PUTNAM, WILLIAM, homme d’affaires, officier de milice et patriote, né vers 1794 en Pennsylvanie, fils aîné de Seth Putnam ; il épousa Eleanor Dygart, et ils eurent sept enfants ; décédé le 4 décembre 1838 à Windsor, Haut-Canada.

Seth Putnam, qui s’était rangé du côté des rebelles pendant la Révolution américaine, s’établit vers 1795 dans le Haut-Canada, juste à l’est de la ville actuelle de London. Sa femme et son fils aîné, William, vinrent le rejoindre en 1797. Le jeune William s’avéra, à plus d’un titre, un colon dévoué et prospère : il fut combattant à la guerre de 1812, construisit une scierie et un moulin à farine et, plus tard, fonda une distillerie et exploita une taverne. Il acquit également de grandes terres et en cultiva une partie. À vrai dire, il fut l’un des piliers de sa communauté : il remplit des fonctions cantonales, fut deux fois président du jury d’accusation du district de London, s’éleva jusqu’au grade de capitaine et fut nommé adjudant dans la milice locale et devint grand maître d’une loge maçonnique.

Malgré ses succès, Putnam gardait certains griefs contre le gouvernement. Il estimait qu’on n’avait jamais payé convenablement son père pour d’importants travaux de voirie qu’il avait exécutés, et que lui-même n’avait pas reçu l’étendue de terre qu’il méritait pour son service de guerre. Le refus du gouvernement de lui vendre le lot qu’il avait occupé par erreur et dont il avait défriché une superficie de 25 acres le vexa sans doute également. Tous ces griefs l’ont peut-être poussé à s’engager en politique du côté des réformistes. Il est certain en tout cas qu’il faisait partie de ce mouvement en 1837, au plus fort de l’agitation qui a précédé la rébellion. Cet automne-là, les réformistes du canton de Dorchester le désignèrent comme délégué au grand congrès provincial que projetait William Lyon Mackenzie*. Au début de décembre, il présida une assemblée dans le canton de Delaware en vue d’établir une cellule politique. Le 8 décembre, à London, après que la rébellion eut éclaté, il assista à un rassemblement où des réformistes discutèrent de la position à prendre devant cet événement. Ils décidèrent en substance de ne rien faire. Le 16, au moment où tous savaient qu’on avait écrasé la rébellion, Putnam et d’autres réformistes se rencontrèrent à Delaware et décidèrent d’exhorter les Indiens locaux à ne pas prendre les armes contre les réformistes.

On arrêta bientôt Putnam à cause de ses activités puis on l’emmena à London. Les magistrats y entendirent à son sujet des témoignages incriminants, quoique indirectement, y compris sa déposition insensée dans laquelle il nia avoir assisté à la réunion du 8 décembre à London. Les magistrats refusèrent de le mettre en liberté sous caution. Par la suite, le jury d’accusation l’inculpa de trahison pour avoir participé à un présumé complot tramé à London ; il recouvra sa liberté le 2 mai. Malheureusement, il ne put retourner à sa ferme : pendant son emprisonnement, « un incendiaire politique », dit-on, avait mis le feu à ses bâtiments, qui avaient été complètement rasés.

Putnam apprit, semble-t-il par Mahlon Burwell, un ami personnel, qu’on l’arrêterait de nouveau. Il s’enfuit alors à Detroit rejoindre les réfugiés patriotes du Haut-Canada et leurs alliés américains, résolus à « révolutionner » le Canada. À la fin de juin, il était de retour dans la province. On ne connaît pas en détail les événements qui s’ensuivirent ; on sait cependant qu’un jour où il se trouvait dans le canton de Dawn, près de la frontière (formée par la rivière Saint-Clair), il abattit d’un coup de fusil un certain capitaine William Kerry (Cary) qui cherchait, semble-t-il, à l’arrêter. Il se réfugia de nouveau à Detroit, où sa famille le rejoignit en exil.

À la fin de novembre, Putnam, devenu « général » dans l’armée patriote, travaillait à l’organisation d’une invasion du Haut-Canada. Comme il avait rassemblé moins de 200 hommes, le chef désigné pour l’expédition, le général L. V. Bierce, voulut abandonner le projet, mais Putnam insista pour qu’on y donne suite. Au petit matin du 4 décembre, avec d’autres leaders, il fit traverser une petite troupe à Windsor, par la rivière de Detroit. Les patriotes mirent le feu aux casernes de la milice locale, tuèrent quelques miliciens et en capturèrent d’autres. Ils brûlèrent ensuite le vapeur Thames puis exécutèrent et mutilèrent le chirurgien John James Hume. Les chefs patriotes divisèrent leurs hommes en deux groupes principaux et, comme les miliciens sous la conduite du colonel John Prince* se ruaient sur eux en provenance de Sandwich (Windsor), Putnam posta ses hommes dans un verger. Ceux-ci, devant le feu nourri des miliciens, ne mirent pas de temps à se disperser et à s’enfuir. Après avoir tenté en vain de contenir leur fuite, Putnam finit par les imiter mais fut rapidement abattu. Le raid prit fin avec sa mort.

William Putnam paya chèrement sa participation aux troubles de 18371838. Beaucoup de ceux qui l’avaient bien connu compatirent à son sort. John Talbot*, par exemple, l’ancien rédacteur en chef du Liberal de St Thomas, qui avait fui la province en décembre 1837 pour éviter l’arrestation, déplora la participation de Putnam au raid de Windsor, mais écrivit : « Je suis désolé pour ce pauvre Putnam [car] il était honnête et sincère. » Tout compte fait, Putnam était digne de pitié. Il n’avait pas comploté la rébellion en décembre 1837, mais on l’avait tout de même emprisonné. Ce sont des persécutions de ce genre, réelles ou imaginaires, qui entraînèrent sa perte à Windsor.

Colin Frederick Read

APC, RG 5, A1 : particulièrement 85600–85601, 106669–106686, 106820, 112787–112796 ; B36, 1–2.— Jedediah Hunt, An adventure on a frozen lake : a tale of the Canadian rebellion of 1837–8 (Cincinnati, Ohio, 1853), 4–7, 28.— Robert Marsh, Seven years of my life, or narrative of a Patriot exile ; who together with eighty-two American citizens were illegally tried for rebellion in Upper Canada in 1838, and transported to Van Dieman’s Land [...] (Buffalo, N.Y., 1848), 20–25.— Rebellion of 1837 (Read et Stagg).— Guillet, Lives and times of Patriots.— Read, Rising in western U.C.— J. M. Gray, « The life and death of « General » William Putnam », OH, 46 (1954) : 3–20.— « The Windsor raid of 4 Dec., 1838 », Putnam Leaflets (Danvers, Mass.), 3 (1899), no 2 : 41–65 ; ce document utile vient en grande partie d’un manuscrit relatif à Putnam et rédigé par son fils Warner Herkimer.  [c. f. r.]

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Colin Frederick Read, « PUTNAM, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/putnam_william_7F.html.

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Auteur de l'article:    Colin Frederick Read
Titre de l'article:    PUTNAM, WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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