Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3191916
DOWD, PATRICK, prêtre et sulpicien, baptisé le 24 novembre 1813 à Dunleer (république d’Irlande), fils de Patrick Dowd et de Mary McDonald ; décédé le 19 décembre 1891 à Montréal.
Patrick Dowd fit ses études au petit séminaire de Newry (Irlande du Nord). Désireux de devenir prêtre et missionnaire, il entra au collège irlandais de Paris en 1832. Tonsuré le 20 décembre 1834 et reçu diacre le 17 décembre 1836, il fut ordonné prêtre le 20 mai 1837 au séminaire de Saint-Sulpice à Paris. Il demeura au collège irlandais jusqu’en août 1838, après quoi on l’affecta au ministère paroissial à Drogheda (république d’Irlande). De 1840 à 1843, il œuvra au séminaire d’Armagh (Irlande du Nord), puis exerça de nouveau à Drogheda de 1843 à 1847. Après avoir adressé plusieurs demandes à son évêque, il obtint finalement la permission d’entrer dans la Compagnie de Saint-Sulpice. Il entreprit sa solitude (noviciat) à Issy-les-Moulineaux, près de Paris, en août 1847 et fut agrégé à Saint-Sulpice l’année suivante.
Dowd arriva à Montréal en juin 1848. Aussitôt, on lui assigna la desserte des Irlandais regroupés autour de l’église St Patrick, inaugurée le 17 mars 1847 et propriété de la fabrique de Notre-Dame. Les Irlandais, nouvellement immigrés pour la plupart, habitaient les, quartiers pauvres, les faubourgs Sainte-Anne et Saint-Laurent, et Griffintown. Industrieux et travailleurs, locataires de modestes maisons, ils étaient des gagne-petit. En 1848, selon le témoignage de Dowd, seulement trois paroissiens avaient pu donner 20 $ pour ses œuvres.
L’épidémie de typhus, dont les Irlandais avaient été victimes en 1847, avait fait nombre d’orphelins que les sœurs grises essayèrent tant bien que mal de recueillir et de soigner. En 1851, aidé de ces religieuses, Dowd fonda l’asile des orphelins de Saint-Patrice de Montréal, qui accueillit quelque 5 000 enfants jusqu’en 1900. Pour soutenir cette œuvre, il forma un comité chargé d’organiser un bazar annuel afin d’amasser les fonds nécessaires.
Dowd ne tarda pas à occuper une place prépondérante dans les plans des supérieurs de Saint-Sulpice et dans le milieu, ascendant qui déplut d’ailleurs à certains de ses confrères. L’importance de ses activités, le succès de ses œuvres de bienfaisance et la qualité de son apostolat lui valurent une renommée enviable. Aussi pensa-t-on à lui pour occuper un siège épiscopal. Mgr Armand-François-Marie de Charbonnel, évêque de Toronto et ancien confrère de Saint-Sulpice, pressa Rome de nommer Dowd coadjuteur de Toronto avec résidence à Hamilton, sans toutefois en informer ce dernier. Le 17 décembre 1852, Pie IX le nommait évêque titulaire de Canée et coadjuteur de l’évêque de Toronto et envoyait les bulles. Dowd déclina cet honneur, car il voulait demeurer desservant de St Patrick. Mais il eut de la difficulté à faire valoir son point de vue et ce n’est qu’après six mois de pourparlers que Rome accepta sa décision. Il reçut d’autres offres pour occuper les sièges épiscopaux de Kingston et de Halifax ; il les refusa également.
Bien que Dowd entretint de bonnes relations avec l’évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget*, il appuya les sulpiciens qui s’opposaient à la division territoriale de la paroisse Notre-Dame que prônait l’évêque. Dowd profitait en effet du fait que la fabrique de Notre-Dame assumait les responsabilités matérielles de l’église St Patrick et acquittait une grande partie de son déficit. Malgré l’opposition des sulpiciens, Bourget fit ériger, en 1866–1867, dix nouvelles paroisses dans les limites de Notre-Dame, dont St Patrick. Dowd en devint le premier curé. En 1865, ce dernier avait fondé la maison de refuge de Sainte-Brigitte, vaste établissement où les plus démunis pouvaient trouver un gîte temporaire. En 1868, il ouvrit une école pour jeunes filles qu’il confia aux religieuses de la Congrégation de Notre-Dame.
Dowd se distingua par son intelligence supérieure, son invincible fermeté, sa charité inépuisable, son désintéressement et un oubli de lui-même extraordinaire. Voilà qui explique sans doute la vénération des paroissiens à son endroit. Le 19 mai 1887, à l’occasion de son cinquantième anniversaire d’ordination et de celui de son vicaire, le sulpicien Joseph Toupin, les paroissiens organisèrent une fête digne des deux prêtres. Trois archevêques et deux évêques se joignirent aux 42 prêtres, aux représentants des gouvernements et des mouvements apostoliques de la paroisse pour leur rendre hommage. On remit à Dowd une bourse de 22 000 $ qu’il employa à diminuer la dette de la fabrique.
L’attachement de Patrick Dowd pour le séminaire de Saint-Sulpice ne se démentit jamais. Il se joignit toujours à ses confrères pour les retraites annuelles, les conférences spirituelles et les détentes hebdomadaires. Malade, il entra à l’infirmerie du séminaire le 12 décembre 1891 et y mourut sept jours plus tard, victime d’une pneumonie. Vingt mille fidèles défilèrent devant sa dépouille. Ses funérailles, célébrées dans l’église Notre-Dame, regroupèrent 4 évêques et 200 prêtres. On l’inhuma dans la crypte du grand séminaire au milieu de confrères sulpiciens.
ACAM, 355.121, 875-4, 877-2 ; 468.101 ; 901.145.— ANQ-M, CE1-51, 22 déc. 1891.— Arch. du séminaire de Saint-Sulpice (Paris), Cahiers des conseils, 3 : 715, 770, 777, 784 ; 4 : 21, 82 ; Fonds canadien, dossier 116, nos 54–61 ; dossier 135, no 28.— ASSM, Cahiers des conseils ; 13, B ; 15 ; 21 ; 22 ; 27 ; 35.— St Brigid’s Church (Roman Catholic) (Dunleer, république d’Irlande), Dunleer, reg. of baptisms, 24 nov. 1813.— The case of St. Patrick’s congregation, as to the erection of the new canonical parish of St. Patrick’s, Montreal (Montréal, 1866).— Objections and remonstrances against the dismemberment of the ancient parish of Montreal [...] (Montréal, 1867).— Le Diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle [...] (Montréal, 1900).— Golden jubilee of the Reverend Fathers Dowd and Toupin [...], J. J. Curran, édit. (Montréal, 1887).— [J.-L.-]O. Maurault, Marges d’histoire ; l’art au Canada ([Montréal], 1929), 146–188.— Pouliot, Mgr Bourget et son temps, 4.— Robert Rumilly, Histoire de Montréal (5 vol., Montréal, 1970–1974), 2.— Gerald Berry, « A critical period in St Patrick’s parish, Montreal – 1866–74 », SCHEC Report, 11 (1943–1944) : 117–128 ; « Father Patrick Dowd refuses to be a bishop », 14 (1946–1947) : 95–104.— G. R. C. Keep, « The Irish adjustment in Montreal », CHR, 31 (1950) : 39–46.— [J.-L.—]O. Maurault, « la Congrégation irlandaise de Montréal », Rev. trimestrielle canadienne (Montréal), 8 (1922) : 267–290.
Bruno Harel, « DOWD, PATRICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dowd_patrick_12F.html.
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Auteur de l'article: | Bruno Harel |
Titre de l'article: | DOWD, PATRICK |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 22 déc. 2024 |