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CLENDINNENG (Clendinning), WILLIAM, homme d’affaires, philanthrope et homme politique, né le 22 juin 1833 à Cavan (république d’Irlande) ; le 3 mai 1853, il épousa à Montréal Rachel Newmarsh, une Anglaise, et ils eurent cinq garçons et quatre filles ; décédé le 21 juin 1907 à Depew, dans l’État de New York.
William Clendinneng arriva à Montréal avec sa famille en 1847 à l’âge de 14 ans. D’origine modeste, il commença son ascension sociale en 1852 en devenant commis à la fonderie de William Rodden, située dans le quartier Sainte-Anne. Spécialisé avant tout dans la fabrication de modèles variés de poêles, cet établissement produisait également des châlits, des balances, des charrues et des pièces coulées ou forgées de tout genre. Au sein de l’entreprise, Clendinneng se fit remarquer par Rodden, qui l’admit comme associé en novembre 1858. Au printemps de 1861, un observateur nota que l’entreprise était gérée principalement par Clendinneng, tandis que Rodden consacrait la plus grande partie de son temps à sa carrière politique sur la scène municipale.
Sous l’impulsion de Clendinneng, la fonderie William Rodden and Company se développa rapidement. La vocation de l’entreprise demeura inchangée, mais l’ouverture d’un magasin rue Saint-Jacques, à l’été de 1862, marqua la volonté des propriétaires de profiter entièrement des bénéfices liés à la commercialisation de leur production. L’entreprise, qui avait connu une situation financière chancelante dans les années 1840, évolua dorénavant sur une base solide et devint l’une des plus grandes fonderies au Canada. En 1861, elle employait en moyenne 65 ouvriers ; trois ans plus tard, leur nombre passait à 90, puis atteignait 150 en 1871, 180 en 1872 et 300 en 1886.
En janvier 1868, Clendinneng racheta la part de Rodden évaluée à 50 000 $, qu’il dut rembourser par paiements annuels, et devint le seul propriétaire de l’établissement. Sa fortune était alors estimée à environ 30 000 $. Il continua de faire prospérer sa fonderie si bien qu’en mai 1874 on évaluait sa richesse à 100 000 $. Le mois suivant, il participa à la fondation de la Mead Manufacturing Company, entreprise constituée juridiquement en vue de fabriquer des machines à coudre et des pièces coulées variées. Mais avec la propagation de la crise économique mondiale au Canada, cette entreprise ne vit jamais le jour. En janvier 1884, Clendinneng fit entrer son fils William comme associé dans la fonderie, qui prit alors le nom de Compagnie Wm. Clendinneng et Fils.
Comme beaucoup d’hommes d’affaires de l’époque, Clendinneng s’intéressa à diverses associations. Cependant, l’importance de sa participation le distingua de la plupart des bourgeois du temps. Dès 1857, il prit une part active aux affaires de la Société de bienfaisance protestante irlandaise de Montréal et à celles de la Young Men’s Christian Association, et occupa une place aux conseils d’administration de ces organismes. Durant les années 1860, on le trouvait en plus chaque année au bureau d’une ou de deux autres sociétés de bienfaisance protestantes, soit la Société de bienfaisance des ouvriers anglais de Montréal, la United Protestant Workingmen’s Benefit Society ou la Maison protestante d’industrie et de refuge de Montréal. Ce fut probablement vers 1870 que Clendinneng opta pour une voie similaire à celle qu’avait empruntée Rodden, en planifiant à moyen terme son entrée dans la vie politique. Sa collaboration à des sociétés de bienfaisance s’intensifia et, de 1870 à 1880, il fit partie chaque année du conseil d’administration de cinq organismes en moyenne. En plus des sociétés déjà énumérées, il fut membre de la French Canadian Missionary Society, de la Montreal Religious Tract Society, de la Montreal Auxiliary Bible Society, du dispensaire de Montréal, du Montreal General Hospital, de l’Institut maritime de Montréal, de l’Institut des artisans de Montréal, du Bureau de commerce de Montréal et de la Société canadienne pour empêcher les cruautés envers les animaux. Par cet engagement social intense, Clendinneng accumula un capital politique important et, en 1876, il se fit élire conseiller municipal du quartier Saint-Antoine à Montréal. Il représenta ce quartier de 1876 à 1879 et de 1888 à 1893. Il agit également en tant que maire par intérim à l’automne de 1888.
À partir de 1880, Clendinneng se consacra surtout à deux organismes, la Maison protestante d’industrie et de refuge de Montréal et la Société canadienne pour empêcher les cruautés envers les animaux. Il appartint respectivement à leur conseil d’administration de 1869 à 1894 et de 1875 à 1894. La réputation de Clendinneng était désormais solidement établie. Présenté par la Presse de Montréal comme « l’homme affable, l’homme du peuple, le citoyen dévoué, l’industriel actif que tout le monde estime, parce qu’il est bon, charitable et sympathique aux ouvriers dont il est l’ami sincère », Clendinneng couronna son engagement social et politique en se faisant élire, en juin 1890, après une chaude lutte, député conservateur de la circonscription de Montréal, division no 4, au Parlement provincial ; il ne se représenta pas en 1892.
Comme bien des hommes d’affaires, Clendinneng s’occupa non seulement d’améliorer le sort des pauvres de Montréal, mais il entretint aussi des rapports paternalistes avec ses ouvriers. En 1872, sa fonderie fut dotée d’une salle de lecture pourvue de journaux locaux, de revues et d’autres documents spécialisés à l’intention des travailleurs. Durant la même décennie, l’entreprise établit une tradition de pique-niques annuels chaque été : les employés se rendaient par train ou bateau à vapeur à un emplacement choisi en dehors de la ville pour se délasser. L’intérêt de Clendinneng pour des relations harmonieuses avec ses ouvriers se manifesta également à l’occasion de la fête de la Saint-Jean-Baptiste en 1881, lorsqu’il se joignit aux responsables de la section montréalaise de l’Iron Molders International Union, et marcha fièrement en leur compagnie, avec l’insigne syndical épinglé à sa poitrine, dans la procession du syndicat à travers les principales rues de la ville. Cependant, Clendinneng pouvait parfois se montrer intraitable avec ses employés. À l’été de 1872, il fit partie d’une coalition de 50 des hommes d’affaires les plus importants de Montréal opposés à la réduction de la journée de travail de dix à neuf heures, telle que revendiquée par les ouvriers. De plus, en 1886, il mina l’influence du syndicat des mouleurs à l’issue d’une grève que son entreprise avait elle-même provoquée en engageant un employé qui ne faisait pas partie de l’Iron Molders International Union.
La carrière de William Clendinneng dans le milieu des affaires s’assombrit à la fin de sa vie, ce qui contribua probablement à son désengagement des activités philanthropiques et politiques. Selon le Montreal Daily Star, la fermeture de la Banque du peuple en juillet 1895 lui porta un dur coup. Elle ne fut probablement pas étrangère à la faillite de la Canada Pipe and Foundry Company, en novembre 1895, entreprise dont son fils William et lui faisaient partie depuis sa fondation en juin 1889. La fonderie Wm. Clendinneng et Fils semble également avoir été durement affectée. Du 23 avril 1896 au 19 juin 1902, un dénommé William Mann, de Montréal, eut la responsabilité de toutes les opérations menées au nom de l’entreprise. Pendant ces années, il semble que les revers financiers essuyés par Clendinneng le forcèrent à se trouver de l’emploi chez certains marchands de fer de la ville. Au lendemain de la cessation par William Mann de toute activité au nom de la fonderie, le 20 juin 1902, les opérations menées sous la raison sociale de Wm. Clendinneng et Fils furent portées au seul nom de Rachel Newmarsh, l’épouse de William Clendinneng, « séparée en propriété » de son mari depuis 1898. Au décès de Rachel, quatre mois plus tard, William Clendinneng reprit l’exploitation de l’établissement à son nom, avec la coopération de ses fils William et George. Toutefois, en raison d’une poursuite intentée par William Mann en février 1904, la fonderie déclara faillite. William Clendinneng quitta Montréal la même année. Le 21 juin 1907, à Depew, dans l’État de New York, où il vivait chez une de ses filles depuis à peine cinq mois, il fut frappé par un train au retour d’une promenade et mourut presque immédiatement. Son corps ne fut pas inhumé au cimetière du Mont-Royal, à Montréal, où repose celui de son épouse.
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Peter Bischoff et Robert Tremblay, « CLENDINNENG (Clendinning), WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/clendinneng_william_13F.html.
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Auteur de l'article: | Peter Bischoff et Robert Tremblay |
Titre de l'article: | CLENDINNENG (Clendinning), WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |