BERTHIER, ISAAC, prénommé ALEXANDRE après 1665, capitaine au régiment de l’Allier et souvent dit capitaine au régiment de Carignan, seigneur, né en 1638 à Bergerac, évêché de Périgueux, de Pierre Berthier et Marguerite Bariac, décédé en sa seigneurie de Bellechasse en 1708.

Nous possédons peu de renseignements sur Isaac Berthier avant son arrivée en Nouvelle-France. Sa promotion dans l’armée fut rapide, car c’est à la tête de sa propre compagnie qu’il débarqua à Québec le 30 juin 1665, il faisait alors partie des troupes amenées des Antilles par Prouville* de Tracy.

Quelques mois après son arrivée, le huguenot Isaac Berthier embrassa la religion catholique. À cette occasion, il changea vraisemblablement de prénom et adopta celui d’Alexandre, ce qui a amené quelques historiens à croire en la présence de deux capitaines Berthier au Canada. Il est permis d’en douter. Les deux seules mentions d’Isaac Berthier sont en effet de 1665 ; elles sont contenues dans un contrat de mariage passé à Québec le 12 août 1665, auquel il signa comme témoin, et dans le registre des abjurations de l’archevêché de Québec à la date du 8 octobre 1665. Par la suite, on ne rencontre plus ce nom. Quant à Alexandre Berthier, son nom apparaît pour la première fois au « Registre des confirmations » de l’archevêché de Québec, le 1er mai 1666. Dans sa correspondance avec Colbert, Talon* ne parle que du « sieur Berthier » ; s’il y avait eu deux capitaines Berthier, l’intendant n’aurait pas manqué de préciser s’il s’agissait d’Isaac ou d’Alexandre. C’est toutefois l’acte de mariage d’Alexandre fils (Notre-Dame de Québec, 4 octobre 1702) qui apporte la meilleure preuve : on y lit qu’Alexandre père est « ancien capitaine du régiment de l’aliers », régiment auquel appartenait Isaac Berthier. Nous serions donc en présence d’un seul personnage.

Cantonné avec ses hommes à Québec durant l’hiver de 1665–1666, puis nommé commandant au fort de l’Assomption (Saint-Jean, Québec), le capitaine Berthier est ensuite chargé de diriger, avec Pierre de Saurel*, l’arrière-garde des troupes durant l’expédition de Prouville de Tracy contre les Agniers à l’automne de 1666. De retour en France avec les soldats du régiment de Carignan, il revient au Canada en 1670 et y épouse à la paroisse de Notre-Dame de Québec, le 11 octobre 1672, Marie Legardeur de Tilly, sœur de Catherine, épouse depuis 1668 de Pierre de Saurel. Dix-huit jours plus tard, il reçoit de Talon la seigneurie de Bellechasse (Berthier-en-bas) et achète, l’année suivante, celle du sieur Hugues Randin* (Berthier-en-haut ou Villemur), qu’une concession subsequente agrandit considérablement. Entre-temps, il avait participé à deux expéditions chez les Iroquois.

Après 1674, il se consacre surtout à l’agriculture et au peuplement de ses seigneuries. Les données du recensement de 1681 indiquent qu’il est le plus important cultivateur du fief de Villemur. La même année, un mémoire de Frontenac [Buade*] signale qu’il a, avec plusieurs associés, « cinq canots et dix hommes en traite dans les bois ». Quelque temps après, il va s’établir dans sa seigneurie de Berthier-en-bas et c’est comme capitaine de rnilice de la dite seigneurie qu’il dirige sa propre compagnie lors de l’expédition de Brisay de Denonville contre les Tsonnontouans en 1687.

Sans être un personnage de premier plan, Berthier jouissait d’une certaine considération puisque les autorités le convoquaient aux assemblées de notables. À la réunion organisée par Frontenac en 1678 pour discuter de la traite de l’eau-de-vie, il se prononça, avec son beau-frère, Pierre de Saurel, en faveur de ce commerce. Le seigneur Berthier a aussi participé au conseil de guerre de Québec en 1682. Il n’est donc pas étonnant que Le Febvre* de La Barre ait songé à le proposer au poste de gouverneur de Montréal en 1683.

Il mourut à Berthier-en-bas à la fin de l’année 1708. Cinq ans avant sa mort, il avait légué tous ses biens à sa bru, Marie-Françoise Viennay-Pachot, veuve d’Alexandre fils ; à sa mort, il lui laissait en outre le fardeau d’un procès vieux de 24 ans qu’il avait intenté contre la seigneuresse de la Rivière-du-Sud (Montmagny, Québec), Geneviève Després, à propos des limites de leurs seigneuries.

Ulric Lévesque

AJQ, Greffe de Louis Chambalon, 3 juin 1699 ; 18 juin 1704.— AQ, NF, Cahiers d’intendance, I : 6, ff.238–243 ; I : 7, ff.310–319.— Correspondance de Frontenac (1672–1682), RAPQ, 1926–27 123.— Correspondance de Talon, RAPQ, 1930–31 39, 45, 61.— Découvertes et établissements des Français (Margry), I : 407s.— Jug. et délib., passim.— JR (Thwaites), L : 140 ; LXII : 156.— Recensernent du Canada, 1681 (Sulte).— Caron, Inventaire de documents, RAPQ, 1939–40 : 207.— A. Roy, Inv. greffes not., XVIII : 347s. ; XIX : 121.— P.-G. Roy, Inv. concessions, II : 179–183,187–189 ; Inv. ord. int., I : 38, 68s.— Claude de Bonnault, Le Canada militaire, RAPQ, 1949–51 : 275, 333.— R. Roy et G. Malchelosse, Le Régiment de Carignan.— Sulte, Mélanges his toriques (Malchelosse), VIII.— La famille Berthier, BRH, XX (1914) : 379s.— Berneval, Régiment de l’Allier, NF, V (1930) : 316.— Amédée Gosselin, Les deux capitaines Berthier, BRH, IX (1903) : 310s.— A. Moreau, Le capitaine Berthier, BRH, IX (1903) : 273s.— P.-G. Roy, Les deux capitaines Berthier, BRH, IX (1903) : 56–58 ; La mort de M. de Berthier, BRH, XXII (1916) : 209s. ; La seigneurie de Bellechasse ou Berthier, BRH, XXVII (1921) : 65–74.— Régis Roy, Isaac et Alexandre Berthier, capitaines au régiment de Carignan, MSRC, VII , sect. i : 125–137.— H. Têtu, Les abjurations à Québec en 1665, BRH, XI (1905) : 26.

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Ulric Lévesque, « BERTHIER, ISAAC (Alexandre) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/berthier_isaac_2F.html.

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Auteur de l'article:    Ulric Lévesque
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    21 nov. 2024