CROUT, HENRY, colon du premier établissement anglais à Terre-Neuve ; circa 1612–1617,
Nous ne savons rien de la vie de Crout en dehors de la part qu’il prit à la colonisation de Terre-Neuve ; d’après son nom, il semblerait originaire du Devonshire, mais, en 1612, il habitait Lambeth. Au mois de février 1612, Crout acheta, pour £20, une demi-action de la Compagnie de Londres et de Bristol pour la colonisation de Terre-Neuve, société qui avait établi une colonie dans l’île deux ans auparavant, sous la direction de John Guy. Il fut apparemment attiré dans cette affaire par Sir Percival Willoughby, qui avait souscrit à cette compagnie en 1610. Crout se rendit à Terre-Neuve, pour y agir au nom de Willoughby et veiller sur Thomas Willoughby, fils de Sir Percival.
En mai 1612, Crout atteint Renewse et, au mois d’août, il prend résidence à Cuper’s (Cupids) Cove, d’où il écrit à Willoughby de nombreuses lettres dans lesquelles il lui fait part d’impressions favorables dans l’ensemble. Il estimait Terre-Neuve propice à la colonisation, comme étant probablement fertile et offrant la promesse de richesses minérales, de plantes médicinales (telles que la salsepareille) et d’un commerce de pelleteries, avec les Indiens, du genre de celui que les Français avaient établi au Canada. Ses critiques visaient plutôt la compagnie que le pays ; il s’élevait en particulier contre la pratique d’envoyer là-bas des apprentis plutôt que des artisans. Chose étonnante, Crout parlait très peu de l’activité journalière des colons, mais il décrivait les raids du pirate Peter Easton contre les pêcheurs. Ayant fait deux voyages à Ferryland pour négocier avec Easton, Crout fut accusé par Willoughby d’être trop familier avec les pirates.
Crout avait pour mission principale d’explorer les terres que Willoughby espérait recevoir de la compagnie, notamment la péninsule située entre les baies de la Conception et de la Trinité, au nord d’une ligne allant de Carbonear à Heart’s Content. Au début, n’ayant pas de bateau, il transmettait à Willoughby les récits de pêcheurs qui parlaient d’étendues de bonne terre non boisée, de bois peuplés de chevreuils et de castors, ainsi que de havres aux eaux très poissonneuses. N’ayant pas réussi à atteindre la baie de la Trinité par voie de terre, Crout participa en octobre à une expédition côtière dirigée par Guy, expédition qui prit contact avec les Béothuks de l’endroit.
Crout passa l’hiver de 1612–1613 à l’établissement, où il était de toute évidence un personnage d’une certaine importance, car on le chargea de tenir le journal officiel de la colonie (Middleton mss, Mi X 1/66). Il s’agissait d’abord d’un registre des conditions atmosphériques ; on y notait chaque jour la direction du vent, les périodes d’ensoleillement, les chutes de pluie ou de neige ainsi que le degré de gel. Si les termes employés sont subjectifs, les caractéristiques du climat sont évidentes. Le journal constitue un document précieux et tout à fait extraordinaire pour l’époque. En outre, il donne des détails sur la vie dans la colonie au cours de ce dur hiver. Dans les premiers mois de 1613, Willoughby blâma Crout de n’avoir pas poussé plus loin ses explorations. Crout retourna bien à la baie de la Trinité au printemps, mais les Béothuks se montrèrent réticents. Il était tout disposé à passer un autre hiver à Terre-Neuve lorsque, dès le mois d’août, on décida qu’il irait en Angleterre soumettre un rapport plus complet à Willoughby.
Il demeura apparemment en Angleterre jusqu’en 1616. Mais, au mois de mai de cette année-là, on le retrouve à Cuper’s Cove. Willoughby aurait bien voulu voir Crout établir une colonie distincte dans ses terres de Carbonear, mais son désir fut contrecarré par la pénurie de colons. Crout passa l’hiver dans l’île ; cependant, Willoughby était de plus en plus mécontent de son intendance et surtout de ce nouveau retard. Il semble bien que Willoughby l’ait rappelé en Angleterre, car il n’est plus question de Crout à Terre-Neuve, et, en 1619, Willoughby y avait un nouvel agent du nom de Thomas Rowley.
Les lettres de Crout, son journal et d’autres écrits à son sujet font partie d’une collection de documents relatifs à la première colonie anglaise, qui se trouvent à l’université de Nottingham, Middleton mss, Mi X 1/1–66. Pour de plus amples renseignements sur la colonie, V. Purchas, Pilgrimes (1905–07), XIX.— Prowse, History of Nfld.— Rogers, Newfoundland.
Gillian T. Cell, « CROUT, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/crout_henry_1F.html.
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Auteur de l'article: | Gillian T. Cell |
Titre de l'article: | CROUT, HENRY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |