BENNING, CLEMENT PITT, marchand, entrepreneur en bâtiment, homme politique et magistrat, né en 1785 vraisemblablement en Grande-Bretagne ; il épousa Susan Penny de St Jacques, Terre-Neuve, dont il eut au moins deux fils et trois filles ; décédé le 30 mai 1865 à Burin, Terre-Neuve.

Les origines et l’enfance de Clement Pitt Benning sont obscures. En 1804, il alla s’installer à la baie de Plaisance, Terre-Neuve, comme agent de la firme de William Spurrier de Poole, Angleterre. Vraisemblablement anglican à l’origine, Benning se convertit au catholicisme, probablement à l’époque de son mariage. Après la banqueroute en 1829 de la firme de Spurrier, qui était protestant, Benning se lança dans la pêche commerciale, ayant ses propres bateaux à Burin. Plus tard, il devint entrepreneur en bâtiment et travailla à la construction et réparation des édifices gouvernementaux dans plusieurs localités à travers le district. Dans les années 1840, il s’associa aussi, dans l’entreprise conjointe d’un service de traversier entre Burin et Plaisance, avec la famille Falle, les plus riches négociants protestants non anglicans de la région.

Benning se mêla aussi de la vie politique de la colonie. En 1831, il fut nommé gardien de la paix pour les districts de Burin et de Plaisance. Aux élections de 1842, Benning, marchand local, eut comme adversaire au siège de Burin à l’Assemblée une faction de St John’s conduite par Henry David Winton*, directeur du Public Ledger, et principal critique de l’influence du clergé catholique dans la vie politique de l’île. Benning remporta la victoire. Ayant choisi de ne pas se présenter en 1848, Benning fut candidat libéral dans Burin quatre ans plus tard, cette fois encore contre Winton.

L’élection de 1852 dans Burin était importante pour le parti libéral. Son alliance ouverte avec l’Église catholique, qui appuyait sa campagne en faveur du gouvernement responsable, concourut à donner au mouvement une allure sectaire. Le parti conservateur, solidement retranché dans tous les districts anglicans, s’opposa au gouvernement responsable comme étant un complot catholique pour acquérir de l’ascendant et tenta d’embrigader les protestants contre la campagne réformiste, qui fut décrite comme une lutte purement religieuse. Les libéraux se rendirent compte de l’urgence d’obtenir l’appui protestant, et cette tâche leur fut nettement imposée vers la fin de 1851 quand le gouvernement britannique rejeta le gouvernement responsable parce qu’aucune « opinion prépondérante » ne s’était exprimée en faveur d’un tel changement. Les libéraux comprirent ainsi qu’ils avaient besoin de gagner l’appui des protestants non anglicans et, par conséquent, en 1852, se devaient de faire élire des candidats dans une ou deux des deux seules circonscriptions qui n’avaient pas de majorité ni catholique ni anglicane. Dans le comté de baie de la Conception, qui élisait quatre députés, il existait une entente de vieille date entre les catholiques, les anglicans et les méthodistes wesleyens pour partager les sièges équitablement entre eux, mais dans la circonscription de Burin, qui avait droit à un seul député, où les wesleyens détenaient la balance du pouvoir, un tel pacte n’existait pas. Ce comté pouvait alors être vraiment considéré comme la clé du mouvement en faveur du gouvernement responsable.

Benning était le candidat tout désigné pouvant attirer à la fois les catholiques et les protestants dissidents. Il s’était rallié au mouvement autonomiste vis-à-vis de l’Église d’Angleterre, qui avait commencé à se dessiner à Terre-Neuve dans les décennies précédentes, particulièrement dans le district de Burin. Au cours de sa carrière, il eut des relations avec le monde des affaires protestant, telles les familles Spurrier et Falle. Aussi bien, le district de Burin était-il relativement libre de l’influence conservatrice des marchands de St John’s. Anglicans et wesleyens s’y étaient brouillés publiquement au sujet des demandes de ces derniers pour l’obtention du droit de baptiser, marier et ensevelir leurs coreligionnaires et d’avoir leurs propres écoles.

Benning fut élu et, à l’Assemblée, se joignit aux libéraux et aux wesleyens en se faisant le champion de l’instruction, de la redistribution de la carte électorale et du gouvernement responsable. Il fut réélu en 1855 et fit partie de la majorité libérale qui inaugura le premier gouvernement responsable de l’histoire de Terre-Neuve. Il se retira de la politique avant les élections de 1859 pour exercer la fonction de magistrat « stipendiaire » à Lamaline. Il mourut à Burin, six ans plus tard.

John P. Greene

Methodist Missionary Soc. Archives (Londres), Incoming correspondence, Newfoundland, 1843–1844, 1851–1852 (mfm aux PANL).— PANL, GN 2/1, 1804–1864 ; 2/2, 1825–1859, 1863–1864.— T.-N., House of Assembly, Journal, 1843–1848, 1853–1859.— Morning Courier and General Advertiser (St John’s), 1853, 1855.— Newfoundlander, 1842–1848, 1852–1853, 1855.— Newfoundland Indicator (St John’s), 1844.— Newfoundland Vindicator (St John’s), 1842.— Patriot (St John’s), 1852–1853, 1855.— Public Ledger (St John’s), 1842–1848, 1852–1853, 1855.— Greene, Influence of religion in the politics of Nfld., 1850–61.— E. A. Wells, The struggle for responsible government in Newfoundland, 1846–1855 (thèse de m.a., Memorial University of Newfoundland, St John’s, 1966).

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John P. Greene, « BENNING, CLEMENT PITT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 26 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/benning_clement_pitt_9F.html.

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Auteur de l'article:    John P. Greene
Titre de l'article:    BENNING, CLEMENT PITT
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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