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DWORKIN, HENRY, homme d’affaires, partisan du socialisme et leader communautaire, né en 1885 à Iekaterinoslav (Dnipropetrovsk, Ukraine), fils de Solomon Dworkin, marchand, et d’Anny Rubens ; le 20 août 1911, il épousa à Toronto Dorothy Goldstick, et ils eurent une fille ; décédé le 14 janvier 1928 dans cette ville.
Selon certains récits, Henry Dworkin arriva à Toronto en 1905, à la suite de son frère aîné Edward, qui travaillait dans une fabrique de boîtes en carton et qui, dit-on, s’était nourri de pain et de thé pour le faire venir au Canada. Cependant, son certificat de mariage situe son arrivée le 1er janvier 1910. Dans les annuaires de 1910 à 1913, le nom des frères Dworkin – Henry, Edward, Sholem et Samuel – est associé à deux entreprises : le Dworkin’s Jewish Advertising Bureau, ouvert par Sholem au milieu de 1909 dans un quartier à forte population d’immigrants, rue Elizabeth, et un commerce de tabac en gros, appelé Independent Cigar Stores, à l’angle des rues Elizabeth et Queen.
En l’espace d’un an ou deux, Henry Dworkin prit la direction de l’Advertising Bureau, à la fois papeterie, imprimerie pour travaux en langues étrangères et agence de journaux juifs et étrangers. Aussi connu à compter de 1913 sous l’appellation de Dworkin Brothers (Henry et Sholem), le bureau, qui comprenait un comptoir télégraphique, distribuait le Yiddisher Zhurnal/Daily Hebrew Journal de Toronto, le Canadian Jewish Times de Montréal et deux grands journaux juifs de New York, le Jewish Daily Forward/Vorwärts et le Jewish Daily News/Jüdisches Tageblatt. Ce commerce était vite devenu le lieu de rendez-vous des Juifs originaires d’Europe de l’Est et des chômeurs, qui le fréquentaient dans l’espoir de rencontrer des gens qui pourraient les aider à trouver du travail. On raconte que Henry Dworkin offrait sa chambre à ceux qui n’avaient pas d’endroit où dormir et qu’il distribuait du pain. À un moment donné, Edward et lui-même ouvrirent un petit restaurant rue Bay, mais, comme le signalerait le journaliste Abraham Rhinewine*, l’établissement fit faillite parce que les frères Dworkin servaient gratuitement des repas à tous les clients sans égard à leur capacité de payer.
Au début de 1920, Henry et Edward tenaient dans la rue Dundas, sous le nom de E. and H. Dworkin, un magasin de tabac et de confiserie doublé d’une agence de voyages par navire à vapeur. Henry était probablement agent depuis plusieurs années. On raconte que, après la Première Guerre mondiale, comme l’inflation avait rendu insuffisants des fonds qu’il avait envoyés en Pologne pour payer la traversée de parents de certains de ses clients, il alla en Europe pour régler l’affaire, fut arrêté et paya la différence de sa poche. Cependant, il prospérait, même si ses clients, souvent, ne le remboursaient pas.
Pour Dworkin, l’agence était à la fois un moyen de subsistance et une œuvre philanthropique. Charitable de nature et socialiste par conviction, il tenait à agir autant dans la communauté juive qu’à l’extérieur. Dorothy Goldstick – qu’il avait épousée en 1911 au cours d’une cérémonie célébrée par Maurice Kaplan, cantor à la synagogue McCaul Street – partageait ses idées. Cette Torontoise de naissance avait obtenu en 1909 un certificat de sage-femme en Ohio. Première infirmière engagée par le Jewish Dispensary à son retour, elle était une source d’inspiration pour tous dans cet établissement mis sur pied rue Elizabeth par la Hebrew Ladies’ Maternity Aid and Child Welfare Society. À la mort de Henry, elle prendrait sa succession chez E. and H. Dworkin.
Discussions sur le socialisme, syndicalisme, initiatives philanthropiques allaient toujours bon train dans les magasins de Dworkin. En 1915, ce dernier figura parmi ceux qui proposèrent une journée de cueillette de fonds au bénéfice des victimes juives de la guerre en Russie. Cependant, la municipalité de Toronto interdit la tenue de cette activité. En 1916, les socialistes le choisirent comme candidat à un poste d’échevin, mais il se désista en faveur d’un non-Juif, le leader syndical James Simpson*. (Il se présenterait à une élection subséquente, mais serait défait.) Plus tard en 1916, il appartint au conseil provisoire mis en place à la fondation de la Federation of the Jewish Philanthropies of Toronto. En 1919, il fut délégué à la première assemblée du Congrès juif canadien. On peut le voir, sur une photographie prise cette année-là, avec d’autres bénévoles qui recueillaient des fonds pour la Conference for Jewish War Sufferers ; de forte carrure, il est bien habillé. Sa femme demeurait aussi active que lui. En 1922, comme le Toronto General Hospital avait refusé d’ouvrir une aile où l’on servirait de la nourriture kascher et où le personnel parlerait le yiddish, elle avait fondé, avec d’autres, le Toronto Jewish Convalescent and Maternity Hospital (rebaptisé Mount Sinai en 1923). Dans les années 1920, en réaction à l’antisémitisme qui se faisait jour au Labor Temple de Toronto, Henry Dworkin fonda, rue Spadina, le Labour Lyceum, pour abriter des syndicats juifs. Au moment de sa mort, il était président du conseil d’administration.
Henry Dworkin se rendait à une réunion au Labour Lyceum en janvier 1928 lorsqu’il fut mortellement blessé par une automobile. Le jour de ses obsèques, plusieurs milliers de personnes, Juifs et non-Juifs, ouvriers et représentants municipaux, bravèrent le froid pour lui rendre un dernier hommage devant le Lyceum. Il fallut appeler des renforts de la police pour contenir la foule.
AO, RG 22-305, nº 58523 ; RG 55-17-60-30, nº 22983 ; RG 55-17-60-31, nos 26024–26025 CP ; RG 55-17-60-46, nos 7971 CPE, 7972 CP ; RG 80-5-0-506, nº 21763.— Ontario Jewish Arch. (Toronto), « Canadian Jewish Congress ballot for Toronto » (1919) ; MG 6/E1 (Betty Lindgren papers).— Canadian Jewish Times (Montréal), 21 juin 1912.— Evening Telegram (Toronto), 20 janv. 1928.— Toronto Daily Star, 16 janv. 1928.— Yiddisher Zhurnal/Daily Hebrew Journal (Toronto), 15 janv. 1928.— Annuaire, Toronto, 1906–1929.— Canadian Jewry, prominent Jews of Canada [...], Zvi Cohen, édit. (Toronto, [1933]).— Abraham Rhinewine, Der Yid in Kanada [les Juifs au Canada] (2 vol., Toronto, 1925–1927), 1.— S. A. Speisman, The Jews of Toronto : a history to 1937 (Toronto, 1979).
Stephen A. Speisman, « DWORKIN, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dworkin_henry_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/dworkin_henry_15F.html |
Auteur de l'article: | Stephen A. Speisman |
Titre de l'article: | DWORKIN, HENRY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |