BRUNET, WILFRID-ÉTIENNE (baptisé Étienne-Wilfrid), pharmacien et homme politique, né le 21 octobre 1832 à Québec, fils de Jean-Olivier Brunet, négociant, et de Cécile-Adélaïde Lagueux ; le 24 juin 1857, il épousa à Charlesbourg, Bas-Canada, Victoria Duberger, petite-fille de Jean-Baptiste Duberger*, et ils eurent 12 enfants ; décédé le 7 mars 1899 dans sa ville natale.

Après avoir étudié au petit séminaire de Québec de 1841 à 1850, Wilfrid-Étienne Brunet entreprend le 1er août 1850 un stage de cinq ans en chimie et en pharmacie auprès du pharmacien Pierre-O. Giroux, son beau-frère. En 1855, ce dernier fonde une pharmacie rue Saint-Pierre et cède à Brunet celle qu’il possédait rue Craig (rue du Pont), dans le quartier Saint-Roch. Outre un « assortiment complet des meilleures drogues », Brunet offre « toutes les variétés possibles d’articles de Fantaisie, de Toilette, Médecines à Patentes, Perfumerie » et s’engage à préparer avec soin « toutes les prescriptions des médecines ». L’année suivante, avec le support financier de sa mère, Brunet acquiert moyennant £600 l’édifice où loge la pharmacie.

Le 8 mai 1858, Brunet reçoit une licence de chimiste et de pharmacien. Ses affaires vont bon train, puisqu’en 1861 il a un apprenti et deux engagés à son service. Dix ans plus tard, le recenseur signale la présence chez lui de trois servantes, d’un domestique et de quatre employés. Aussi pense-t-il à loger son commerce florissant dans des locaux plus spacieux. Le 29 juillet 1872, il achète au coût de 3 000 $ un terrain à l’angle des rues Saint-Joseph et Sainte-Anne (rue de la Chapelle). L’année suivante, il y fait construire un édifice en pierre et en brique de trois étages. Cette construction, qui lui coûte 18 000 $, abrite la pharmacie à partir de 1874, et sert aussi de résidence familiale. Par leur architecture, leurs décorations somptueuses et leurs dimensions importantes, les nouveaux locaux attirent l’attention. Certains n’hésitent pas à les comparer avec ce qu’il y a de mieux à l’époque au Canada. Le 1er mai 1879, Brunet associe son fils Wilfrid-Jean-Baptiste, pharmacien lui aussi, à son entreprise sous la raison sociale de W. Brunet et Compagnie. Cinq ans plus tard, un autre de ses fils, Georges-Henri, qui exerce également le métier de pharmacien, se joint à l’équipe. En 1881, Brunet fait partie de l’Association pharmaceutique de la province de Québec et agit à titre d’examinateur.

Outre son commerce et l’achat de quelques propriétés foncières, Brunet s’intéresse à la politique. En février 1876, il devient conseiller du quartier Saint-Roch, poste qu’il occupe un an ou deux tout au plus. Il contribue par ailleurs à la fondation du journal libéral l’Électeur en 1880.

Wilfrid-Étienne Brunet meurt en 1899 dans la maison qu’il avait acquise en 1888 à la haute ville, rue Sainte-Ursule. La plupart des notables de Québec, spécialement des quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur, se font un point d’honneur d’assister à ses funérailles. Neuf de ses enfants lui survivent. Malgré une santé délicate, Brunet a su bâtir un établissement prospère. Il fut un des pionniers du commerce à Saint-Roch et contribua à faire de la rue Saint-Joseph une artère commerciale importante. Dans son testament, il a pris des dispositions qui visaient à assurer la survie de sa pharmacie afin qu’« elle se perpétue autant que possible dans la famille des Brunet ». Ce vœu s’est réalisé jusqu’au milieu du xxe siècle. Même si aujourd’hui la compagnie porte encore son nom, elle n’appartient plus à ses descendants.

Rénald Lessard et Michel Simard

AC, Québec, État civil, Catholiques, Saint-Roch, 11 mars 1899 ; Minutiers, É.-J. Angers, 24 juin 1873 ; Jacques Auger, 29 juill. 1872 ; J.-A. Charlebois, 2 nov. 1878, 3 nov. 1883 ; Philippe Huot, 20 juin 1857, 27 févr. 1871 ; Louis Leclerc, 9 janv. 1874 ; John Strang, 21 juin 1873, 31 juill. 1874.— AN, RG 31, C1, 1851, 1861, 1871, Québec.— ANQ-Q, CE1-1, 22 oct. 1832 ; CE1-7, 24 juin 1857 ; CN1-128, 22 juill. 1856, 21 mai 1863 ; CN1-208, 8 oct. 1848, 6 juin 1851 ; T11-1/29, no 2348 ; T11-1/445, 2 : 133 ; 3 : 286.— ASQ, Fichier des anciens.— AVQ, Conseil, conseil de ville, procès-verbaux, 1875–1876 ; Finances, bureau du trésorier, livres de comptes, 1875–1878.— BE, Québec, reg. B, 194 : 903–906 ; 197 : 667–669.— Le Canadien, 27 avril 1855.— Le Journal de Québec, 26 mai 1855.— Le Soleil, 8, 11 mars 1899.— Grand Annuaire de Québec pour 1881, Ovide Fréchette, édit. (2e éd., Québec, 1980), 98.— Quebec & Levis directory, 1892–1893.— J.-C. Gamache, Histoire de Saint-Roch de Québec et de ses institutions, 1829–1929 (Québec, 1929), 106–108.— L’Événement, 9 juin 1955.

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Rénald Lessard et Michel Simard, « BRUNET, WILFRID-ÉTIENNE (baptisé Étienne-Wilfrid) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/brunet_wilfrid_etienne_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    16 nov. 2024