CONNON, THOMAS, homme d’affaires, fonctionnaire, photographe et peintre, né le 14 septembre 1832 dans une ferme à Udny, Écosse, fils de Robert Connon et d’Ann Findlay ; le 4 novembre 1854, il épousa à Elora, Haut-Canada, Jean Keith, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé le 10 janvier 1899 au même endroit.

Thomas Connon fit ses études à Stonehaven, en Écosse, et entra comme apprenti chez un épicier grossiste d’Aberdeen. Il immigra dans le Haut-Canada en 1852 et vécut à Beamsville avant de s’établir à Elora l’année suivante. Il travailla d’abord chez différents marchands à Elora et, pendant de brèves périodes, dans d’autres petites localités dont Beamsville, Streetsville (Mississauga) et Salem, dans le comté de Wellington, puis de 1859 à 1867 il exploita un magasin général avec son beau-frère à Elora. Il fut aussi membre du conseil scolaire et vérificateur des comptes du village.

Connon s’est vraisemblablement intéressé très tôt aux arts : enfant, il s’exerçait déjà au dessin et à la peinture. Il ne semble pas avoir fait d’études artistiques et, dans une lettre qui date de 1854, il se décrivait lui-même comme un « artiste manqué ». Il aurait remporté des prix pour ses paysages et aurait exposé des tableaux à Paris. Ce n’est qu’après s’être établi à Elora qu’il commença à apprendre la photographie. La lecture des articles de l’Art Journal, publié dans la capitale britannique, qui décrivaient les pièces qu’on pouvait voir à l’Exposition universelle de Londres en 1851 lui permit de se tenir au courant de ce qui se passait dans ce domaine. En 1859, Connon entama une carrière de photographe professionnel et, l’année suivante, ouvrit l’Elora Art Studio. Avec son fils John Robert, il parcourut le comté de Wellington pour y photographier les gens et les lieux, les villes de Guelph, d’Elora et de Fergus et le site le plus fréquenté de la région, la gorge d’Elora sur la rivière Grand. Il tira des vues stéréoscopiques de ses paysages, dont les séries Wellington County, Grand River near Elora, Views of the Irvine River et Wellington Scenery. Comme il a pu vivre de la photographie après 1867, on peut supposer que ses œuvres se vendaient bien. Il travailla comme photographe jusqu’à ce que sa santé chancelante l’oblige à prendre sa retraite en 1885.

Observateur attentif qui se consacra à fixer les images de son coin de province, Connon annonce Homer Ransford Watson* qui, quelques années plus tard, peindra dans sa ville natale de Doon (Kitchener), près d’Elora. Quoiqu’ils aient utilisé des moyens d’expression différents, les deux artistes n’en ont pas moins eu le même souci de consigner le détail des événements de la vie rurale et des paysages de leur campagne. Bien sûr, le peintre, qui exposa tant à l’étranger qu’au pays, connut une tout autre gloire que le photographe.

Connon ne quitta jamais la région de Wellington. Il n’eut pas non plus, semble-t-il, l’ambition de photographier les personnages célèbres du pays ou de fixer pour mémoire la grande diversité des paysages canadiens comme l’ont fait d’autres de ses contemporains bien connus, tels William Notman ou John Arthur Fraser. Mais en captant plus de vues du comté de Wellington que bien d’autres photographes professionnels n’en avaient prises ailleurs, Connon et son fils devinrent, selon les termes de Charles Corke, « probablement les plus grands photographes de l’ouest du Canada ». De plus, contrairement à la plupart de ses collègues qui durent exercer un second métier pour gagner leur vie, Thomas Connon travailla à plein temps dans la même région durant 25 ans, et il est l’un des rares qui aient pu tenir studio durant si longtemps.

D’après son fils, Connon avait conçu en 1881 ce qu’on appellera plus tard un porte-rouleau, grâce auquel on déposait l’émulsion à la gélatine sur une bande de pellicule plutôt que sur une plaque de verre. C’est cependant un Américain qui obtint le brevet d’invention de ce porte-rouleau quelques années plus tard.

La correspondance que Thomas Connon entretint avec un parent d’Écosse de 1852 à 1859 nous est restée. Ces lettres, où l’artiste décrit par le menu maints aspects de sa vie quotidienne, complètent son œuvre de photographe, car elles témoignent du même sens aigu de l’observation et de l’attention aux détails que révèlent ses photographies du comté de Wellington.

Claire Champ

Un portrait peint par Thomas Connon de son beau-père, John Keith, se trouve dans la collection du Macdonald Stewart Art Centre (Guelph, Ontario). Un tableau montrant un gros rocher de la gorge Elora, The tooth of time (vers 1870), se trouve aux Wellington County Museum and Arch. (Fergus, Ontario). Des photographies prises par Connon y sont également conservées ainsi que dans les collections de photographies des AN, Division de l’art documentaire et de la photographie, des AO, et de l’Univ. of Guelph.

Une photographie de Connon est reproduite dans J. R. Connon, « Elora » (voir ci-dessous), en regard de la page 188. Des photographies de Connon et de sa famille font partie de la collection de M. et Mme Charles Corke (voir J. [M. Goatley] Nasby, Canada in the Victorian image, 1837–1887 (catalogue d’exposition, Univ. of Guelph, 1975), nos 51–53, 55). Des lettres écrites à sa tante, Mme E. Connon d’Aberdeen, Écosse, trouvées parmi les Connon papers dans la Régional Coll. de l’UWOL, ont été publiées sous le titre de « Impressions of Canada West in the 1850s », Western Ontario Hist. Notes (London), 17 (1961) : 1–43 ; les réponses de sa tante sont conservées aux Wellington County Museum and Arch.

Church of Jesus Christ of Latter-Day Saints, Geneal. Soc. (Salt Lake City, Utah), International geneal. index.— Harper, Early painters and engravers.— Univ. of Guelph, The University of Guelph art collection : a catalogue of paintings, drawings, prints and sculpture, J. M. [Goatley] Nasby, édit. (Guelph, 1980), 74.— J. R. Connon, « Elora » (s.l., 1930) ; publié dé nouveau sous le titre de The early history of Elora, Ontario, and vicinity, introd. de Gerald Noonan (2e [éd.], Waterloo, Ontario, 1975).— Ralph Greenhill et Andrew Birrell, Canadian photography : 1839–1920 (Toronto, 1979).— History of Elora, Roberta Allen, compil. (Elora, 1982), 175.— A. E. Byerly, « Connons, father and son, brought home to Elora by photographic research », London Free Press, 9 août 1924.— Charles Corke, « Early photography and photographers in Guelph and area », Historic Guelph, the Royal City (Guelph), 17 (19771978) : 55–67.— Elsie McLeod Murray, « An Upper Canada « bush business » in the fifties », OH, 36 (1944) : 41–47.

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Claire Champ, « CONNON, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/connon_thomas_12F.html.

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Auteur de l'article:    Claire Champ
Titre de l'article:    CONNON, THOMAS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    20 nov. 2024