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DUDER, EDWIN, marchand et propriétaire de navires, né vers 1822 à St Mary Church (comté de Devon, Angleterre), cadet des neuf enfants de Thomas Duder et d’Ann Congdon ; il épousa Mary Elizabeth Edgar, et ils eurent un fils, Edwin John, puis, Ann Blackler, et de ce mariage naquirent deux filles et un fils, Arthur ; décédé le 20 février 1881 à St John’s.
La famille d’Edwin Duder immigra à Terre-Neuve en 1833 et, grâce aux mariages qu’elle contracta et à son esprit d’initiative, elle s’imposa jusqu’à la fin du siècle dans la vie commerciale, sociale et politique de la colonie. Son arrivée à St John’s coïncida avec le déclin rapide dans les petits villages de pêcheurs de bon nombre d’établissements commerciaux ayant leur siège en Angleterre – telle l’entreprise de la famille Slade – et leur remplacement par des entrepreneurs établis à St John’s, bien placés pour profiter des occasions qui se présentaient. La carrière de Duder illustre remarquablement bien cette période de changement.
À St John’s, Duder avait établi une entreprise d’importation et d’exportation qui s’étendait, au milieu des années 1850, le long de la côte nord-est de l’île jusqu’à des établissements comme Greenspond, Joe Batt’s Arm, Herring Neck, l’île de Change, les îles Barred et Twillingate, centres de pêche et de la chasse au phoque de la côte et du Labrador. Là, comme dans d’autres établissements, Duder, propriétaire de vastes bâtiments, approvisionnait les pêcheurs en échange de leurs prises. De 1840 à 1889, il posséda et dirigea une flotte d’environ 4 500 tonneaux, se classant bon deuxième dans le transport maritime, tout juste derrière Punton and Munn [V. John Munn*] de Harbour Grace.
Durant cette période, la flotte de Duder – si l’on exclut les embarcations – ne comprit jamais plus, au cours d’une seule et même année, qu’une centaine de voiliers. C’était pour la plupart des schooners construits à Terre-Neuve même et se livrant à la pêche et au commerce côtier. Duder était aussi propriétaire de quelques navires au long cours, bricks et brigantins – tout au plus une demi-douzaine – auxquels s’ajoutaient peut-être des navires affrétés. Il les utilisa pour exporter du poisson salé aux Antilles, au Brésil, en Grande-Bretagne et en Europe. Bien qu’il ne semble pas avoir fait la chasse au phoque sur une grande échelle, Duder se trouvait très bien placé pour récolter les produits de la chasse côtière grâce à son réseau serré d’établissements de la côte nord-est. Au printemps de 1862, lui et son associé James Landers Muir tirèrent un profit inespéré de £25 000 de la chasse au phoque depuis la terre ferme.
Muir fut l’associé de Duder de 1858 environ jusqu’en 1865. En 1871, Edwin John Duder entra dans l’entreprise de son père, laquelle devint plus tard l’Edwin Duder and Sons. Duder, père, mourut en 1881. « Actif en affaires, esprit fervent – au service du Seigneur », peut-on lire sur sa plaque commémorative dans l’église anglicane St Peter à Twillingate ; on l’y décrit aussi comme « un marchand d’ici ». II était en fait marchand à bien des endroits de Terre-Neuve, mais avant tout à St John’s.
L’empire érigé par Duder s’écroula peu après sa mort et fit l’objet d’une analyse détaillée, le 11 mai 1897, à la chambre d’Assemblée de Terre-Neuve, par le premier ministre William Vallance Whiteway*. Parlant des problèmes économiques généraux de la décennie en cours, il cita le cas de deux entreprises jadis prospères, celle de Duder et celle de Munn, pour illustrer l’effet désastreux de la faillite de la Commercial Bank survenue en 1894. Dans son discours, il mentionna, à titre d’exemple connu, la division d’une succession à la mort du directeur d’une entreprise, ce qui laissait cette dernière sans capitaux suffisants. Duder avait fait plusieurs legs importants à sa famille, à son église et à des œuvres de charité. Ses deux fils se partagèrent l’entreprise, mais Arthur mourut moins d’un an après son père, et son autre fils fut obligé de payer comptant la moitié de la valeur de l’entreprise familiale à la veuve de son frère. La grande entreprise de Duder poursuivit son activité durant la récession des années 1880, mais les capitaux étaient insuffisants. Lorsque la banque fit faillite, Edwin John Duder, qui s’était lancé dans les affaires en 1882 avec un capital-actions de $128 000, devait à la banque $668 600, si l’on s’en tient uniquement à son compte courant. Les bâtiments des Duder érigés sur la côte nord-est, qui avaient permis la montée fulgurante de l’entreprise, furent vendus par les créanciers le 24 mai 1895.
Arch. privées, Janet Story (St John’s), Arbre généal. des Duder.— Maritime Hist. Group Arch., Board of Trade, ser. 107–108 ; Duder name file.— PANL, Duder coll.— Evening Telegram (St John’s), 21, 22 févr. 1881, 2 mai, 1er, 2 juin 1897.— Newfoundlander, 28 mars 1879.— Royal Gazette (St John’s), 31 août 1835, 17 août 1852, 22 févr., 27 déc. 1881.— Twillingate Sun (Twillingate, T.-N.), 17 mars ï881.— Nfld. directory, 1877 : 9.— Family names of the island of Newfoundland, E. R. Seary et S. M. P. Lynch, compil. (St John’s, 1976).— H. Y. Mott, Newfoundland men, a collection of biographical sketches (Concord, N.H., 1894).— Notable events in the history of Newfoundland ; six thousand dates of historical and social happenings, P. K. Devine et J. O’Mara, compil. (St John’s, 1900), 39, 156.— A « who was who » of families engaged in the fishery and settlement of Newfoundland, 1660–1840, Keith Matthews, compil. (St John’s, 1971).— Book of Nfld. (Smallwood), V : 561.— [E. M. Manuel], St. Peter’s Anglican Church, Twillingate, one hundred and twenty-five year history, 1845–1970 [...] (s.l., 1970), 12s., 36.— Prowse, Hist. of Nfld. (1895), 491s.— G. M. Story, George Street Church, 1873–1973 (St John’s, 1973).
G. M. Story, « DUDER, EDWIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/duder_edwin_11F.html.
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Auteur de l'article: | G. M. Story |
Titre de l'article: | DUDER, EDWIN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |