais. En 1827, il avait acheté un terrain situé presque en bordure de ces chantiers, du côté est, dans le village de Carillon. Selon un de ses parents, Forbes était « un rude spéculateur ». Il avait fortement recommandé, au moment du levé des plans, que l’entrée du canal de Carillon fût située sur ses terres, mais on rejeta sa demande. Lorsqu’on l’envoya dans les Caraïbes en 1833, Forbes laissa sa famille à Carillon, et c’est dans ce paisible village que le globe-trotter britannique, l’homme du monde, après avoir passé plus de 30 années sur 50 loin de l’Angleterre, choisit de s’établir en permanence quand il prit sa retraite en 1836.
À l’automne de 1837, cependant, le calme de Carillon fut troublé par l’agitation politique qui prenait de l’ampleur dans la région du lac des Deux-Montagnes située tout près. Le rôle que Forbes joua durant les événements de cette année-là permet de constater à quel point la présence d’officiers britanniques retirés à la campagne fut utile aux autorités britanniques. À partir du début d’octobre, sir John Colborne compta sur Forbes pour obtenir des renseignements confidentiels sur l’activité des Patriotes à Saint-Benoît. Le 22 octobre, Colborne ayant décidé d’enrayer l’effervescence qui se faisait de plus en plus vive au nord de Montréal en déplaçant un détachement de réguliers de Bytown (Ottawa) à Carillon, Forbes loua à l’armée un grand bâtiment en pierre qui servit de caserne aux militaires. À la mi-novembre, il déclara : « La sédition [...] maintenant s’est établie partout. » Le 28 novembre, après les batailles de Saint-Denis et de Saint-Charles dans la vallée du Richelieu [V. Charles Stephen Gore ; George Augustus Wetherall], Colborne demanda instamment à Forbes de rassembler « un millier d’hommes » en vue de neutraliser les forces croissantes des Patriotes dans le comté de Deux-Montagnes. Forbes recruta plus de 800 hommes en moins de deux semaines. Ces volontaires furent placés aux ordres de l’officier commandant la garnison de Carillon, le major Henry Dives Townshend, mais le « général » Forbes, comme on l’appelait au village, accompagna les hommes à Saint-Benoît où, le 15 décembre 1837, ils se joignirent à l’armée de Colborne venant de Saint-Eustache [V. Maximilien Globensky]. Le lendemain, au dire d’Alfred W. Stikeman, un des volontaires, Forbes se trouvait avec Colborne et son état-major quand le village fut incendié. Ensemble ils regardèrent « toutes les troupes galoper au milieu des flammes [...] chacun saccageant, s’emparant du butin, volant des chevaux, des meubles, des voitures, etc. ». Par la suite, les volontaires de Forbes furent accusés de s’être livrés à un pillage scandaleux sur la route du retour. Ils ne repoussèrent pas l’accusation, déclarant toutefois qu’ils avaient suivi l’exemple des troupes régulières. Sir John Colborne, bien entendu, nia que ses hommes aient commis de tels actes.
Après les troubles de 1837, Forbes profita pleinement de la vie à Carillon. En véritable propriétaire foncier d’allégeance tory, il participa avec enthousiasme aux affaires publiques. De 1837 jusqu’à son décès, il occupa les fonctions de magistrat, et, à la suite d’une élection partielle tenue en 1842, il représenta le comté de Deux-Montagnes à l’Assemblée législative durant deux ans. Dans sa propriété, Forbes incarnait l’énergie ; il menait des expériences en agriculture, se lançait dans des spéculations commerciales (non rentables) allant du brassage de la bière à l’exploitation d’un traversier et il se faisait un plaisir de recevoir chez lui d’innombrables visiteurs : des gouverneurs, des évêques, des vétérans et, sans doute, un grand nombre de parents. Énergique et hospitalier jusqu’à la fin, Charles John Forbes mourut à Carillon le 22 septembre 1862, à l’âge de 76 ans.
APC, MG 24, A40, 10, pp.2 703s. ; 11, p.2 946 ; 12, pp.3 417–3 421 ; F87, 1, pp.52s., 90 ; I69 ; RG 8, I (C series), 51, p.94 ; 55, pp.21–23 ; 75, pp.74–140 ; 136, pp.93–121 ; 170, pp.143–149 ; 368, pp.145–151.— BNQ, Soc. historique de Montréal, Coll. La Fontaine, lettres, 300 (mfm aux APC).— Ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (Ottawa), Parcs Canada, Direction des lieux et parcs historiques nationaux, Hyacinth Lambart, The Carillon barracks (rapport dactylographié, [1964]).— MTCL, Forbes family papers.— PRO, WO 42/17/160 ; 44/21, p.231 ; 55/1 917 ; 61/2.— Canada, prov. du, Legislative Assembly, Journals, 1842, 1843.— G.-B., Parl., House of Commons paper, 1837–1838, XXXIX, 357, pp.517s., Lower Canada and Upper Canada : further copies or extracts of correspondence relative to the affairs of Lower Canada and Upper Canada [...].— Montreal Gazette, 18 janv. 1830, 7 nov. 1837, 21 avril 1842.— Montreal Transcript, 11 nov. 1837.— Novascotian, 20 janv. 1830.— The British North American almanac [...] 1864 [...], James Kirby, édit. (Montréal, 1864).— Cyrus Thomas, History of the counties of Argenteuil, Que., and Prescott, Ont., from the earliest settlement to the present (Montréal, 1896).
John Beswarick Thompson, « FORBES, CHARLES JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/forbes_charles_john_9F.html.
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Auteur de l'article: | John Beswarick Thompson |
Titre de l'article: | FORBES, CHARLES JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |