CONNOLLY (Connelly), MARY, dite sœur Mary Clare, membre des Sisters of Charity of Halifax et enseignante, baptisée le 6 juin 1840 à l’âge de deux jours à Halifax, fille de Patrick Connolly et de Mary Broderick (Brauderick, Brawdorick) ; décédée le 10 avril 1922 à Wellesley, Massachusetts.
Les parents de Mary Connolly faisaient partie d’une vague d’immigrants irlandais catholiques venus s’établir au Canada au xixe siècle. Ils se marièrent à Halifax le 28 août 1839 et Mary, leur aînée, naquit l’année suivante. Deux autres de leurs enfants prendraient le voile ou l’habit : Catherine, qui entra elle aussi chez les Sisters of Charity of Halifax, et John J., qui devint jésuite. Les Connolly habitaient dans la paroisse de la cathédrale St Mary et leurs enfants fréquentèrent l’école paroissiale. En 1849, à la demande de l’évêque William Walsh*, les Sisters of Charity of New York se chargèrent de l’instruction des filles de cette paroisse ; elles furent remplacées en 1855 par la nouvelle congrégation des Sisters of Charity of Halifax, issue de leur groupe [V. Rosanna McCann*].
Le 1er mai 1856, Mary Connolly fut parmi les premières jeunes femmes à entrer chez les Sisters of Charity of Halifax. Elle avait alors 15 ans. Après un postulat de trois mois, elle fut admise au noviciat sous le nom de sœur Mary Clare et prononça ses vœux en 1858. Quand les religieuses de sa congrégation seraient autorisées à prononcer des vœux perpétuels, elle serait la première à le faire, le 28 juillet 1908 ; c’est pourquoi elle porte le numéro un de sa communauté. Dès son entrée dans la congrégation, sœur Mary Clare fut nommée enseignante à la St Mary’s Girls’ School. Puis, en mai 1858, elle devint supérieure du St Peter’s Convent de Dartmouth et institutrice à l’école qui y était attachée. Cette école, qui avait ouvert ses portes quelques mois auparavant, comptait une quarantaine de filles mais, contrairement aux autres écoles dirigées par les Sisters of Charity à Halifax, sa clientèle n’augmenta pratiquement pas. Sœur Mary Clare expliquerait ce phénomène par le caractère de Dartmouth, localité « majoritairement protestante et très bigote ».
À la demande de l’archevêque Thomas Louis Connolly*, sœur Mary Clare et une autre religieuse furent affectées, en 1862, à un foyer pour « filles perdues » confiées à la garde de la congrégation par les tribunaux, foyer situé à Dutch Village (Halifax). Elle nota dans son journal que « les premières arrivées [...] étaient dans la plus grande déchéance [...] mécontentes, paresseuses et querelleuses ; elles se disputaient et se bagarraient pour des broutilles ». Les quatre premières pensionnaires prirent la fuite à un moment ou l’autre, mais la police en ramena trois, auxquelles s’ajoutèrent bientôt cinq autres femmes. À la grande déception de l’archevêque, sœur Mary Clare et sa collègue se désistèrent au bout d’un an, parce que, selon elles, les femmes n’avaient fait aucun progrès et qu’il avait été très difficile d’acheminer les denrées essentielles de Halifax, alors situé à environ trois milles, surtout durant l’hiver.
En 1866, sœur Mary Clare fut l’une des trois religieuses choisies pour une périlleuse mission. Le 8 avril de cette année-là, l’England approchait de Halifax et le choléra faisait des ravages à bord. On ordonna au navire de jeter l’ancre au large de l’île McNabs où les passagers, catholiques irlandais pour la plupart, furent mis en quarantaine. Après avoir visité l’île et évalué la gravité de la situation, l’archevêque Connolly se rendit directement au St Mary’s Convent, rue Barrington, et convoqua toutes les religieuses au parloir. Sœur Mary Clare raconta dans son journal : « Sa Grâce [nous] parla de sa visite à la station de quarantaine, et de la souffrance et de la détresse de ces pauvres gens. Tous [sont] dans un tel état de peur et d’agitation, et beaucoup de malheureux enfants, dont les parents ont été emportés par la peste, sont laissés à eux-mêmes. Sa Grâce voulut ensuite savoir combien d’entre nous se porteraient volontaires pour aller dans l’île et prendre soin de ces enfants. » Toutes les religieuses se portèrent volontaires, et l’archevêque en choisit d’abord deux, sœur Mary Clare et une novice, sœur Mary Vincent. Mgr Connolly profita de leur départ pour faire valoir publiquement la « charité catholique » et le lendemain matin, 16 avril, à huit heures trente, les deux religieuses choisies et l’archevêque se rendirent, accompagnées par la mère supérieure et un autre membre de la congrégation, au Market Wharf où ils s’embarquèrent dans une chaloupe pour se rendre à l’île McNabs. Une troisième religieuse, sœur Mary Alphonsus, les rejoignit dans l’île peu après.
Durant une semaine environ, les religieuses travaillèrent parmi les immigrants, s’occupant surtout des nombreux orphelins. La ville envoya des détenus, auxquels elle fournissait un tonneau de rhum par jour, pour creuser les tombes. Sœur Mary Clare fit remarquer qu’à entendre ces fossoyeurs impies et souvent ivres faire leur travail, « il était facile de méditer sur l’enfer ». Après leur départ de l’île, les religieuses durent passer elles-mêmes deux semaines en quarantaine avant de rentrer au couvent.
En 1864, sœur Mary Clare était retournée enseigner à la St Mary’s Girls’ School de Halifax. Elle y demeura jusqu’en 1878, puis, passa deux ans à Church Point. Elle enseigna par la suite dans un certain nombre d’établissements de Halifax. À divers moments, elle fut supérieure adjointe de la congrégation, trésorière et maîtresse des novices. À ce dernier titre, elle remplit l’importante fonction de responsable de la formation des jeunes femmes qui aspiraient à devenir Sisters of Charity. Tout en enseignant à la Mount St Vincent Academy à Rockingham (Halifax) de 1892 à 1902, elle remplit un dernier mandat (1892–1898) comme maîtresse des novices, mandat au cours duquel 82 jeunes femmes entrèrent dans la congrégation. En 1902, on l’envoya à Wellesley, dans le Massachusetts, où elle enseigna à l’Academy of the Assumption et agit en qualité de « mère vicaire » ou adjointe à la supérieure locale jusqu’à sa retraite en 1919. « Douce, spirituelle et de tempérament austère », selon l’une des historiennes de la congrégation, elle mourut de broncho-pneumonie et d’endocardite en 1922, et fut inhumée au St Mary’s Cemetery de Needham, au Massachusetts. Au moment de sa mort, les Sisters of Charity of Halifax comptaient 400 membres dans 35 maisons en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Massachusetts et aux Bermudes, et s’occupaient d’écoles, d’orphelinats, d’hôpitaux et d’un foyer pour les femmes enceintes célibataires.
Arch. of the Archdiocese of Halifax, St Mary’s (Halifax), RBMS.— Arch. of the Sisters of Charity (New York), Sister Elizabeth A. Vermaelen, « Elizabeth Seton – educator » (doc. présenté au forum de l’école secondaire, avril 1974, New York).— Sisters of Charity of St Vincent de Paul Arch. (Halifax), Biog. records of professed sisters, 1859–1951 : Sister Mary Ann Connolly ; Sister Mary Clare Connolly.— Halifax Citizen, avril 1866.— Morning Chronicle (Halifax), avril 1866.— Dictionary of Jesuit biography : ministry to English Canada, 1842–1987 (Toronto, 1991).— Judith Fingard et al., Halifax : the first 250 years (Halifax, 1999).— J. B. Hanington, Every popish person : the story of Roman Catholicism in Nova Scotia and the church of Halifax, 1604–1984 (Halifax, 1984).— Historical statistics of Canada, M. C. Urquhart et K. A. H. Buckley, édit. (Toronto, 1965).— [M. A. McCarthy, dite] Sœur Francis d’Assisi, A forgotten mother, Mother Rose McAleer, 1827–1870 ; our first Canadian mother, Mother Mary Josephine Carroll, 1815–1877 ; a gentle mother, Mother Elizabeth O’Neill, 1832–1908 (Halifax, 1968) ; Mother Mary Basilia McCann, first mother superior of the Halifax daughters of Blessed Elizabeth Seton, 1811–1870 (Halifax, 1968).— [Mary Power, dite] Sœur Maura, The Sisters of Charity, Halifax (Toronto, 1956).
Heidi MacDonald, « CONNOLLY (Connelly), MARY, dite sœur Mary Clare », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/connolly_mary_15F.html.
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Auteur de l'article: | Heidi MacDonald |
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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Date de consultation: | 10 oct. 2024 |