CAMPBELL, ROBERT, potier et manufacturier, né en 1826 dans la paroisse de Tullanisken, dans le comté de Tyrone (Irlande du Nord) ; le 22 février 1845, il épousa Margaret Dillworth, et ils eurent quatre fils et quatre filles ; décédé le 3 janvier 1898 à Hamilton, Ontario.

Robert Campbell, tout comme son père, apprit le métier de potier dans le comté de Tyrone. Il immigra au New Jersey en 1846, puis s’installa six ans plus tard à Wellington Square (Burlington, Ontario). Il se lança en affaires avec son frère William, qui avait ouvert entre 1847 et 1851 un atelier de poterie de grès. En 1859 ou 1860, les deux frères s’établirent à Hamilton et y exploitèrent leur commerce sous la raison sociale de W. and R. Campbell. Ils remportèrent des prix pour leurs articles de poterie à l’exposition provinciale en 1864 et 1865. L’année suivante, ils mirent fin à leur association, mais chacun continua de mener ses affaires de son côté. Le commerce de Robert Campbell était connu sous le nom de Hamilton West Pottery au début des années 1870, puis sous celui de Hamilton Pottery, à partir de 1874. D’après une annonce publicitaire parue en 1875, son entreprise fabriquait des briques réfractaires pour les poêles ainsi que des articles d’argile cuite et de grès recouverts d’une glaçure « Rockingham » (brune), jaune, ou ocre.

Campbell figurait parmi les fabricants de poterie de l’Ontario les plus ouverts aux modes de production industrielle, groupe qui comprenait Franklin P. Goold et William Erastus Welding à Brantford, et les Hart à Picton. Grâce à l’introduction de matières et de méthodes de production nouvelles, ils firent d’une activité surtout artisanale une véritable entreprise de fabrication, comme le démontrèrent des potiers bien connus tels William Eby, de Conestogo, David Burns, de Holmesville, Valentine Boehler, d’Egmondville, et Jacob Ahrens, de Paris. L’installation de Campbell devint rapidement la plus grande manufacture de poterie à Hamilton et, vers les années 1890, au plus fort de la concurrence entre les fabricants canadiens d’articles moulés, l’entreprise commerciale de ce genre la plus importante du dominion. Elle se spécialisait dans la fabrication d’articles de restaurant, cuisine et salle de bain et produisait aussi des moulures, garnitures et carreaux décoratifs pour les poêles. À la différence d’autres manufactures de poterie dans la province, la Hamilton Pottery utilisait de l’argile du New Jersey et de la Pennsylvanie, qui permettait d’obtenir une qualité supérieure ; elle était donc en mesure de concurrencer les produits américains vendus au Canada. Grâce à ces types d’argile il était possible aussi de fabriquer des pièces dont la couleur se mariait bien à celle des glaçures que préférait Campbell, le jaune d’une teinte semblable à celle du jonc, et le brun Rockingham. On produisait de grandes quantités d’articles en utilisant des tours à calibre (moule tournant et outil servant à former les assiettes), des moules et des formes, ou en coulant un engobe, au lieu d’avoir recours à la technique traditionnelle de tournage à la main. Par l’utilisation de ces méthodes de travail, l’entreprise de Campbell ressemblait aux grandes manufactures de poterie de Grande-Bretagne et des États-Unis. La Hamilton Pottery présente aussi un intérêt additionnel du fait qu’il existe encore des photographies et des documents, dont des catalogues, qui donnent des renseignements précieux sur les techniques de fabrication utilisées et sur le type de pièces produites à cet endroit entre les années 1890 et 1947.

Réformateur politique et membre de la congrégation rattachée au temple méthodiste Main Street à Hamilton, Robert Campbell jouissait du respect des gens d’affaires de la ville. Il rédigea son testament en novembre 1897, et mourut le 3 janvier 1898, en laissant une succession évaluée à plus de 48 170 $. Campbell légua son entreprise à trois de ses fils, Robert Wesley, John Dilworth et Colin Cole, qui avaient formé la R. Campbell’s Sons deux jours avant le décès de leur père. En mai 1928, la Hamilton Pottery n’était plus sous la gouverne de la famille. Elle dut fermer en 1947 après qu’un incendie en eut détruit les installations.

David L. Newlands

AO, Coll. of photographs and docs., including catalogues, concerning the Hamilton Pottery ; RG 22, sér. 205, no 4511.— Hamilton Spectator, 3 janv. 1898.— Hamilton directory, 18751888.— J. E. Middleton et Fred Landon, The province of Ontario : a history, 1615–1927 (5 vol., Toronto, [1927–1928]), 3 : 256–257.— D. L. Newlands, Early Ontario potters : their craft and trade (Toronto, 1979).— D. [B.] Webster, Early Canadian pottery (Toronto, 1971).— D. L. Newlands, « The Hamilton pottery », Canadian Collector, 13 (1978), no 2 : 29–34.

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David L. Newlands, « CAMPBELL, ROBERT (1826-1898) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/campbell_robert_1826_1898_12F.html.

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Auteur de l'article:    David L. Newlands
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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