BARRY, ROBERT, prédicateur laïque méthodiste, instituteur, marchand, fonctionnaire et juge de paix, né vers 1759 à Kinross, Écosse, fils de John Barry ; en mai 1789, il épousa dans le Delaware Mary Jessop, et ils eurent cinq fils et six filles ; décédé le 3 septembre 1843 à Liverpool, Nouvelle-Écosse.

Né en Écosse, Robert Barry grandit à Fratton, en Angleterre, où son père, petit commerçant, le prépara aux affaires. Comme il le raconta ultérieurement, il fut attiré dans sa jeunesse par l’évangélisme méthodiste. Vers 1774, après avoir été enrôlé de force, il traversa l’Atlantique comme marin, mais une fois parvenu au port de New York il réussit à s’enfuir. On sait peu de chose sur la vie qu’il mena dans cette ville, sinon qu’il appartint à une société commerciale, qu’il fut l’ami du révérend Charles Inglis*, rector de l’église Trinity (où il fréquentait les sacrements), et qu’il assista aux offices méthodistes à l’église John Street. Ce temple, érigé en 1768, fut le premier bâtiment en Amérique du Nord voué dès sa construction au méthodisme. C’est là, dit-on, que Barry devint prédicateur laïque, ce qu’il devait demeurer toute sa vie.

Au printemps de 1783, certains des méthodistes les plus en vue de l’église John Street, dont Barry, quittèrent New York avec des milliers de loyalistes pour se rendre à Fort Roseway (Shelburne, Nouvelle-Écosse). Contrairement à la plupart de ces réfugiés, qui finirent par s’installer ailleurs, Barry décida de rester à Shelburne. Il y enseigna durant deux ans puis s’associa à son unique frère, Alexander, qui vivait à Portsmouth, en Angleterre. Leur compagnie, la A. and R. Barry, se lança dans le commerce du poisson, du bois, du sucre et du rhum avec les Antilles. Elle transportait aussi des tonnes de produits agricoles à partir de l’isthme Chignecto jusqu’à Halifax et St John’s, et importait de Londres des marchandises sèches britanniques pour les vendre en Nouvelle-Écosse. Une petite flotte, dont les bateaux appartenaient totalement ou en partie aux deux frères, approvisionnait les magasins que la compagnie exploitait à Shelburne, à Liverpool, au détroit de Canso et à Dorchester (Nouveau-Brunswick). Après la dissolution de la compagnie en 1810, Barry se fixa à Liverpool et y établit un commerce, tout en conservant à Shelburne son magasin et ses intérêts de transporteur maritime. Quatre de ses fils l’assistaient, qui fondèrent à leur tour leurs propres magasins à Halifax. L’un d’eux, John Alexander*, accrut le prestige de la famille en épousant en 1814 une fille du surintendant méthodiste William Black* et en devenant en 1827 député de la circonscription de Shelburne. Robert Barry, de son côté, servit à titre de juge de paix et on le nomma en 1817 à la Cour des commissaires, autorisée à statuer en procédure sommaire sur les petites réclamations. Il se joignit à des organisations du comté de Queens, telles la société d’agriculture, la société de tempérance et la société biblique, et fut membre de l’exécutif de la Wesleyan Methodist Missionary Auxiliary Society. Il menait ses affaires avec « probité, intégrité et franchise » ; en 1834, le missionnaire méthodiste Robert Cooney* le qualifiait de « magistrat droit et intelligent ».

Disciple de John Wesley, Barry, tout comme Simeon Perkins*, fut l’un de ces marchands qui contribuèrent largement à consolider le méthodisme en Nouvelle-Écosse, tant en jouant un rôle de meneurs qu’en rehaussant la respectabilité du mouvement. Class leader et prédicateur laïque à Shelburne, point d’attache du ministre méthodiste James Man*, il aida en outre la cause de la secte sur la côte sud en collaborant à la construction de temples à Shelburne, à Barrington et à Sable River, ainsi que d’un autre près de Liverpool, destiné à des Noirs. En 1783, après une visite du surintendant Black à Shelburne, il avait entrepris une correspondance avec John Wesley. Leurs lettres fournissent des indices utiles sur les liens qui unissaient les méthodistes des deux côtés de l’Atlantique ; elles donnent également des aperçus de la communauté méthodiste de Shelburne et montrent le fervent attachement de Barry pour la doctrine de son maître. De plus, elles révèlent combien les méthodistes néo-écossais étaient déchirés entre la fidélité à l’Église d’Angleterre, à laquelle Wesley les exhortait, et l’acceptation de prédicateurs comme Freeborn Garrettson*, de l’Église méthodiste épiscopale des États-Unis.

Sur le plan profane, Robert Barry fut de ces marchands loyalistes qui surent se créer une belle situation en Nouvelle-Écosse. Son zèle pour la cause méthodiste lui inspira un attachement spirituel particulier pour la colonie. Il l’aida aussi à s’intégrer, par des relations d’affaires choisies, au milieu commerçant d’alors, ce qui lui permit de rester en contact avec un monde plus vaste, celui des wesleyens d’outre-Atlantique et d’Amérique. Sa vie illustre de façon concrète l’effet dynamique que l’évangélisme protestant eut sur la formation de la société de l’est du Canada.

Allen B. Robertson

En plus des sources mentionnées ci-bas, nous avons consulté les archives de la Nova Scotia Court of Probate pour les comtés de Queens (Liverpool) et Shelburne et les Registry of Deeds pour les comtés de Halifax, Hants (Windsor), Queens et Shelburne ; ces archives sont disponibles sur microfilm aux PANS.

PANS, MG 1, 120, 817 ; MG 3, 306 ; MG 100, 170, doc. 13 (copies) ; RG 34–321.— UCC, Maritime Conference Arch. (Halifax), Black-McColl papers, John Wesley letters, Wesley à Robert Barry, 15 sept. 1786 ; Granville Ferry Methodist Church (Granville Ferry, N.-É.), board of trustees, minutes, 1887–1913, copie de lettre, John Wesley à Robert Barry, 4 juin 1790.— The Newlight Baptist journals of James Manning and James Innis, D. G. Bell, édit. (Saint-Jean, N.-B., 1984).— John Wesley, The letters of the RevJohn Wesley [...], John Telford, édit. (8 vol., Londres, 1931 ; réimpr., [1960]), 7 : 225, 254 ; 8 : 12.— Christian Messenger, 1843.— Nova-Scotia Royal Gazette, 1802, 1806, 1812, 1814–1816, 1820–1821, 1824.— Times (Halifax), 1843.— G. A. Rawlyk, Ravished by the spirit : religious revivals, Baptists, and Henry Alline (Kingston, Ontario, et Montréal, 1984). A. B. Robertson, « Loyalist, Methodist, merchant – Robert Barry – from refugee to Nova Scotian » (thèse de m.a., Acadia Univ., Wolfville, N.-É., 1984). Marion Robertson, King’s bounty : a history of early Shelburne, Nova Scotia [...] (Halifax, 1983). Smith, Hist. of Methodist Church.

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Allen B. Robertson, « BARRY, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/barry_robert_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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