BURNS, ALEXANDER, ministre méthodiste, éducateur et administrateur scolaire, né le 12 août 1834 à Castlewellan (Irlande du Nord), fils de James Burns, menuisier, et d’Elizabeth McAdam ; décédé le 22 mai 1900 à Toronto.
Alexander Burns fréquenta l’école en Irlande jusqu’à ce que ses parents immigrent en Amérique du Nord britannique, en 1847. La famille résida tout d’abord à Québec puis, en 1850, elle se fixa à Toronto. Élevé dans la foi presbytérienne, Burns se convertit au méthodisme et devint membre de l’Église méthodiste wesleyenne en 1851, après avoir assisté aux revivals organisés par le révérend James Caughey à Toronto. Il apprit le tournage du bois dans le but de financer ses études complémentaires et, en 1855, il put s’inscrire au Victoria College de Cobourg, établissement d’obédience méthodiste. Étudiant travailleur et très doué, récipiendaire de la médaille d’or du prince de Galles, c’est lui qui prononça le discours d’adieu de sa promotion en 1861. L’année suivante, Burns se joignit au clergé méthodiste, et on l’envoya à l’essai à Stratford et à Drayton. Le 15 juin 1863, il épousa Sarah Andrews, la fille du meunier de Cobourg Thomas Andrews. Il reçut l’ordination en 1864.
Dès 1865, Burns avait acquis la réputation d’intellectuel méthodiste d’avenir. On lui offrit, cette année-là, la vice-présidence du Mount Allison Wesleyan College, au Nouveau-Brunswick, mais il déclina l’offre pour accepter un poste de vice-président et professeur de mathématiques et d’astronomie à l’Iowa Wesleyan College. En 1868, il devint président du Simpson College en Iowa, poste qu’il occuperait jusqu’en 1878. Au cours des années qu’il passa aux États-Unis, Burns était un conférencier très recherché dans les établissements d’enseignement et les milieux religieux ; en 1876, il fut également délégué de la Conférence de l’Iowa à la conférence générale de l’Église méthodiste épiscopale qui se tint à Baltimore, au Maryland.
Burns revint en Ontario en 1878 pour succéder à Samuel Dwight Rice* au poste de gouverneur et directeur du Wesleyan Female College de Hamilton. Il y enseigna la morale et l’histoire de la philosophie, la logique, les preuves du christianisme et les grandes œuvres de la littérature anglaise. Dans les milieux de l’enseignement, il avait alors acquis un certain renom. En 1869, l’Indiana University lui avait conféré un doctorat honorifique en théologie et, l’année de son retour en Ontario, le Victoria College lui en remit un autre en droit. Bientôt élu au « sénat » de la University of Toronto, il devint membre du conseil d’administration et du « sénat » du Victoria College.
Dès 1880, Burns, qui s’était déjà imposé dans les milieux universitaires et religieux, avait également démontré ses tendances nettement libérales dans de nombreux domaines. Soit qu’il ait été influencé par Samuel Sobieski Nelles* pendant ses études au Victoria College, soit qu’il ait été marqué par son séjour aux États-Unis à une époque d’effervescence sociale, ou encore par suite de ses nombreuses lectures, il était devenu, comme le nota en 1880 le journaliste et historien John Charles Dent*, le champion de « la suprématie de la raison en matière de théologie aussi bien que dans les affaires ordinaires de la vie » et il était d’avis qu’on « devrait éliminer de la théologie moderne tout ce qui répugne à la raison ». Dent concluait : « C’est un adversaire de l’incroyance, mais il croit [qu’il faut] combattre l’incroyance par des arguments tirés de la connaissance et de l’expérience humaines plutôt que par la suppression de l’examen libre et honnête. »
Étant donné la réputation de Burns, il est compréhensible que certains membres de l’Église méthodiste du Canada aient considéré sa prise de position en faveur de l’examen critique comme une menace pour l’orthodoxie évangélique. À la conférence de Londres, en 1882, il fut accusé d’hétérodoxie par le révérend David C. Clappison de la circonscription ecclésiastique de Brussels, en Ontario. Clappison, ministre depuis 1844, reprocha à Burns de s’écarter des normes doctrinales méthodistes sur trois points d’importance majeure, soit « l’égale inspiration des Écritures canoniques », « la théorie du rachat par substitution » et « la doctrine du tourment conscient éternel et la possibilité d’une probation après la mort ». Après de longues discussions qui se poursuivirent durant deux jours, la conférence conclut qu’après « avoir entendu les explications du Dr. Burns, [elle] les accept[ait] comme substantiellement conformes à [ses] canons sur l’inspiration des Écritures ».
Alexander Burns conserva tout de même son franc-parler sur les questions religieuses et politiques. Il affirmait avec conviction que ni les Églises ni les gouvernements ne devraient appuyer l’octroi de privilèges. Il défendait le libre-échange comme la libre pensée, se déclarait partisan des écoles publiques plutôt que séparées, préconisait, à la suite de Henry George, réformateur américain en matière d’économie, l’instauration de la taxe unique « dans la mesure du possible », s’opposait au maintien du Sénat et prônait l’autonomie politique de l’Irlande. Il s’exprima abondamment sur tous ces sujets, se porta candidat libéral à Hamilton aux élections fédérales de 1887 (mais fut battu par 169 voix) et fut délégué à l’Irish Race Convention qui eut lieu à Dublin en 1896. Grand partisan de l’enseignement supérieur pour les femmes, il dirigea sans succès un mouvement qui réclamait la création à Hamilton d’une université réservée aux femmes. C’est peut-être à cause du faible appui reçu dans ce combat qu’il mit fin à son association avec le Wesleyan Ladies’ College en 1897 et qu’il se retira à Toronto. Même s’il n’était plus le pasteur d’une congrégation, il continua à prêcher dans diverses églises et apporta un soutien actif au Muskoka Cottage Sanatorium de Gravenhust, centre de traitement des victimes de la tuberculose. Burns mourut chez lui, à Toronto, le 22 mai 1900, de ce qu’on a décrit comme un « rhumatisme inflammatoire ».
UCC-C, Biog. files.— Methodist Church of Canada, London Conference, Journal of proc. (Toronto), 1882.— Evening News (Toronto), 23 mai 1900.— Globe, 23 mai 1900.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Commemorative biog. record, county York.— Dent, Canadian portrait gallery.
A. B. McKillop, « BURNS, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/burns_alexander_12F.html.
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Auteur de l'article: | A. B. McKillop |
Titre de l'article: | BURNS, ALEXANDER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |