BLAKE, WILLIAM RUFUS, acteur et directeur de théâtre, baptisé le 5 décembre 1802 à Halifax, Nouvelle-Écosse, fils aîné de William Blake et de Charlotte Herring ; en août 1826, il épousa Caroline Waring (née Placide), une actrice, qui lui donna un fils ; décédé le 22 avril 1863 à Boston, Massachusetts.

Né de parents irlandais, William Rufus Blake était connu pour son humour savoureux et ses talents de conteur. On dit que sa mère, devenue veuve, l’incitait à entreprendre une carrière médicale, mais il choisit plutôt de faire du théâtre. Il joua d’abord à Halifax, de 1817 à 1819, avec une troupe de comédiens américains en tournée, au sein de laquelle se trouvait Thomas Placide. Les disputes internes et l’échec financier de la troupe, de même que l’indifférence de la presse à l’endroit de Blake, ne furent certes pas de nature à l’encourager. En 1824, il possédait néanmoins assez de métier pour faire ses débuts au Chatham Garden Theatre, qui venait d’ouvrir ses portes à New York. Au cours des sept années qui suivirent, le jeune acteur se produisit sur plusieurs scènes de cette ville, effectua des tournées pendant quelque temps et, à titre de régisseur, il s’occupa de l’ouverture de la saison du Tremont Theatre, à Boston en 1827, et du Walnut Street Theatre, remis à neuf, à Philadelphie en 1829. À l’été de 1831, il eut la vedette avec sa femme lorsque la troupe Vincent DeCamp joua à Montréal et à Québec, puis il retourna dans sa ville natale pour ouvrir un théâtre et organiser une troupe.

À Halifax, Blake loua l’unique théâtre de la ville, un immeuble bâti depuis trois ans et appelé simplement « The Theatre ». Après avoir restauré l’édifice, il y présenta un répertoire varié de comédies, de mélodrames et de farces provenant de théâtres londoniens et américains. Peu nombreux mais aptes à interpréter les rôles les plus divers, les membres de cette troupe étaient tous des Américains, auxquels se joignaient parfois des officiers britanniques en garnison et des acteurs de passage. Le talent et l’enthousiasme des acteurs ainsi que le prix élevé des billets imposèrent d’emblée le respect et assurèrent le succès du théâtre. Pour l’ouverture de la seconde saison, on apporta d’autres améliorations à l’immeuble, et la troupe s’adjoignit de nouveaux membres ; la « section féminine » fut jugée « égale à celle de n’importe quelle troupe des États-Unis ». Quant à Blake, la Boston Gazette affirma qu’il était « avantageusement connu du public comme acteur de premier ordre dans la comédie légère ».

Les perspectives d’avenir étaient excellentes, mais le théâtre aboutit néanmoins à la faillite. Les citoyens prêts à encourager l’art dramatique n’étaient pas assez nombreux. En outre, la crainte de l’épidémie de choléra qui venait des États-Unis et la nouvelle crise économique qui éclata durant l’hiver 1832–1833 firent diminuer l’assistance. Blake contribua lui-même à cet échec par une administration extravagante, comme en témoigne l’ampleur de ses nouvelles productions. À la fermeture du théâtre, en juin 1833, « une grande quantité de décors magnifiques [...] et une vaste garde-robe de costumes élégants » furent mis en vente ; une mise en scène, dit-on, avait coûté £85. L’extravagance de Blake apparut encore dans la somptuosité qui caractérisa la décoration intérieure de l’Olympic Theatre de New York ; construit pour lui et Henry E. Willard en 1837, ce théâtre fut qualifié de « salon de l’élégance », et Blake en fut le directeur de septembre 1837 jusqu’en février 1838.

À part les années 1839 et 1840, au cours desquelles il fit des tournées en Grande-Bretagne et, en une occasion, se produisit sans succès sur la scène londonienne, Blake passa les dernières années de sa carrière aux États-Unis. À Boston, New York et Philadelphie, il fut en même temps acteur et régisseur, notamment au Walnut Street Theatre, pour la seconde fois, de 1845 à 1848, et au Burton’s Old Broadway Theatre de New York, de 1848 à 1852. Dans la dernière décennie de sa vie, il abandonna ses fonctions de directeur et il joua dans les troupes américaines les plus réputées de l’époque, celles de Wallack et de Laura Keene ; on dit que ses cachets étaient parmi les plus élevés de ceux que touchaient les comédiens de New York. Blake fut l’un des premiers acteurs de son temps et, au cours d’une carrière qui dura 40 ans, il fréquenta les personnalités les plus importantes dans le monde du théâtre en Amérique.

Mince et de belle apparence dans sa jeunesse, Blake joua les rôles de jeunes premiers dans des comédies légères. Devenu plus corpulent vers la fin des années 30, il interpréta des personnages âgés. Plusieurs de ses contemporains affirmaient qu’il n’avait pas son pareil dans les rôles de vieillards comiques et sentimentaux, comme Geoffrey Dale dans The last man, Jessé Rural dans Old heads and young hearts, lord Duberly dans The heir at law, Old Dornton dans The road to ruin et sir Peter Teazle dans The school for scandal. On disait de lui qu’il était « l’incarnation même de la gaieté et de l’humour ».

S. Buggey

Les journaux canadiens constituent presque l’unique source de renseignements concernant les séjours de Blake au Canada. On trouve quelques brèves allusions entre 1817 et 1819 à ses activités dans les journaux suivants publiés à Halifax : Acadian Recorder, Free Press, Halifax Journal, Nova Scotia Royal Gazette, et Weekly Chronicle ; ses activités théâtrales à Halifax font l’objet de mentions plus longues dans les journaux de Halifax de 1831 à 1833 dont les noms suivent : l’Acadian and General Advertiser, l’Acadian Recorder, le Halifax Journal et le Novascotian. La Montreal Gazette et le Quebec Mercury contiennent des mentions et des commentaires relatifs à sa tournée au Canada de juillet à septembre 1831. L’Age de Londres, d’avril à juillet 1839, nous renseigne sur son séjour dans cette ville. L’Acadian Recorder du 2 mai 1863 contient une notice nécrologique de Blake.  [s. b.]

St Paul’s Anglican Church (Halifax), register of baptisms, 1791–1816 (mfm aux PANS).— DAB.— T. A. Brown, A history of the New York stage, from the first performance in 1732 to 1901 (3 vol., New York, 1903).— W. W. Clapp, A record of the Boston stage (Boston et Cambridge, Mass., 1853 ; réimpr., New York et Londres, [1968]).— J. N. Ireland, Records of the New York stage front 1750 to 1860 (2 vol., New York, 1866 ; réimpr., 1966).— S. B. Smith, The Walnut Street Theatre, 1809–1834 (thèse de m.a., University of Delaware, Newark, 1960), 72–74.— Lester Wallack, Memories of fifty years (New York, 1889).— A. H. Wilson, A history of the Philadelphia theatre, 1835 to 1855 (Philadelphie et Londres, 1935 ; réimpr., New York, 1968).— [Joseph Jefferson], The autobiography of Joseph Jefferson, Century Illustrated Monthly Magazine (New York), XXXIX (1889–1890) ; XL (1890).

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S. Buggey, « BLAKE, WILLIAM RUFUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/blake_william_rufus_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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