DOAN (Done), JOSHUA GWILLEN (Gillam), fermier, tanneur et patriote, né en 1811 à Sugar Loaf, Haut-Canada, cadet des fils de Jonathan Doan ; le 29 septembre 1836, il épousa à St Thomas, Haut-Canada, Fanny Milard, et ils eurent un fils ; exécuté le 6 février 1839 à London, Haut-Canada.

Avant la guerre de 1812, Jonathan Doan et sa famille quittèrent la Pennsylvanie pour le district de Niagara, où naquit Joshua Gwillen. En 1813, ils s’installèrent dans le canton de Yarmouth, près du futur emplacement de Sparta. Agent foncier pour la famille Baby qui possédait des terres dans le canton, Jonathan y installa plusieurs colons pennsylvaniens. Il devint aussi un « respectable fermier », minotier et tanneur. Il occupait une place importante parmi les quakers, et c’est dans sa ferme qu’on avait construit la maison où se célébraient les offices.

Joshua Gwillen Doan opta lui aussi pour l’agriculture puis, quand son frère Joel P. ouvrit une nouvelle tannerie, en 1832, il se joignit à l’entreprise. Marié en 1836, il eut un fils l’année suivante. Tout compte fait, il était bien intégré à son milieu, qui était fortement réformiste ou, comme le disait un commentateur hostile, « républicain ». Au cours de l’agitation réformiste de l’automne de 1837, Doan assista à au moins l’une des réunions tenues en vue de former les cellules politiques dont William Lyon Mackenzie* prônait la création.

En novembre et au début de décembre, Mackenzie organisa en toute hâte, à Toronto, une révolte que les autorités réprimèrent sans peine. Cependant, une rumeur laissait croire qu’elle avait réussi et, dans l’ouest de la province, Charles Duncombe*, député réformiste de la circonscription d’Oxford, décida de réunir une deuxième force rebelle près de Brantford afin de profiter de l’avantage qu’avait supposément pris Mackenzie et de prévenir les représailles contre les réformistes des environs. Son appel atteignit le canton de Yarmouth. Au cours d’une assemblée de recrutement à Sparta, le 9 décembre, Joshua Gwillen et Joel P. Doan « prirent la vedette », et le premier fut élu lieutenant des volontaires. Pendant les quelques jours suivants, il se joignit à Martin Switzer*, résident de Streetsville, et à d’autres afin de persuader les gens de s’enrôler et d’amasser des armes. Il rassembla aussi des munitions qu’il distribua à la cinquantaine de rebelles qui, le 12, se mirent en route pour Scotland, près de Brantford, sous le commandement de David Anderson. Son frère Joel fournit les charrettes de vivres. Peu après l’arrivée du groupe à Scotland, les rebelles de Duncombe se dispersèrent devant les hommes d’Allan Napier MacNab* qui fondaient sur eux. En dépit du fait que le gouvernement offrait une récompense de £100 pour sa capture, Doan parvint à passer aux États-Unis. On l’accusa de participation à la rébellion, de même que Joel, qui s’était enfui lui aussi, et on l’exclut de l’amnistie partielle proclamée en octobre 1838.

Aux États-Unis, Joshua rejoignit les patriotes, ces réfugiés haut-canadiens et partisans américains qui espéraient réaliser par l’invasion le but que Duncombe et Mackenzie n’avaient pu atteindre par la révolte. En décembre 1838, il se trouvait à Detroit parmi le groupe qui entendait gagner Windsor en traversant la rivière. On lui affirma, ainsi qu’à d’autres, que 600 résidents de la région de Windsor avaient l’intention de se joindre à eux et que des colons des environs de London s’étaient déjà soulevés. Sous le commandement des « généraux » L. V. Bierce et William Putnam, les patriotes lancèrent leur raid le 4 décembre en incendiant le vapeur Thames et en tuant une poignée d’habitants. Par la suite, des témoins oculaires prétendirent que Doan avait eu à voir avec au moins l’une de ces morts, ce qu’il nia.

Quand le colonel John Prince* réussit enfin à disperser les patriotes, 25 d’entre eux avaient déjà perdu la vie et un bon nombre, dont Doan, la liberté. On en amena 44 à London afin de les faire comparaître devant un conseil de guerre que présidait Henry Sherwood*. Doan subit son procès pour trahison au début de janvier ; malgré ses protestations d’innocence, on le jugea coupable et on le condamna à mort. Il présenta en vain, au lieutenant-gouverneur sir George Arthur*, un recours en grâce dans lequel il affirmait que deux témoins s’étaient parjurés et que, contraint de suivre les patriotes, il les avait quittés à la première occasion. Par la suite, il reconnut sa participation au raid et signa une déclaration qui visait à décourager toute tentative d’invasion de la colonie. Il enjoignit à sa femme de « penser le moins possible à [son] triste sort » et l’invita à se préparer à son exécution avec « la grâce et la force d’âme d’une chrétienne ».

Le 6 février 1839, Joshua Gwillen Doan et Amos Perley, un autre des six participants au raid dont la sentence n’avait pas été commuée, montèrent sur l’échafaud et, selon le compte rendu d’un journaliste, basculèrent « dans l’éternité sans la moindre résistance ». On les inhuma tous deux au cimetière quaker de Sparta. Doan laissait le souvenir d’« un homme brave et fidèle ». Par la suite, sa veuve épousa son frère Joel.

Colin Frederick Read

APC, RG 5, A1 : particulièrement 100012–100014, 118327–118331 ; B36, 1–2 ; B37, procès de J. G. Doan.— Trinity Church (Anglican) (St Thomas, Ontario), Reg. of marriages, 29 sept. 1836.— Rebellion of 1837 (Read et Stagg).— St. Catharines Journal, 4 janv. 1838, 14 févr. 1839.— Guillet, Lives and times of Patriots. Read, Rising in western U.C.

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Colin Frederick Read, « DOAN (Done), JOSHUA GWILLEN (Gillam) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/doan_joshua_gwillen_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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