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CHAPPELL, EDWARD, officier de marine et auteur, né le 10 août 1792 à Hothfield, dans le comté de Kent, en Angleterre ; le 5 octobre 1819, il épousa Elizabeth Wood (décédée en 1842) qui donna naissance à une fille ; décédé le 21 janvier 1861 à Londres, en Angleterre.

Edward Chappell avait 12 ans lorsqu’il s’embarqua en 1804 sur le vaisseau de guerre Kingfisher, à la station navale de Sheerness, près du village où il était né. Durant les guerres napoléoniennes, il servit à bord de plusieurs bateaux et navigua de la Méditerranée aux Antilles. En 1805, il contribua à la capture d’un corsaire espagnol sous le tir des puissantes batteries de la forteresse de La Guaira, sur la côte du Venezuela. Il devint lieutenant en 1811, après avoir commandé une canonnière au siège de Cadix, en Espagne, au cours duquel presque tous les membres de son équipage furent tués ou blessés, et il fut lui-même blessé grièvement.

Il servit sur des vaisseaux de guerre au large de Tunis et de Toulon, puis s’embarqua sur le brick Rosamond qui se rendit à Terre-Neuve en 1813 et à la baie d’Hudson en 1814 pour effectuer des patrouilles dans les zones de pêche de l’Amérique du Nord britannique. Durant ces voyages, il nota ses observations dans deux journaux publiés par la suite sous les titres de Voyage of his majesty’s ship Rosamond to Newfoundland and the southern coast of Labrador et Narrative of a voyage to Hudson’s Bay. Dans son premier journal, Chappell décrivait le voyage effectué à l’été de 1813 dans les eaux de Terre-Neuve et du Labrador, où presque tous les gens habitaient le littoral et vivaient de la pêche. Après avoir gagné St John’s à la fin de mai, le Rosamond contourna les côtes sud et ouest de Terre-Neuve pour aller surveiller les pêcheries de la côte du Labrador ; il fit la route en sens inverse à l’automne, puis quitta St John’s pour l’Angleterre en décembre. Au cours de ce voyage, Chappell observa les villages isolés des Blancs, des Indiens et des Inuits sur la côte occidentale de Terre-Neuve et sur le littoral du Labrador, les rues encombrées et la vie sociale animée de St John’s à la fin de la saison de la pêche et des sites exceptionnels tels que les remarquables rochers évoquant la forme d’un château, à la baie des Châteaux dans le détroit de Belle-Isle. Comme d’autres voyageurs, cependant, Chappell condamna le système d’exploitation économique en vertu duquel les marchands de poisson pouvaient « amasser les plus magnifiques fortunes avec une rapidité inconcevable, tandis que les pêcheurs des classes moyennes et inférieures se donnent de la peine d’une année à l’autre, avec un zèle patient et incessant, et se retrouvent, quand ils sont vieux, dans une misère bien plus grande qu’au moment où ils venaient de traverser l’Atlantique ».

En mai 1814, l’équipage du Rosamond apprit que l’ordre avait été donné de diriger le vaisseau vers la baie d’Hudson, et huit hommes, dont le capitaine, décidèrent de débarquer à Suffolk, en Angleterre. Le vaisseau traversa l’Atlantique en escortant deux bateaux de la Hudson’s Bay Company et un brigantin de la mission des frères moraves, puis il gagna York Factory à la baie d’Hudson ; il revint par la même route à l’automne. L’austère grandeur de l’Arctique, avec ses montagnes et ses icebergs, impressionna le jeune lieutenant de marine. La première rencontre de Chappell avec les Inuit eut lieu le 31 juillet lorsqu’il descendit à terre au cap Saddleback, dans le détroit d’Hudson. S’il montra le caractère irréaliste de certaines observations qui avaient été faites antérieurement sur les Inuit, il se livra lui-même à quelques commentaires empreints de naïveté. Ayant remarqué la petitesse des mains et des pieds des indigènes, par exemple, il arriva à la conclusion que « le même froid intense qui fait que la végétation est réduite à l’état d’arbrisseaux grimpants produit également un effet sur la croissance de l’homme, empêchant les extrémités d’atteindre leurs dimensions normales ». Toutefois, il décrivit avec plus de précision la chasse au phoque et nota l’importance de cet animal dans la vie des autochtones. Il fit des croquis de huttes et de kayaks inuit, qui furent reproduits dans son Narrative, et il obtint, par le troc, des vêtements en peaux de phoque ainsi que des gants de plumes blanches. Il connaissait quelques mots usuels de la langue des Inuit, mais il était incapable de converser véritablement avec eux. Chappell défendit plus tard son ouvrage contre un critique dans la Quarterly Review de Londres en soutenant qu’il avait eu des contacts quotidiens avec les indigènes et qu’il avait été accueilli dans leurs maisons – privilège qu’aucun Européen n’avait obtenu depuis 40 ans. Cependant, la plupart de ses observations sur le mode de vie des Inuit et sur leurs croyances sont superficielles.

À York Factory, on fit manger à Chappell du steak de chevreuil et des langues de bison, au son des cornemuses des Highlands, et il se joignit à un groupe de Cris pour chasser le renne. Dans son journal, il décrit brièvement les opérations de traite effectuées par la Hudson’s Bay Company ; le lecteur désireux de se renseigner sur les régions occidentales du vaste domaine de la compagnie était renvoyé aux journaux d’Alexander Mackenzie*. Chappell estimait que les Indiens allaient devenir plus diligents si l’on mettait fin au monopole de la compagnie et si on leur offrait davantage pour leurs fourrures.

Au cours de ses deux voyages, Chappell vécut avec un enthousiasme juvénile et une grande exubérance toutes les expériences qui s’offraient à lui et il eut des entretiens avec toutes sortes de gens, depuis les missionnaires moraves jusqu’aux chefs indiens. Dans ses livres, qui sont essentiellement des ouvrages descriptifs et des récits de voyages à l’intention de la haute société britannique, il nous donne un aperçu des établissements de pionniers qui comportaient peu de gens instruits et n’avaient pas été l’objet d’un grand nombre d’études. Il manifeste, toutefois, quelques préjugés compréhensibles : il dépeint les prêtres catholiques comme des gens gais et grassouillets, les Irlandais comme des ivrognes turbulents et s’il considère généralement les Indiens et les Inuit comme aimables et hospitaliers, il adopte une attitude condescendante envers leurs coutumes, leur religion et leur goût pour l’alcool.

Il semble que Chappell n’eut pas d’autres liens avec l’Amérique du Nord après les voyages accomplis en 1813 et 1814. À la suite du second voyage, il présenta des ouvrages d’artisanat inuit à Cambridge University. Lorsque les guerres napoléoniennes furent terminées, il effectua des patrouilles dans la Manche sur des vaisseaux de guerre chargés de la lutte contre les contrebandiers. Promu au rang de commandant en 1826, il dirigea durant les 12 années suivantes le service de livraison postale par vapeurs dans les îles britanniques. Il était considéré par ses supérieurs comme un officier travailleur dont la conduite était inspirée par un « sens profondément moral de la justice et de la vérité ». Chappell fut nommé capitaine en 1838 et, deux ans plus tard, à bord du vapeur Archimedes, il fit le tour de la Grande-Bretagne en vue d’expérimenter le nouveau système de propulsion par hélice. Devenu un expert en matière de navigation à vapeur, il fut appelé à témoigner devant des comités de la chambre des Communes britannique et il donna des avis au Board of Trade sur la législation relative à ce domaine. Mis en demi-solde en 1841, il fut chargé d’administrer la Royal Mail Steam Packet Company qui exploitait un service de navires entre la Grande-Bretagne et les Antilles. Il quitta la marine en 1853 et fut promu contre-amiral en 1858, trois ans avant sa mort.

William H. Whiteley

Edward Chappell est l’auteur de Narrative of a voyage to Hudson’s Bay in his majesty’s ship Rosamond containing some account of the north-eastern coast of America and of the tribes inhabiting that remote region (Londres, 1817) ; Voyage of his majesty’s ship Rosamond to Newfoundland and the southern coast of Labrador [...] (Londres, 1818), qui fut aussi publié sous le titre de Reise nach Neufoundland und der sudlichen Kuste von Labrador [...] nebst einer Beschreibung der Insel Cuba, und besonders der Stadt Havanna im Jahre 1817 [...] (Jena, All., 1819) ; et Reports relative to Smith’s patent screw propeller [...] (Londres, 1840).— PRO, Adm. 9/24, 36/17 116, 37/919.— Somerset House (Londres), Principal Probate Registry, Letters of administration, Edward Chappell, 6 févr. 1861.— G.-B., Adm., The commissioned sea officers of the Royal Navy, 1660–1815, D. B. Smith et al., édit. (3 vol., s.l., [1954]), I : 160 ; Navy list, 1811–1861.— O’Byrne, Naval biographical dictionary (1849), 186s.— Quarterly Rev. (Londres), XVIII (1817–1818) : 199–223.

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William H. Whiteley, « CHAPPELL, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chappell_edward_9F.html.

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Auteur de l'article:    William H. Whiteley
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    2020
Date de consultation:    20 nov. 2024