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EVANS, JOHN, prospecteur et député, né le 25 janvier 1816 à Machynlleth, dans le nord du pays de Galles, décédé le 25 août 1879 à Stanley en Colombie-Britannique. Le 1er juin 1840, au pays de Galles, il épousa Martha Evans, qui mourut jeune, et, en novembre 1842, Ann Thomas, qui lui donna trois fils et deux filles et mourut en 1866 ; puis, le 24 avril 1877, Catherine Jones, à Victoria, C.-B.
John Evans, qui naquit et fut élevé dans un village gallois, travailla dans sa jeunesse à Manchester. Voulant donner à ses enfants une éducation « purement galloise », il s’installa en 1854 à Tremadoc où il avait des intérêts dans plusieurs petites carrières. En 1863, il émigra en Colombie-Britannique, où il dirigea « l’une des entreprises les mieux organisées en vue de chercher de l’or dans la région du Cariboo ». Henry Beecroft Jackson, riche fabricant de coton de Manchester, offrit de financer l’entreprise pendant deux ans, à condition de partager les bénéfices de la façon suivante : une moitié répartie également entre les ouvriers, l’autre moitié allant à Evans et à son commanditaire. Evans choisit lui-même 26 mineurs de bonne réputation, originaires du nord du pays de Galles ; parmi eux, se trouvait son deuxième fils, Taliesin. Le 22 décembre 1862, les hommes s’embarquèrent sur le Rising Sun pour aller à Victoria, en doublant le cap Horn. Quant à Evans, il emprunta un itinéraire plus court, en passant par Panama. Il partit de Liverpool le 17 février 1863 et arriva à Victoria le 15 avril. Il eut ainsi le temps d’étudier sur place diverses possibilités d’entreprises minières sur le continent, avant l’arrivée du Rising Sun le 10 juin.
Après avoir demandé une concession minière sur le ruisseau Lightning, le « capitaine » Evans, comme l’appelaient ses hommes, quitta Victoria, le 16 juin, à la tête de son groupe de Gallois. Après un voyage épuisant par la piste Harrison-Lillooet, il établit le 21 juillet les « Basford Mines », au confluent des ruisseaux Last Chance et Lightning, où est située de nos jours l’agglomération de Stanley. L’argent, les connaissances et l’énergie ne manquaient pas ; néanmoins, l’aventure échoua. Les brillantes descriptions de la région du Cariboo faites par le correspondant du Times de Londres à Victoria n’avaient pas fait mention du prix exorbitant de l’approvisionnement. Le journaliste avait également oublié de dire qu’il fallait un outillage plus efficace que des pompes et des roues à aubes en bois, pour contrôler l’eau qui inondait les puits de mines. Le 1er octobre 1864, à l’expiration du contrat des ouvriers, huit d’entre eux avaient déjà déserté l’entreprise. Pour sa part, Evans n’avait récupéré de l’or que pour une valeur de $450, après avoir dépensé plus de $26 000. La plupart de ses compagnons retournèrent au pays de Galles, mais lui resta sur place jusqu’à sa mort, essayant d’exploiter ses concessions sur les ruisseaux Antler et Davis. Il travaillait comme arpenteur des mines et des terres dans le district du Cariboo et caressait en vain l’espoir que « tôt ou tard, il finirait bien par trouver quelque chose ». Mais il ne put jamais envoyer l’argent nécessaire pour faire venir sa femme ou « les chers enfants » qu’il avait laissés au pays de Galles.
Peu de temps après l’arrivée d’Evans au ruisseau Lightning, on lui proposa de se présenter aux élections en vue de former le premier Conseil législatif de la colonie située sur le continent. Il accepta, surtout pour pouvoir réclamer la modification des lois minières existantes. Celles-ci ne protégeaient aucunement l’homme qui avait un capital suffisant pour se lancer dans une entreprise de grande envergure. Seul un prospecteur indépendant pouvait piqueter une concession et il était ensuite libre d’en disposer à sa guise. C’est ainsi qu’Evans s’était vu forcé, soit de se mettre à la merci de ses ouvriers en enregistrant les titres de propriété à leur nom, soit de louer des concessions abandonnées par d’autres prospecteurs indépendants. Il fut battu aux élections de 1863, de 1865 et de 1871. Finalement, il fut élu à l’Assemblée législative de la province en 1875 et réélu en 1878. Il disait lui-même qu’il n’appartenait « à aucun parti » mais votait selon sa conscience, et on se souvint longtemps « de la façon rude et originale qu’il avait de faire valoir ses opinions devant la chambre ».
Evans était un non-conformiste convaincu et avait conçu l’espoir de donner une partie des bénéfices de ses entreprises minières à la Booth Street Welsh Congregational Chapel de Manchester. Il fit tout son possible pour améliorer la conduite et la moralité de la population de la région du Cariboo. Il désapprouvait la boisson, le jeu et les jurons, et il ne permettait pas à ses ouvriers de travailler ni de voyager le dimanche. En 1866, en compagnie d’autres Gallois, il construisit le Cambrian Hall à Barkerville où, jusqu’à sa destruction par un grand incendie en 1868, se tinrent les offices religieux, les réunions littéraires et les célébrations de la Saint-David. Evans n’eut aucun grand succès dans sa carrière de prospecteur ; cependant, dans toute la région du Cariboo, il était aimé et respecté pour sa générosité, son intégrité scrupuleuse et le courage avec lequel il défendait les principes auxquels il croyait. Quand il fut enterré au cimetière Stanley, ses amis choisirent une épitaphe appropriée : « Bienheureux ceux qui meurent dans le Seigneur. »
PABC, John Evans papers.— Journals of the Legislative Assembly of British Columbia, 1876–1879.— Cariboo Sentinel (Barkerville, C.-B.), 1865–1875.— Colonist (Victoria), 1863–1879.— Victoria Daily Standard, 28 août 1879.— Can. part. comp., 1876 ; 1877 ; 1878 ; 1879.— Alan Conway, Welsh gold-miners in British Columbia during the 1860’s, BCHQ, XXI (1957–1958) : 51–74.— R. L. Reid, Captain Evans of Cariboo, BCHQ, II (1938) : 233–246.
Dorothy Blakey Smith, « EVANS, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/evans_john_10F.html.
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Auteur de l'article: | Dorothy Blakey Smith |
Titre de l'article: | EVANS, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |