CARON, CHARLES (il signait curieusement Charle Caront), cultivateur et homme politique, né le 3 janvier 1768 à Saint-Roch-des-Aulnaies, Québec, fils de Michel Caron et de Marie-Josephte Parent ; décédé le 30 janvier 1853 à Yamachiche, Bas-Canada.

Charles Caron est encore adolescent lorsque son père se rend au manoir seigneurial de Yamachiche solliciter 800 arpents de terre d’Elizabeth Wilkinson, future héritière usufruitière de Conrad Gugy*, seigneur de Grandpré, de Grosbois-Ouest et de Dumontier. L’affaire est conclue le 21 juillet 1783 pour la somme de £22 000, que Michel Caron remboursera en moins de quatre ans, procédant à son dernier et parfait paiement le 19 février 1787. Les lots qu’il obtient se situent dans la paroisse Sainte-Anne, à Yamachiche, à l’ouest du rang des Vide-Poche, dans ce qui deviendra bientôt le village des Caron. C’est là que comme huit de ses frères Charles Caron se fixe, consacrant les premières années de sa vie à défricher et à mettre en valeur le domaine familial.

On sait peu de chose cependant de l’activité de Caron comme cultivateur, sinon qu’il possède déjà 100 arpents de terre lorsqu’il épouse Marie-Françoise Rivard, à Yamachiche, le 24 février 1794. Au recensement de 1831, il déclare posséder 232 arpents de terre qu’il semble alors exploiter conjointement avec son fils Barthélemy, titulaire lui-même d’un lot voisin de 43 arpents. Ensemble, ils produisent 426 minots de blé et 600 minots d’avoine, et élèvent 22 bêtes à corne, 49 moutons, 18 porcs et 5 chevaux, ce qui les range parmi les plus gros producteurs du comté à l’époque. Quelque 10 ou 15 ans plus tard, Caron aura définitivement abandonné l’agriculture et cédé son exploitation à son fils Barthélemy et à François Ferron, fils de son proche voisin.

Comme plusieurs membres de sa famille, Caron se laisse tenter lui aussi par l’aventure politique. Celle-ci cependant est tardive et de courte durée. Stimulé sans doute par l’exemple de son beau-père Augustin Rivard (Rivard-Dufresne), premier codéputé de la circonscription de Saint-Maurice à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada en 1792, et par celui de ses deux frères Michel et François, qui avaient respectivement représenté la circonscription de 1804 à 1814 et de 1810 à 1814, il décide, à l’âge de 56 ans, de solliciter l’électorat. Élu aux élections générales de l’été de 1824 aux côtés de Pierre Bureau*, marchand de Trois-Rivières, il est défait à celles d’octobre 1830 par le notaire Valère Guillet, de Trois-Rivières, après avoir vécu, comme député, l’une des pires crises politiques de son époque, liée aux abus du gouvernement de lord Dalhousie [Ramsay*]. On ignore tout de son attitude pendant la rébellion du Bas-Canada ; peut-être se borna-t-il à participer à l’assemblée de comté tenue le 26 juillet 1837 sous la présidence de son frère François. Quoi qu’il en soit, il semble s’être retiré de la politique active cette année-là.

Outre Barthélemy, sept enfants naissent du mariage de Caron et de Marie-Françoise Rivard. Parmi eux, Charles-François (1795–1862) sera ordonné prêtre en 1822 et deviendra aumônier des ursulines de Trois-Rivières, Marie-Françoise (1810–1888) entrera chez les ursulines de Trois-Rivières en 1833 et sera élue deux fois supérieure générale, tandis que Victoire épousera André Gérin-Lajoie et sera la mère de Charles Gérin-Lajoie, député à Québec de 1863 à 1867, puis à Ottawa de 1874 à 1878.

Formé musicalement à l’école de Charles Ecuier*, curé de la paroisse Sainte-Anne, à Yamachiche, entre 1802 et 1820, Charles Caron fera partie pendant près de 50 ans des « Chantres de Machiche ». Il mourra aimé et respecté de tous, le 30 janvier 1853, après une courte agonie. Inhumé quatre jours plus tard dans l’église paroissiale, il aura droit à une longue et touchante notice nécrologique dans la Minerve.

Serge Courville

ANQ-MBF, CE1-52, 24 févr. 1794, 3 févr. 1853 ; CN1-60, 21 juill. 1783, 14 févr. 1794.— AP, Saint-Roch-des-Aulnaies, Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 4 janv. 1768.— La Minerve, 8 févr. 1853.— F.-J. Audet, les Députés de Saint-Maurice (1808–1838) et de Champlain (1830–1838) (Trois-Rivières, Québec, 1934).— Raphaël Bellemare, les Bases de l’histoire d’Yamachiche, 1703–1903 [...] (Montréal, 1901).— F.-L. Desaulniers, les Vieilles Familles d’Yamachiche (4 vol., Montréal, 1898–1908).

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Serge Courville, « CARON, CHARLES (Charle Caront) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/caron_charles_8F.html.

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Auteur de l'article:    Serge Courville
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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